Spatial : le Suisse Cysec s'installe à Toulouse pour assurer la cybersécurité du NewSpace

Née en Suisse, la startup Cysec part à l'assaut des acteurs français du NewSpace en ouvrant une antenne à Toulouse. Face à la montée des risques de cyberattaques, la jeune pousse a développé des solutions pour renforcer la sécurité des satellites de télécommunications commerciaux mais aussi des nanosatellites.
La startup suisse Cysec part à l'assaut des acteurs français du NewSpace en ouvrant une antenne à Toulouse pour déployer ses solutions de cybersécurité.
La startup suisse Cysec part à l'assaut des acteurs français du NewSpace en ouvrant une antenne à Toulouse pour déployer ses solutions de cybersécurité. (Crédits : DR)

« La première attaque russe dans le conflit ukrainien s'est effectuée dans l'espace », avait rappelé le Général Adam, commandant de l'espace en mai dernier à l'occasion du Space Forum de La Tribune à Toulouse. À l'aube du 24 février 2022, une cyberattaque sur l'entreprise américaine de télécommunications par satellite Viasat avait marqué l'un des premiers actes de la guerre en Ukraine.

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Une menace prise très au sérieux

« Cet événement a complètement changé la perspective des professionnels du spatial vis-à-vis de la sécurité. Il a entraîné une déflagration mondiale. Un acteur commercial américain qui se fait attaquer par un État avec des conséquences sur des clients commerciaux civils, les éoliennes en Allemagne, les clients français de l'opérateur télécoms Nordnet... Depuis, la sécurité est devenue non-négociable et nous n'avons plus du tout de résistance quand on discute avec les opérateurs de satellites de télécommunications », observe Mathieu Bailly, vice-président de Cysec.

Cet ingénieur suisse a rejoint en 2019 la startup Cysec, spécialisée dans la cybersécurité, pour y développer des services à destination du secteur spatial.

« Historiquement, dès que les premiers satellites artificiels ont été envoyés en orbite, les militaires ont tout de suite compris l'intérêt d'en sécuriser les communications. Mais ce n'était pas le cas pour les missions institutionnelles civiles de l'ESA (Agence spatiale européenne. Lorsque l'on envoie une sonde scientifique pour étudier les ondes gravitationnelles, les communications sont considérées comme peu sensibles parce que les données sont publiques. Le changement de paradigme est arrivé avec l'avènement des satellites commerciaux à l'image de ce que fait Elon Musk avec la constellation Starlink. Nous essayons d'importer ces briques de cybersécurité pour les satellites de télécommunications commerciaux mais aussi pour les petits satellites du NewSpace », développe Mathieu Bailly, vice-président de Cysec.

Toulouse, un passage obligé pour toucher le NewSpace français

La startup suisse compte déjà une dizaine de clients parmi les acteurs du NewSpace : Astrocast, Clearspace, Constellar, Kleos... Passée au sein de l'accélérateur ESA BIC en suisse, Cysec a décroché plusieurs contrats de l'agence spatiale européenne. Pour continuer son essor, la jeune pousse vient de s'implanter à Toulouse au sein du Village by CA qui abrite déjà les équipes toulousaines de Prométhée.

« En étant une entreprise suisse, malheureusement, la vie est un peu compliquée pour nous parce que la Suisse a refusé de renouveler les accords bilatéraux qui la lie à l'Union européenne en 2022. Il est devenu beaucoup plus difficile pour les startups et les chercheurs suisses de participer à des grands projets européens ou à la future constellation européenne Iris2. Outre cet aspect institutionnel, beaucoup de nos potentiels clients pour le marché français sont basés à Toulouse. Cela faisait aussi beaucoup de sens d'être proche d'un point de vue géographique », ajoute le dirigeant.

La startup qui emploie 30 collaborateurs en Suisse, dispose désormais d'un salarié au sein du campus cybersécurité de La Défense à Paris et d'une ingénieure à Toulouse. Deux recrutements supplémentaires sont prévus dans la Ville rose d'ici la fin de l'année et l'effectif devrait atteindre une dizaine de personnes fin 2024.

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Des centaines de scénarios de cyberattaques

 En parallèle de ses activités au sein de sa startup, Mathieu Bailly préside Cysat, le principal événement consacré à la cybersécurité dans l'espace organisé chaque année à Paris. L'édition du printemps dernier avait été marquée par une première mondiale : la prise de contrôle en direct du nanosatellite de démonstration OPS-SAT de l'ESA par Thales. « Cette opération a démontré que techniquement Thales est capable de hacker le satellite de l'ESA. Ce n'est pas de la science-fiction, » commente Mathieu Bailly.

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Une menace qui peut prendre des formes très variées. « Il existe des centaines de scénarios de cyberattaques possibles pour une seule mission car le spatial a le désavantage d'avoir une surface d'attaque qui est extrêmement large. On peut s'attaquer au segment sol, la mission mobilise un contingent d'ingénieurs qui ont chacun un ordinateur, le satellite lui-même va transiter entre plusieurs lieux de la phase de tests d'assemblage au lancement en passant par l'étape de transport », poursuit-il.

D'autant que la connaissance actuelle des acteurs du NewSpace en matière de cybersécurité reste assez faible. « En école d'ingénieurs, les étudiants ne suivent qu'un petit module sur le sujet. Chez les opérateurs de satellites ou parmi les acteurs du NewSpace, bien souvent, il n'y a pas de responsable de la sécurité et nous avons mis au point des briques de base pour répondre à leurs besoins de sécurité », remarque Mathieu Bailly.  Après avoir levé 7,5 millions d'euros depuis sa création, Cysec prépare un nouveau tour de table de 10 à 15 millions pour début 2024.

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Commentaire 1
à écrit le 16/10/2023 à 23:35
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Article hilarant, comme si la sécurité des systèmes spatiaux n'était pas une préoccupation des maîtres d'oeuvre. Encore un article publicitaire hors sol.

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