Réemploi : la première centrale de lavage de contenants alimentaires voit le jour à Toulouse

La première centrale de lavage industrielle d'Occitanie a pris ses quartiers à Toulouse. Capable de prendre en charge des contenants de diverses tailles et matières, Evidence peut traiter jusqu'à cinq millions de pièces par an. Elle séduit déjà plusieurs acteurs du secteur agroalimentaire alors que la loi Egalim va interdire aux entreprises et collectivités l'utilisation de contenants en plastique à usage unique dès janvier 2025.
La première centrale de lavage industrielle d'Occitanie peut traiter jusqu'à cinq millions de pièces par an.
La première centrale de lavage industrielle d'Occitanie peut traiter jusqu'à cinq millions de pièces par an. (Crédits : Evidence)

Il s'agit d'une première en Occitanie. La centrale de lavage industrielle Évidence a pris ses quartiers à Toulouse. Installée dans 300 m2 du Hall 8 du Marché d'Intérêt National, au cœur de l'écosystème agroalimentaire régional et au plus près des filières d'approvisionnement, l'entreprise est la première centrale de lavage de contenants alimentaires, multi-formats et multi-matières. Une offre jusque-là inédite dans la région, dimensionnée pour faire face aux nombreux défis de la transition vers le zéro plastique sur le territoire.

Interdiction de contenants en plastique à usage unique

Soutenus par la Région Occitanie et des investisseurs privés, ses fondateurs, Charlotte et Mathieu Mendegris, ont investi 320.000 euros dans cet outil, qui est opérationnel depuis début mai 2024. Dotée d'installations dernier cri permettant de traiter jusqu'à cinq millions de pièces par an, Évidence s'adresse aux entreprises et collectivités soumises à la loi EGalim. Celle-ci prévoit l'interdiction de l'utilisation de contenants en plastique à usage unique dès janvier 2025, une obligation qui confronte les structures concernées à repenser leur approvisionnement matériel et leur fonctionnement.

« C'est un projet que l'on mûrit depuis 2021. Nous voulions lancer un projet qui fait sens et en adéquation avec nos valeurs. Nous sommes partis de la problématique des déchets plastiques présents en nombre dans notre quotidien. Nous nous sommes lancés dans la réalisation de yaourts en pots de verre consignés. Nous avons très vite vu qu'il fallait une zone de lavage pour ces pots. Nous avons aussi compris qu'il y avait un besoin similaire dans tout le secteur de l'agroalimentaire comme les traiteurs, l'événementiel, le transport de fruits, légumes et poisson ou les collectivités qui en cherchent à répondre aux obligations légales vont se débarrasser des barquettes en plastique à usage unique et se tourner vers des matières durables comme l'inox », retrace Mathieu Mendegris, cofondateur d'Évidence.

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Plusieurs matériaux, tailles et formes

Dimensionnée pour répondre à diverses exigences, la centrale de lavage économe en eau et en énergie, vient tout droit d'Allemagne. Elle est composée en cinq espaces dédiés à la réception, au trempage, au lavage, au stockage et à l'expédition. Le tunnel de lavage peut accueillir tous types de contenants : bocaux, bacs, caisses et seaux, lunchbox, gobelets réutilisables, vaisselle, etc. Et ce, quelle que soit leur matière verre, plastique ou inox. La machine, qui peut traiter jusqu'à 130 caisses de 49 contenants par heure, rince à une température de 85 degrés, sèche et ventile, dans le respect des normes agro-alimentaires les plus strictes.

« Dans notre activité récente, il n'y a pas de réglementation, mais nous tenons à respecter et à répondre à toutes les normes de l'agroalimentaire. Les contenants que nous lavons sont destinés au contact alimentaire. Nous respectons donc la température de stérilisation et les stockons dans des caisses hermétiques avant expédition. Sur chaque lavage, nous avons un numéro de traçabilité qui stipule les températures de lavage et tests bactériologiques que nous réalisons », détaille le gérant de la société.

Dans une logique d'économie et de réemploi, les vapeurs d'eau émises par la machine servent au préchauffage de l'eau. L'eau de rinçage servira elle deux fois, puisqu'elle est réinjectée lors du prélavage.

5.000 pièces par semaines

Signe du regain d'intérêt de la consigne et du réemploi, Évidence comptait déjà six clients après un mois d'activité. Elle lave entre 3.000 et 5.000 contenants par semaine pour Bocal en Boucle, startup toulousaine qui propose des plats conditionnés dans du verre consigné via des frigos connectés. L'enseigne zéro déchet, Drive tout nu fait appel à elle pour laver 500 bocaux de produits laitiers par semaine. La jeune pousse a traité 12.000 gobelets en plastique au mois de juin à l'occasion des concerts de Bigflo et Oli au Stadium de Toulouse. Dès juillet prochain, elle devrait réaliser des tests de lavage des petites poubelles de collecte de biodéchets des entreprises toulousaines Hector le Collector et Les Alchimistes.

Aujourd'hui, la petite structure qui emploie deux salariés en plus des deux fondateurs, traite autour de 5.000 pièces par semaine. Elle va rapidement monter la cadence pour atteindre son objectif d'un million de contenants lavés sur sa première année d'activité. La centrale compte réaliser un chiffre d'affaires de 150.000 euros en 2024 et entend le multiplier par quatre d'ici 2026.

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« Populariser le réemploi auprès des Toulousains »

 Dans les mois à venir, son principal objectif est d'arriver à convaincre la mairie de Toulouse de faire appel à ses services à l'occasion du marché de Noël. « Ce marché compte un million de visiteurs sur 33 jours. Nous avons estimé entre 400.000 et 500.000 gobelets jetés sur cette période. Nous avons tous les outils et les acteurs pour mettre en place du réemploi. Ce n'est qu'une volonté politique. Nous savons fournir les contenants, les laver, mettre en place un système de consigne, etc. Un tel événement peut nous permettre de populariser le réemploi auprès des Toulousains et de combattre les réticences à son égard », indique le dirigeant.

Afin de convertir au réemploi et au zéro plastique jetable un cercle plus large de consommateurs de contenants à usage unique (industriels, grossistes, GMS, primeurs, poissonniers, etc.), la startup de l'économie sociale et solidaire met en avant le prix de son service. Celui-ci est fixé selon des critères comme le volume à laver, la fréquence de collecte, le type de salissures, etc.

« Les professionnels peuvent s'y retrouver en termes de prix. Le lavage d'un bocal va coûter au maximum le prix d'un contenant neuf. Il y a quelques années, c'était trop tôt, notre centrale de lavage n'aurait pas intéressé. Aujourd'hui, la loi et l'urgence sont passées par là, et les acteurs du secteur agroalimentaire n'ont plus que quelques mois pour se mettre en conformité. Utiliser des contenants réutilisables et lavables est pour eux une solution à la fois économique et pratique, et nous sommes désormais là pour les traiter, à une cadence industrielle qui répond à leurs exigences », conclut Mathieu Mendegris.

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