Aéroport Toulouse-Blagnac : les vols en coeur de nuit perdurent malgré de nouvelles règles plus strictes

Depuis quelques mois, l'aéroport Toulouse-Blagnac a mis fin à la programmation des vols commerciaux avec des passagers entre minuit et 6h du matin. Mais plus de 80 vols ont été recensés au mois de juin, en raison principalement des retards accumulés au fil de la journée par les compagnies aériennes. Alors que la préfecture doit présenter à la rentrée des mesures pour réduire les nuisances aériennes, les riverains plaident pour l'instauration d'un couvre-feu strict.
L'aéroport Toulouse-Blagnac a mis fin à la programmation des vols commerciaux avec des passagers entre minuit et 6h du matin.
L'aéroport Toulouse-Blagnac a mis fin à la programmation des vols commerciaux avec des passagers entre minuit et 6h du matin. (Crédits : Rémi Benoit)

« Il y a toujours beaucoup trop d'avions qui viennent perturber nos nuits », dénonce Chantal Beer-Demander, présidente du collectif toulousain contre les nuisances aériennes (CCNAAT).

Fin mars, l'aéroport Toulouse-Blagnac annonçait mettre fin à la programmation des vols commerciaux avec des passagers entre minuit et 6h du matin et ne plus prévoir de décollage à partir de 23h. Malgré la mise en place de ces mesures plus strictes, le CCNAAT dénonce :

« Plus de 80 vols commerciaux sont venus réveiller entre minuit et 6 heures du matin les riverains de l'aéroport de Toulouse-Blagnac pendant ce seul mois de juin. Pour la seule nuit du 27 au 28 juin, pas moins de 6 vols après minuit dont trois Ryanair, le dernier décollant pour Fez à 2 heures 19. Nous sommes bien loin du zéro vols commerciaux en cœur de nuit annoncé maintes fois par ATB avec une moyenne de près de trois vols par nuit en ce mois de juin. »

Pour sa part, l'aéroport Toulouse-Blagnac met en avant que l'engagement de ne programmer aucun vol commercial de passagers programmé entre minuit et 6h « a été tenu sur le mois de juin » et que « des vols commerciaux passagers retardés ont effectivement été constatés ».

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Retards accumulés au fil de la journée

En effet, en cas de retards accumulés au fil de la journée, les compagnies aériennes peuvent toujours atterrir en coeur de nuit. Ces dérapages concernent en premier lieu les low-cost qui prévoient des temps de rotations plus restreints que les compagnies traditionnelles entre deux vols, ce qui complique le respect des horaires en cas d'imprévu. D'après le CCNAAT, Ryanair et Easyjet, totalisent à elles deux 82% des décollages en cœur de nuit sur le programme estival de l'année 2023« L'enjeu de réduction des nuisances sonores est un défi exigeant et collectif et ATB nourrit un dialogue permanent avec les compagnies aériennes pour une plus grande maîtrise de leur activité durant la nuit », fait savoir ATB.

Par ailleurs, le quatrième aéroport régional souligne que « sur le mois de juin 2024, les vols en cœur de nuit ont baissé de 22% par rapport au mois de juin 2023 et de 31% en cumul depuis le début de l'année 2024 vs 2023 ».

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La préfecture doit trancher entre quatre scenarii

Pour aller plus loin, une étude d'impact est actuellement pilotée par la préfecture et présentera à la rentrée des scénarios pour réduire les nuisances nocturnes. Des mesures de restriction des vols, et pourquoi pas des amendes aux compagnies en cas d'atterrissage en coeur de nuit, pourraient être prises sous la forme d'un arrêté appelé à entrer en vigueur à l'été 2025. La préfecture a mis à l'étude quatre scenarii avec des mesures complémentaires plus ou moins strictes. Le premier scénario instaure une interdiction de vol pour les aéronefs les plus bruyants et en restant sur la règle du zéro vol programmé en coeur de nuit. Le quatrième scénario prévoit une interdiction totale des vols (sauf vols militaires, sanitaires et dérogations) entre 23h30 et 6h ainsi qu'un plafonnement des mouvements d'avions dès 22h.

C'est cette dernière option qui a les faveurs des riverains de la plateforme. « Cela correspond aux recommandations des autorités sanitaires qui préconisent de jouer sur toute la plage horaire nocturne, commente Chantal Beer-Demander. Le 12 juin dernier », l'Agence régionale de santé (ARS) consultée dans le cadre de cette étude d'impact a conclu :

« La récupération se fait de manière optimale si la phase d'endormissement n'est pas altérée et les premières heures de sommeil non perturbées. Or, les populations souffrant le plus des effets délétères du bruit sont les personnes sensibles ou vulnérables, de par leur âge « extrême » (bas âge ou grand âge) ou leurs pathologies. Ces personnes ont un horaire d'endormissement plutôt en début de nuit que tardivement. Toute action permettant de préserver ces phases de repos, surtout dans la période 22h-06h, horaires de nuit dans les calculs du niveau acoustique selon l'OMS, auront des retombées sanitaires positives. »

Au-delà des considérations sanitaires, Toulouse est en quête d'un délicat compromis entre réduction des nuisances et l'essor de l'aéronautique. Lors de la signature en mars dernier, à l'issue de l'Atelier des territoires d'un pacte pour le devenir de la zone aéroportuaire, Patrick Piedrafita, président de la CCI de Toulouse Haute-Garonne, s'était dit favorable à un soutien à l'activité économique « sans mesures restrictives pour les vols de nuit mais en poursuivant les démarches vertueuses de réduction de ces derniers ».

Lire aussiToulouse en quête d'un délicat compromis entre réduction des nuisances et essor de l'aéronautique

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Commentaires 3
à écrit le 20/07/2024 à 11:34
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Les services de la préfecture ont-ils réagi quand, progressivement, l'étalement urbain s'est insinué autour de l'aéroport ? Le constat s'impose à savoir que le personnel politique de la ville/métropole est inopérant quant à préserver des ZNC ou ZFC ...

à écrit le 19/07/2024 à 18:33
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Le débilisme a la française.Les maisons en France n'ont aucune isolation par rapport à la sonnorisation externe des vieux fênetres mais on interdit des avions.

le 20/07/2024 à 14:04
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@ mon pseudo- L'avion est une Ca-La-Mi-Te particulièrement pour les riverains. Insonorisation ou pas. Dormir c'est bien, mais pouvoir vivre dehors c'est bien aussi. Le plaisir ou la nécessité de ceux qui se déplacent en avion ne peut pas être une eng...

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