Spatial : le Japonais Astroscale s'installe à Toulouse pour nettoyer l'espace

La société japonaise Astroscale, qui développe des satellites pour aller récupérer des débris spatiaux, a choisi Toulouse pour installer un hub technique pour faire émerger des innovations en matière de services en orbite. Jusqu'à 30 emplois sont prévus dans la Ville rose pour la société qui vient de conclure un partenariat avec le CNES.
Astroscale développe une flotte de petits satellites chargés d'aller « nettoyer » l'espace.
Astroscale développe une flotte de petits satellites chargés d'aller « nettoyer » l'espace. (Crédits : NASA)

Toulouse n'en finit pas d'attirer les startups étrangères du NewSpace. Après le Canadien Connektica, le Suisse Cysec ou encore l'Allemand Orbital Matter... c'est au tour du Japonais d'Astroscale de prendre ses quartiers dans la Ville rose. Positionnée sur les services en orbite, la société développe une flotte de petits satellites chargés d'aller « nettoyer » l'espace. Ce marché est en plein essor alors que l'espace est actuellement encombré par plus de 36.000 débris de plus de dix centimètres d'après l'Agence spatiale européenne. Tous les débris spatiaux représentent une masse de 9.300 tonnes, l'équivalent du poids de la Tour Eiffel. Cette prolifération fait poindre le risque de collision dans l'espace avec des satellites toujours plus nombreux en orbite.

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La question des débris, un enjeu crucial avec l'essor des constellations

« Astroscale a été assez pionnière en se lançant sur la question des débris il y a dix ans, à un moment où ce sujet restait assez confidentiel et cantonné au niveau des agences spatiales. La raison pour laquelle on parle aujourd'hui beaucoup plus des débris c'est en raison des constellations géantes qui sont en train d'être lancées. Là où il y a encore 10 ans, nous avions seulement 1.000 à 2.000 satellites en orbite émergent désormais des constellations de dizaines de milliers de satellites comme Starlink ou Kuiper. L'encombrement devient tel sur des orbites entre 600 et 1.000 km que les risques de collisions sont beaucoup plus importants. Si l'on veut continuer à installer des constellations de 10.000 satellites, il faut trouver des solutions », fait valoir Philippe Blatt.

Cet ingénieur passé par Thales Alenia Space est depuis la rentrée directeur général d'Astroscale France, une filiale de la holding japonaise qui dispose également d'équipes en Israël, aux États-Unis et au Royaume-Uni. « Après avoir aussi envisagé le plateau de Saclay et la ville de Bordeaux, nous avons finalement choisi Toulouse pour adresser le marché européen et français. La raison, c'est le pôle de talents présents dans la région toulousaine, la proximité des clients et l'écosystème qui est très favorable ici », ajoute-t-il.

30 personnes à Toulouse pour développer le marché européen

 Alors qu'Astroscale France va également disposer d'un bureau commercial restreint à Paris, l'antenne toulousaine a vocation à accueillir à terme jusqu'à 30 personnes avec 10 recrutements escomptés d'ici le premier trimestre 2024. L'entreprise veut développer dans la Ville rose des technologies innovantes d'entretien en orbite avec des installations d'assemblage, d'intégration et de test de satellites.

Les équipes toulousaines seront notamment chargées de contribuer à une étude officialisée par le Cnes au dernier salon du Bourget pour l'enlèvement actif des débris spatiaux français. « C'est ce qu'on appelle une mission ADR pour Active Debris Renewal, c'est-à-dire que le débris enlevé est actif, il ne coopère pas, il n'a pas été préparé, il tourne dans n'importe quel sens... c'est une mission très complexe », estime le DG d'Astroscale France.

Bras robotique et plaques magnétiques

La société a déjà des liens avec le NewSpace français puisque sa filiale anglaise a signé il y a quelques mois un contrat avec la startup toulousaine Share My Space qui a l'ambition de développer son propre réseau de stations optiques pour créer un catalogue mis à jour en temps réel de 150.000 objets spatiaux. Astroscale entend s'appuyer sur cette expertise pour obtenir des informations précises de localisation et d'état du débris pour mener à bien ses missions. La société travaille également avec Look Up SpaceHemeria et a candidaté à un appel à projets France 2030.

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Dans les prochaines semaines, les équipes japonaises d'Astroscale enverront en orbite depuis la Nouvelle-Zélande un nouveau satellite pour une mission de démonstration sur l'inspection des satellites. L'étape suivante lors d'une prochaine mission sera de retirer un débris à l'aide d'un bras robotique. Astroscale développe par ailleurs une technologie basée sur des plaques magnétiques d'une quinzaine de centimètres de diamètre à apposer sur les satellites des constellations pour permettre le rapprochement avec le satellite « nettoyeur ». Ce dernier va aimanter le satellite en fin de vie avant de le désorbiter. La société a noué un partenariat avec la constellation OneWeb pour équiper 80% des satellites de cette technologie.

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