Toulouse se dote d'un vaste site industriel de compostage des biodéchets

Face à l'obligation du tri des déchets alimentaires, Toulouse vient de se doter d'un nouveau site industriel capable de composter 700 tonnes par an de déchets alimentaires issus des cantines des écoles, du CHU et de restaurants de la Ville rose. Le compost servira à nourrir les terres d'agriculteurs bio.
Toulouse vient de se doter d'un nouveau site industriel capable de composter 700 tonnes par an de déchets alimentaires issus des cantines des écoles, du CHU et de restaurants de la Ville rose.
Toulouse vient de se doter d'un nouveau site industriel capable de composter 700 tonnes par an de déchets alimentaires issus des cantines des écoles, du CHU et de restaurants de la Ville rose. (Crédits : Rémi Benoit)

Depuis le 1er janvier, en France, tous les professionnels et les particuliers ont désormais l'obligation de trier leurs biodéchets, notamment les épluchures et les restes alimentaires. Pour les 16.000 agents du CHU de Toulouse, le tri des biodéchets est en vigueur dans les six cantines de l'hôpital (dont deux internats) depuis plusieurs années déjà. « Après le repas, il faut reprendre son plateau et jeter dans une première poubelle les déchets organiques. Les autres déchets partent dans la poubelle des ordures ménagères. Nous avons mis en place de l'affichage et de l'accompagnement du personnel. La consigne est globalement bien suivie même si les erreurs peuvent arriver », remarque Stéphanie Burel, responsable de la filière bionettoyage et gestion des déchets hospitaliers au sein du CHU.

Collecte dans les écoles et les restaurants

Chaque année, 100 tonnes de biodéchets sont ainsi collectés par l'hôpital. Une fois triés, ils partent vers le nord-ouest de Toulouse. La Ville rose vient de se doter d'un nouveau site industriel de compostage à proximité du MIN, le Rungis toulousain. Ce sont environ 2.000 tonnes de déchets alimentaires qui sont collectées chaque année par la société les Achismistes Occiterra qui emploie 20 salariés.

« Nous avons commencé avec de la restauration traditionnelle avec par exemple le chef Michel Sarran. Puis, nous nous sommes diversifiés dans le secteur de la santé avec le CHU de Toulouse mais aussi des Ehpad. Depuis le début de l'année, nous collectons les biodéchets de toutes les écoles de la ville de Toulouse.

Des expérimentations sont également menées auprès de ménages dans le Sicoval, le Grand Ouest toulousain ou encore les Hauts Tolosan. Ils peuvent déposer leurs déchets via des points d'apport volontaire comme ils le feraient pour le verre », décrit Alice Pesso, co-fondatrice des Alchimistes Occiterra.

Les déchets sont collectés par des camions dans un rayon de 50 km. Une fois arrivés sur le site de compostage, ils sont d'abord pesés. « Ensuite, deux types de valorisation sont envisagées, le compostage ou la méthanisation. Tout dépend de la qualité du tri. Quand il y a beaucoup d'emballages, ces derniers vont partir directement en méthanisation parce que nous ne pouvons pas les composter », précise Brenda Laisnez, chargée de développement commercial au sein des Alchimistes.

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Le site permet de composter sur place 700 tonnes de biodéchets par an. (Crédits : Rémi Benoit)

Sur les 1.200 tonnes collectées par an par la société, 700 tonnes sont compostées sur place, 900 tonnes sont compostées chez un partenaire, Valterra, dans le Lauragais. Les 400 tonnes restantes (principalement des déchets emballés ou très mal triés) sont méthanisées auprès de la société Apag implantée à Castelsarrasin dans le Tarn-et-Garonne.

Pour le compostage, un nouveau tri est réalisé à la main pour enlever par exemple les morceaux de carton ou de plastique. Ensuite, les biodéchets sont broyées, le jus est récupéré pour être réutilisé par les agriculteurs. La matière organique restante mélangée avec du broyat de bois est déposée sous des bâches et maintenue à une température de 70°C de manière à éviter le développement de bactéries pathogènes. Toutes les semaines, la matière est mélangée de manière à oxygéner le compost et éviter tout processus de méthanisation. Il faudra plusieurs mois pour obtenir un compost destiné à l'agriculture biologique. Ce dernier permet de fertiliser le sol, de capter le carbone dans les milieux et retenir l'eau.

Le site se charge également de vidanger les urinoirs installés par la métropole toulousaine. L'urine collectée est ensuite fermentée par la biotech girondine Toopi et utilisée pour favoriser l'assimilation des nutriments du sol.

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Le site se charge également de vidanger les urinoirs installés par la métropole toulousaine. (Crédits : Rémi Benoit)

Les Alchimistes Occiterra font partie du réseau national Les Alchimistes qui propose désormais aux quatre coins de la France une solution de valorisation des biodéchets des professionnels comme par exemple dans le 14e arrondissement de Marseille. A Toulouse, les Alchimistes gèrent le plus grand site industriel de compostage en ville. Les autres sont installés loin des métropoles. C'est le cas par exemple de son partenaire Valterra implanté à 50 km de Toulouse dans le Lauragais et qui a la capacité de traiter des dizaines de milliers de tonnes de déchets par an. « Dès qu'on commence à s'éloigner des villes, il existe des solutions pour composter à proximité mais la grande densité de gisement est présente en ville », remarque Alice Pesso.

Lire aussiLa stratégie des Alchimistes Provence pour mieux valoriser les biodéchets

Le site toulousain a demandé 400.000 euros d'investissement, financé à moitié sur fonds propres et le restant via des subventions de l'Ademe et la Région Occitanie. Malgré la mise en place de la loi sur les biodéchets en début d'année, les Alchimistes Occiterra n'ont pas encore perçu de boom d'activité liée à cette législation. « Pour l'instant, il n'y a pas de contrôle. Cela met un petit peu de temps à se déclencher mais à terme tout le monde devra s'y mettre », ajoute la dirigeante.

De son côté, le CHU de Toulouse réfléchit déjà à l'étape d'après, à savoir la valorisation des déchets alimentaires issus des plateaux des patients. « Cela permettrait de collecter trois fois plus que les déchets organiques », évalue Vincent Ayma, responsable des déchets au sein de l'hôpital. D'autant qu'avec la loi Egalim, de nouvelles dispositions vont s'imposer aux hôpitaux et notamment l'interdiction d'utiliser des contenants alimentaires en plastique dans les services de pédiatrie, d'obstétrique et de maternité. L'occasion de réorganiser la collecte des déchets des patients. « Nous avons démarré le tri des biodéchets par les selfs parce que c'est plus simple de centraliser la collecte. Aller capter les déchets des patients est plus difficile parce qu'il faut collaborer avec les soignants chargés de récupérer les plateaux. Trier prend un petit peu de temps supplémentaire sur des journées déjà chargées. Mais au vu de l'obligation et de la démarche RSE de l'hôpital, on sait qu'il faudra le faire », conclut Stéphanie Burel.

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Compost réalisé à partir de biodéchets. (Crédits : Rémi Benoit)

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