Climat : jusqu'où les Toulousains sont-ils prêts à changer ?

D'après un sondage réalisé par l'IFOP pour La Tribune, 82% des Français sont inquiets à l'égard du changement climatique. Mais comment transformer cette anxiété en changement durable ? Quel type de mesures sont les plus efficaces pour engager les citoyens dans la transition énergétique ? Quelques éléments de réponse ont été esquissés ce jeudi à l'occasion de la Grande Tribune pour le Climat organisée à Toulouse.
La Grande Tribune pour le Climat organisée le 14 décembre aux Espaces Vanel à Toulouse.
La Grande Tribune pour le Climat organisée le 14 décembre aux Espaces Vanel à Toulouse. (Crédits : Rémi Benoit)

« Les citoyens pensent souvent qu'il existe un bouton magique à l'Elysée et même à Toulouse Métropole sur lequel il suffit d'appuyer pour déclencher la transition énergétique. Il existe une méconnaissance du sujet. Moi, je demande aux citoyens : "Et, vous que faites-vous pour le changement climatique ?" Soyez des investisseurs de la solution, mettez des panneaux solaires sur le toit de votre maison. Chacun d'entre nous a un niveau de responsabilité sur le climat », a harangué l'explorateur Jean-Louis Etienne ce jeudi 14 décembre à l'occasion de la Grande Tribune pour le Climat organisée aux Espaces Vanel à Toulouse.

L'urgence climatique largement partagée par les Français

Une chose est sûre, les Français ont dans une écrasante majorité conscience de l'urgence climatique. D'après un sondage réalisé en juin dernier par l'IFOP pour La Tribune, 82 % des Français se disent inquiets à l'égard du réchauffement climatique. « Il n'y a plus de clivages sociaux ou géographiques sur le sujet , relève Frédéric Dabi, directeur général de l'institut de sondage. La seule différence, c'est le degré d'intensité puisque 26 % de Français se disent très inquiets. C'est notamment le cas de beaucoup de jeunes qui peuvent connaître une éco anxiété. »

Mais comment transformer cette anxiété en changement durable ? L'enquête d'opinion montre que les mesures coercitives sont les moins populaires parmi les Français. Ces derniers privilégient des actions portées par les pouvoirs publics pour favoriser la végétalisation, développer le transport ferroviaire, réduire le recours aux pesticides... « En bas de tableau arrivent des mesures plus punitives comme l'obligation pour les propriétaires de rénover leur logement avant une vente, la limitation de l'accès aux villes des véhicules les plus polluants. Il y a un refus fort de l'opinion publique sur l'interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs. La seule mesure coercitive qui est majoritairement soutenue c'est l'interdiction de certains trajets en avion quand il existe une alternative plus rapide au train », poursuit Frédéric Dabi.

« Fierté de prendre le train »

De son côté, Isabelle Richard, chercheuse et docteure en psychologie sociale et environnementale d'Environnons, relève que « la motivation qui va reposer sur les valeurs de l'individu est la plus efficace et la plus pérenne dans le temps pour introduire un changement de comportement ». Preuve par l'exemple avec le train.

Fabien Soulet, directeur commercial et services de l'axe TGV Atlantique, observe chez les voyageurs ces dernières années « une fierté de prendre le train ». Pour encourager davantage de Français à prendre le train, le dirigeant estime qu'il faudrait faire preuve de pédagogie. « Les citoyens n'ont pas toujours en tête les ordres de grandeur. Par exemple, entre Toulouse et Paris, prendre le train émet 55 fois moins d'émissions CO2 qu'un avion, 25 fois moins qu'une voiture thermique et même 12 fois moins qu'un véhicule électrique », assène-t-il. L'arrivée prochaine dans la prochaine décennie de la LGV qui reliera en 3h10 Toulouse et Paris pourrait accentuer ce mouvement. Pour autant, malgré la prise de conscience écologique, il remarque que « le prix reste le critère n°1 » pour les clients.

Neuf millions d'euros de primes incitatives versées par Toulouse Métropole

Un constat aussi partagé par le président de Toulouse Métropole Jean-Luc Moudenc avec la volonté du gouvernement d'instaurer des ZFE (zones à faibles émissions) qui excluent les véhicules les plus polluants des grandes villes« Sur les ZFE, il y a un problème d'adhésion car beaucoup de citoyens se sont senties exclus car ils n'ont pas les moyens de remplacer leur vieille voiture par un véhicule propre et que les aides de l'Etat sont conditionnées à un plafond de revenus annuels de 12.000 euros. Au niveau de la Métropole, nous avons voulu prendre en compte des plafonds supérieurs pour intégrer les classes moyennes. » Toulouse Métropole a pour sa part mobilisé plus de 15.000 primes pour 9 millions d'euros avec des aides à la mobilité notamment pour acquérir un vélo électrique ou encore pour réaliser un audit énergétique de sa maison ou son entreprise.

Au-delà de l'échelle individuelle, même au niveau macroéconomique, l'engagement vers la transition énergétique est un bon calcul. L'économiste Gabriel Colletis cite une étude de l'Ademe montrant les conséquences dramatiques de l'inaction climatique sur l'économie française. Ainsi, dans le cas où les températures s'élèveraient au-delà de 3,5°C par rapport à l'ère préindustrielle, la France perdrait 260 milliards d'euros par an à la fin du siècle, soit dix points de PIB. A l'inverse, « le rapport Pisani-Ferry préconise pour faire face à ce réchauffement climatique d'investir entre 4 et 5 % du PIB dans cette transition », note le professeur enseignant à l'Université de Toulouse Capitole. L'économiste estime lui aussi que cet investissement sur la transition énergétique « doit davantage répondre à des logiques d'incitation qu'à des logiques de prélèvements pour engager des changements de comportement en matière de mobilité et de logement pour les citoyens mais aussi les entreprises ».

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