Spatial : Astroscale grandit à Toulouse après avoir lancé son premier satellite d'inspection de débris

La société japonaise Astroscale vient d'envoyer son premier satellite en orbite pour aller inspecter un débris et espère, dans quelques années, pouvoir désorbiter ce type d'objets encombrant l'espace. Le succès de la mission pourrait accélérer le développement de la startup à Toulouse, avec une dizaine de salariés recrutés en quelques mois et le projet de fabriquer en France un satellite pour nettoyer l'espace.
La société japonaise Astroscale vient d'envoyer son premier satellite pour inspecter un débris.
La société japonaise Astroscale vient d'envoyer son premier satellite pour inspecter un débris. (Crédits : Astroscale)

Le Japonais Astroscale vient d'accomplir une première mondiale. La startup a annoncé lundi avoir envoyé en orbite, depuis un lanceur de RocketLab en Nouvelle-Zélande, un satellite chargé d'approcher et de caractériser un imposant débris spatial.

Il s'agit de l'étage intermédiaire d'une fusée japonaise H2A lancée en 2009 et qui, désormais, flotte dans l'espace sans système actif à bord, ni possibilité d'envoyer sa position GPS. Le satellite japonais Adras-J va donc s'appuyer sur des informations fournies depuis des stations au sol pour repérer le débris et s'en approcher le plus possible.

« Les rendez-vous en orbite existent depuis très longtemps puisque c'est la seule manière pour les astronautes d'entrer dans la station spatiale internationale. Mais la difficulté dans ce cas, c'est que le débris dérive de manière incontrôlée : il tourne dans tous les sens, sur plusieurs axes et à des vitesses différentes sur chacun des axes. La mission va permettre d'étudier de façon très fine les mouvements du débris, avant une deuxième mission qui partira d'ici deux à quatre ans avec un bras robotique pour accrocher le débris et le désorbiter », explique Philippe Blatt, directeur général d'Astroscale France.

Prolifération de débris spatiaux

Ce type d'opération devient nécessaire au vu de la prolifération exponentielle du nombre de débris en orbite. Plus de 36.000 objets de plus de dix centimètres encombrent l'espace d'après l'Agence spatiale européenne. Tous les débris spatiaux représentent une masse de 9.300 tonnes, l'équivalent du poids de la Tour Eiffel.

Astroscale fait figure de pionnière puisque l'entreprise a commencé à s'intéresser à la question des débris spatiaux il y a plus de dix ans, à une époque où le sujet restait assez confidentiel et cantonné au niveau des agences spatiales. Avec l'arrivée de constellations de dizaines de milliers de satellites comme Starlink ou Kuiper, l'urgence de parer aux risques de collisions devient d'autant plus prégnante.

Une mission scrutée de près à Toulouse

La première mission d'Astroscale, réalisée pour le compte de l'agence spatiale japonaise, sera scrutée de près à Toulouse, où l'entreprise a ouvert une antenne à l'automne dernier, en complément de ses équipes au Japon, en Israël, aux États-Unis et au Royaume-Uni.

« C'est une mission extrêmement importante vis-à-vis de ce que nous souhaitons développer en France », confirme Philippe Blatt. Astroscale France

La filiale française s'est alliée avec des sociétés implantées dans la Ville rose comme Aldoria (ex-Share My Space), Look Up Space et Hemeria pour candidater à des appels à projets lancés par le Cnes dans le cadre de France 2030. Objectif : fabriquer dans l'Hexagone un satellite capable d'aller inspecter des débris et les désorbiter.

« La différence par rapport au projet japonais, qui se concentre sur un seul objet, est que le satellite français sera capable en une seule mission de s'approcher de plusieurs débris et de les déplacer », indique le directeur général d'Astroscale France.

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Une dizaine d'embauches en six mois

De quoi permettre à l'Hexagone de se positionner dans la course mondiale sur cette question des débris et de soutenir le développement d'un écosystème industriel affilié. Arrivée seulement à l'automne, Astroscale connaît un développement rapide. La startup devrait passer la barre de la dizaine de collaborateurs à Toulouse d'ici le mois de mai et vise une vingtaine de salariés en fin d'année.

« La concrétisation d'une mission en France nous permettrait de doubler notre objectif de croissance pour l'instant établi à 30 collaborateurs fin 2025. En comptant le surcroît d'activité pour nos partenaires, une telle mission représenterait une activité pour environ 200 personnes sur deux à quatre ans. Ce qui permettrait à l'écosystème français de connaître une croissance beaucoup plus rapide », estime Philippe Blatt.

En moins d'un an et demi, une dizaine d'acteurs étrangers du NewSpace ont posé leurs valises à Toulouse : les Italiens Aiko et Zoppas, l'Espagnol Pangea Aerospace, l'Américain E-Spacele Slovaque 3IPK, l'Allemand Orbital Matter, le Bulgare Endurosatle Canadien Connekticale Suisse Cysec... Un engouement qui n'a pas échappé aux ingénieurs du monde entier.

« Nous avons reçu près d'une centaine de CV sur nos offres d'emploi avec 50% de Français et 50 % d'étrangers, dont beaucoup de non-européens d'ailleurs. Pour des raisons de visas et de contrôle export, la probabilité est quand même forte que nous choisissions des Européens mais cela montre la forte attractivité rencontrée par une société comme Astroscale à Toulouse », conclut cet ingénieur issu de Thales Alenia Space.

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