Législatives : le RN, face au front républicain à Toulouse et en Haute-Garonne, pourrait louper le coche

À Toulouse et en Haute-Garonne, les élections législatives anticipées pourraient renforcer la gauche. Bien que qualifié dans toutes les circonscriptions, le RN quant à lui pourrait compter très peu voire aucun député toulousain dimanche soir. Décryptage.
Après le second tour des élections législatives à Toulouse, le RN pourrait compter très peu de députés à Toulouse.
Après le second tour des élections législatives à Toulouse, le RN pourrait compter très peu de députés à Toulouse. (Crédits : Reuters)

Est-il possible d'être qualifié dans les dix circonscriptions du département et n'envoyer aucun député à l'Assemblée nationale, à l'issue du second tour des élections législatives ? C'est un scénario que doit envisager le Rassemblement national à Toulouse et en Haute-Garonne. Bien que sa présence au second tour dans toutes les circonscriptions témoigne d'une implantation bien plus forte que par le passé, cette terre historiquement à gauche entend bien résister à la vague bleue marine.

« Le peuple de gauche a toujours montré lors des scrutins précédents son sens des responsabilités en apportant ses voix aux candidats républicains face au risque de victoire du RN », a notamment déclaré Sébastien Vincini, le président socialiste du département, à la manoeuvre dans ces élections en raison de sa casquette de secrétaire général du Parti socialiste.

Pour preuve, certaines circonscriptions ne devraient pas tomber entre les mains du RN, parti qui ne comptait aucun député sur ce département jusqu'à présent. Tout d'abord, le député LFI sortant et candidat pour le Nouveau Front Populaire dans la quatrième circonscription, François Piquemal, a été réélu dès le premier tour. Cette performance confirme sérieusement son intérêt de présenter aux prochaines élections municipales à Toulouse, après avoir renforcé son ancrage dans la seule circonscription totalement toulousaine. Le député sortant LFI de la première circonscription, Hadrien Clouet, devrait lui conserver son siège à l'Assemblée, après ses 45% au premier tour et une triangulaire à l'horizon face à Ensemble et le RN. La configuration est identique dans la seconde circonscription au profit d'Anne Stambach (LFI), aussi députée sortante et qui devrait renouveler son mandat. La 9ème, entre les mains de l'écologiste Christine Arrighi, devrait lui revenir à l'issue du second tour également.

La majorité présidentielle sans député à Toulouse, dimanche ?

La majorité présidentielle entend aussi conserver certaines implantations locales malgré son maigre score national, elle qui comptait jusqu'alors quatre députés sur la Haute-Garonne. Ainsi, dans la troisième circonscription du département, la sortante LFI Agathe Roby pourrait être défaite au profit de son adversaire de 2022, Corinne Vignon (Ensemble). Cette dernière est arrivée seconde dimanche, avec moins de 800 voix d'écart pourrait récupérer son siège à l'Assemblée nationale, à l'issue d'une triangulaire avec Stéphanie Alarçon (RN) qui a obtenu 12 points de moins que le duo.

Moins favorable mais tout de même possible, la cinquième circonscription, qui abrite le Frontonnais, pourrait rester dans l'escarcelle présidentielle et son député Jean-François Portarrieu. Arrivé second avec plus de 29% des voix, l'élu local aura fort à faire face au référent départemental du RN, Julien Leonardelli et ses 39% du premier tour. Mais il pourrait remporter la troisième fois cette élection grâce au désistement de la candidate du Nouveau Front Populaire et ses près de 28% du premier tour.

A contrario, dans la sixième circonscription, à l'ouest de Toulouse, un changement de couleur politique va avoir lieu. La député sortante de la majorité, Monique Iborra, n'a eu d'autre choix que de se retirer malgré sa qualification au second tour face au risque de victoire du candidat RN Nadine Demange et ses 30,9%. Charge au socialiste Arnaud Simion, pour le Nouveau Front Populaire et ses 34% du premier tour d'éviter ce scénario. Avec le désistement de la députée - anciennement socialiste - le report de voix semble plus favorable au vice-président du conseil départemental, arrivé en tête au premier tour plutôt qu'à sa rivale. « J'ai toujours combattu les extrêmes et les compromissions d'où qu'elles viennent, je ne donnerai donc pas de consigne de vote », a notamment fait savoir Monique Iborra, doyenne de la précédente législature. Un choix non anodin alors que 3.000 voix séparent les deux derniers candidats, tandis que la député sortante en a rassemblé plus de 25.000 dimanche dernier...

Deux à trois circonscriptions gagnables pour le RN

Dans la 10ème circonscription, qui réunit Saint-Orens et le Lauragais, un mélange donc de territoires urbains et ruraux, la configuration est identique. Le Nouveau Front Populaire en tête, suivi du Rassemblement National, puis en troisième position la majorité. Seulement, les personnages changent et c'est toute la complexité. La majorité présidentielle est défendue par l'ancienne maire de Saint-Orens et surtout la ministre déléguée aux collectivités territoriales, Dominique Faure, qui a refusé de retirer sa candidature pour le second tour dans un premier temps, et ce malgré les 6.000 voix d'écart, avant de changer d'avis. « Le président de la République et le Premier ministre m'ont demandé de retirer ma candidature au second tour », explique-t-elle. Ce choix devrait permettre au président du Sicoval, l'intercommunalité du sud-est toulousain et socialiste depuis 30 ans, Jacques Oberti de transformer l'essai dimanche prochain. Le candidat du Nouveau Front Populaire a obtenu près de 5000 voix d'avance au premier tour de ces élections législatives face à la candidate du RN. Ce qui le place en bonne posture pour le second tour.

Finalement, les meilleures chances de victoire du parti lepéniste se situent au sud du département, les territoires les plus ruraux de celui-ci, comme dans la 8ème circonscription, bastion de la socialiste Carole Delga. Le député sortant, le socialiste Joël Aviragnet et proche de la présidente de la région Occitanie, est en difficulté pour garder son siège à l'Assemblée nationale. Il devra rattraper plus de 2.000 voix de retard face au candidat RN Loïc Delchard d'ici dimanche. Dans la 7ème circonscription voisine, le candidat RN est aussi arrivé devant avec plus de 5.000 voix face au député sortant LFI dans ce territoire où seulement quatre listes étaient inscrites. Mais le retrait de la candidate Ensemble, qualifiée pour une triangulaire avec ses plus de 18.000 voix, pourrait rebattre les cartes.

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