Spatial : Aldoria lève 10 millions d'euros pour accélérer la surveillance de l'espace

Le pionnier toulousain de la surveillance de l'espace Share My Space devient Aldoria et vient de boucler une levée de 10 millions d'euros. La jeune société compte doubler d'ici fin 2025 son réseau de stations optiques et étoffer son catalogue de suivi en temps réel des objets spatiaux en orbite.
Share My Space devient Aldoria et lève 10 millions d'euros.
Share My Space devient Aldoria et lève 10 millions d'euros. (Crédits : NASA)

Les chiffres ont de quoi donner le tournis. Trente-six mille débris de plus de dix centimètres encombrent actuellement l'espace d'après l'Agence spatiale européenne. Tous les débris spatiaux représentent une masse de 9.300 tonnes, l'équivalent du poids de la Tour Eiffel. Cette prolifération fait poindre le risque de collision dans l'espace alors que le nombre de satellites actifs en orbite basse devrait atteindre 40.000 en 2030, contre près de 9.000 aujourd'hui. Face à ces enjeux colossaux, le segment de la surveillance de l'espace est en pleine effervescence en France.

Après la levée de fonds de 14 millions de Look Up Space en juin dernier (dont 7 millions en financements privés, le reste en subventions publiques) pour développer un démonstrateur radar de surveillance de l'espace, la société toulousaine Share My Space dévoile ce mardi 23 janvier un tour de table en série A de 10 millions d'euros portant le montant total des investissements dans l'entreprise à 22 millions d'euros à ce jour. Le consortium de l'opération comprend Starquest Capital, le Fonds du Conseil Européen de l'Innovation, le fonds Deep Tech 2030 géré pour le compte de l'Etat par Bpifrance dans le cadre de France 2030, Expansion Ventures, Space Founders France, et Wind Capital.

La startup fondée en 2017 en profite pour changer de nom et devient Aldoria. « Share my Space avait fait son temps. La consonance anglaise du nom de la société nous avait été reprochés par nos partenaires et clients et même aux Etats-Unis, c'était plus un frein qu'un moteur pour notre développement. Aldoria est un nom plus standard évoquant la nébuleuse des Pléiades et qui signifie 'or du ciel', ce qui augure de bonnes choses pour la protection des objets en orbite », explique Romain Lucken, le PDG de la société.

Doubler le réseau de surveillance de l'espace

Avec ces nouveaux moyens financiers, Aldoria entend doubler son réseau qui compte déjà six stations de surveillance optique réparties sur quatre continents pour atteindre 12 stations d'ici fin 2025. La startup entend aussi étoffer son système d'information orbital qui cartographie en temps réel les objets en orbite. Preuve de l'importance de la menace, son outil, qui a généré en 230.000 mesures sur 5.000 objets au cours de l'année 2023, a anticipé 30 millions de rapprochements entre objets spatiaux et alerté en cas de besoin les opérateurs de satellites.

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L'entreprise fait figure de pionnière sur ce créneau en travaillant depuis 2017 sur la surveillance de l'espace. Une antériorité qui lui a permis de réunir un portefeuille de 20 clients dont le ministère des Armées, son homologue britannique et l'agence spatiale coréenne. L'agence spatiale française lui a aussi confié dans le cadre de France 2030 le développement d'un service de fourniture de données de surveillance de l'espace en collaboration avec CS Group, qui a déjà développé des systèmes de visualisation de la situation spatiale pour l'exercice AsterX mené au Commandement de l'espace à Toulouse et l'Onera, à l'origine du premier système radar européen de veille spatiale.

Du côté des clients privés, Aldoria a contractualisé avec l'Allemand Isar Aerospace qui développe un micro-lanceur ou encore le Japonais Astroscale, en train de s'installer à Toulouse pour créer des satellites capables de récupérer des débris spatiaux.

Une approche multi-capteurs pour se démarquer de la concurrence

La startup compte aujourd'hui 32 salariés dont quatre à Toulouse, où est installé son siège social depuis un an, et entend doubler son effectif dans les deux prochaines années avec l'ambition de s'imposer comme le leader européen en matière de surveillance de l'espace. Alors que sur le continent américain, des acteurs comme Leo Labs (qui a déjà déployé un réseau mondial de radars) ont un train d'avance, Aldoria entend marquer sa différence sur le territoire européen en optant pour une approche multi-capteurs.

Ainsi quand Safran déploie avec le service WeTrack des capteurs radiofréquences pour analyser les signaux émis par les satellites et qu'ArianeGroup mise sur un réseau de télescopes pour surveiller le trafic croissant de satellites, la pépite toulousaine s'appuie à la fois sur son réseau de stations multi télescopes et les algorithmes qui alimentent son système d'information orbital. Pour varier encore davantage les sources de données, Aldoria va investir dans de la R&D pour développer également des technologies infrarouges de surveillance de l'espace.

Au-delà de la précision de prédiction des risques de collision, la bataille entre ces acteurs pour la surveillance de l'espace se jouera aussi sur la capacité à détecter les débris de plus en plus minuscules qui encombrent l'espace et qui pourraient avoir des effets dévastateurs sur les satellites en orbite.

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