Rugby à 13 : « Mon challenge est de professionnaliser le club » (Olivier Dubois, nouveau président du Toulouse Olympique XIII)

À la veille du lancement de la nouvelle saison de rugby à 13 en Championship pour le Toulouse Olympique XIII, son nouveau président, Olivier Dubois, se confie dans La Tribune après que son club a frôlé le dépôt de bilan en 2023. Dans nos colonnes, l'actionnaire du club (aux côtés de Rempart Mutuelle, LabSoft et Predicta Lab) détaille sa feuille de route pour redresser le club, avec l'espoir de retrouver la Super League dès 2025.
Olivier Dubois, actionnaire du Toulouse Olympique XIII avec son société Autobuy, en est aussi le président depuis quelques mois.
Olivier Dubois, actionnaire du Toulouse Olympique XIII avec son société Autobuy, en est aussi le président depuis quelques mois. (Crédits : Rémi Benoit)

« La Tribune » - Vous êtes le nouveau président du club de rugby à 13 de Toulouse, le Toulouse Olympique. Comment abordez-vous cette saison, sur le plan sportif, dans ce costume loin d'être habituel pour vous, avec un premier déplacement sur le terrain des Sheffield Eagles, en Angleterre ?

Olivier Dubois - J'ai été très clair. J'ai donné des directives pour viser le titre de champion de Championship à l'issue de la saison (...) Je veux structurer le club du haut vers le bas sur le plan sportif. Toutes nos équipes doivent jouer de la même manière et bénéficier d'un accompagnement similaire de la part du club, des professionnels aux jeunes.

Le groupe professionnel est désormais accompagné par un nutritionniste. J'ai aussi décidé qu'un analyste vidéo accompagnerait dès cette saison le groupe Élite, notre réserve qui joue au plus haut niveau français de rugby à 13. Nous l'avions déjà avec le groupe professionnel. Les deux groupes vont aussi bénéficier dès cette saison des données GPS. Comment pouvons-nous dire à nos jeunes qu'ils ont fait un bon match quand nous n'avons aucune visibilité sur leurs statistiques ? Nous avons besoin de la data.

Il y aussi l'enjeu d'améliorer les infrastructures sportives, et particulièrement le centre d'entraînement. Aujourd'hui, la salle de musculation des groupes professionnels et Élite est une tente prise au vent. Des discussions sont engagées avec les collectivités locales pour trouver une solution pérenne, pour accueillir notre salle de musculation et notre salle de lutte.

La saison 2023 s'est soldée par une défaite en finale et donc une non-accession en Super League, le plus haut niveau du rugby à 13 qui réunit des clubs anglais et les Dragons Catalans de Perpignan. Mais cette saison a surtout été marquée par un déficit de 500.000 euros dans les caisses du club, provoquant in fine votre arrivée à la tête du Toulouse Olympique XIII. Comment expliquez-vous ce décalage entre les très bonnes performances sportives du club ces dernières saisons et son manque de rigueur financière ?

Le chiffre est bien plus important que celui annoncé dans la presse, mais je ne suis pas là pour en parler. Le problème est que nous étions au bord du dépôt de bilan en 2023 alors que la saison n'était pas terminée. Les trois collectivités locales ont octroyé au club des subventions exceptionnelles à hauteur de 220.000 euros, mais cela n'a pas été suffisant. Nous avons procédé à deux augmentations de capital pour nous en sortir.

Comme beaucoup de clubs, la Covid nous a coûté cher et notre saison en Super League aussi. Le Toulouse Olympique a fait des paris sur des joueurs, très qualifiés, qui ont coûté au club, mais l'osmose n'a pas pris. Les coûts des déplacements en Angleterre ont aussi été mal dimensionnés, les sponsors n'ont pas toujours été au rendez-vous et la masse salariale sur cette saison 2022 a explosé, avec la descente à son issue. L'idée était de se maintenir pour s'assurer les 1,5 million d'euros de droits télévisuels... Mais dans le sport, il faut savoir dissocier la passion et la raison quand nous prenons une décision. Malheureusement, dans notre cas, je pense que la passion a pris le dessus. Désormais, mon challenge est de professionnaliser le club, tout en le structurant.

Dans cette logique, quelles ont été vos premières décisions à la tête du Toulouse Olympique, vous qui venez d'un tout autre milieu sportif et plus particulièrement le football ?

Je suis arrivé comme partenaire maillot, sur la manche, il y a trois ans, avant la montée en Super League. À l'époque, je ne savais même pas que le rugby à 13 existait. Mais intégrer le club comme partenaire m'a permis de voir ce qui fonctionnait et ce qui fonctionnait moins.

Depuis ma prise de fonction en novembre dernier, j'ai crée un directoire et un conseil de surveillance. Nous partons de rien. Si, sur le terrain, on est un club professionnel, dans son fonctionnement en interne nous sommes restés au niveau associatif.

Je suis en train de restructurer tout l'aspect communication et marketing, avec le soutien d'une agence toulousaine. En plus de revoir le parcours client dans le stade (le TO XIII joue à Ernest-Wallon, l'antre du Stade Toulousain, ndlr), j'ai décidé de supprimer les loges. Il ne faut pas se voir plus beau que nous sommes. Nous ne sommes pas le Stade Toulousain et nous ne sommes pas télévisés. Cette mesure permet aussi de réduire les coûts de sécurité et de personnel. Nous sommes un club familial et populaire et mon enjeu avant tout est de faire revenir du monde au stade. Aller voir un match du Toulouse Olympique doit être un moment convivial et familial. C'est pour cette raison que nous avons instauré la gratuité pour les moins de 13 ans. Nous devons fédérer une communauté autour du club.

Vous démarrez cette nouvelle saison de rugby à 13 avec un budget de 2,5 millions d'euros et un effectif professionnel de 24 joueurs en raison d'un budget limité. Dans ce contexte, les sponsors ont une place non négligeable. Comment allez-vous travailler à leurs côtés cette année ?

Sur les deux dernières saisons, plusieurs partenaires ont quitté le club car ils étaient mécontents des services proposés après avoir investi dans l'institution. Nous avons donc tout effacé et j'ai donc donné un cadre aux commerciaux.

Par exemple, certains partenaires historiques du Toulouse Olympique 13 ne se connaissent pas. Nous avons donc créé un club d'affaires, l'Ovale XIII Business Club, pour leur apporter une expérience privilégiée. Pendant les matchs, ils seront déjà installés ensemble, avec un espace réservé par exemple.

Je veux changer la visibilité du TO XIII. Pour ce faire, nous comptons prochainement annoncer un gros partenariat qui doit nous y aider et nous donner une autre dimension. J'ai aussi l'idée de changer le nom du club. Nous y travaillons...

La Société IMG a acquis pour 10 ans, auprès de la RFL, la fédération anglaise, la gestion de la Super League et du Championship. À partir de cette saison, la montée à l'étage supérieur ne pas forcément conditionner à un titre de champion en Championship. Comment vous vous préparez à cette nouvelle grille de lecture ?

IMG a pris la main sur les deux compétitions avec la volonté de professionnaliser les clubs de rugby à 13 et de vendre les droits télévisuels à des diffuseurs par la suite. La grande nouveauté est que l'accession à la Super League pour la saison 2024 se fera sur la base d'une note sur 20 et les 12 clubs les mieux notés accéderont à la Super League.  Pour baser leur note sur 20, l'instance évaluera la communauté du club, ses performances sportives sur les trois dernières années, ses infrastructures et ses finances. Sur ce point, tous les clubs anglais sont déficitaires, nous en France nous avons l'Autorité de régulation du rugby qui contrôle nos finances. À titre indicatif, IMG nous a attribué la note provisoire de 12,97 en octobre dernier, ce qui enverrait une nouvelle fois le Toulouse Olympique XIII, en Super League en 2025.

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