Spatial : Toulouse finalise Idéfix, le premier rover franco-allemand à la conquête des lunes de Mars

Après les rovers américains Curiosity et Perseverance envoyés vers la Planète rouge, la France a développé pour la première fois son propre rover en collaboration avec l'agence spatiale allemande et un tissu de PME hexagonales. Cette astromobile baptisée Idéfix va partir à la découverte des lunes de Mars et pourrait servir de base pour d'autres missions d'exploration du système solaire.
Toulouse finalise Idéfix, le premier rover franco-allemand à la conquête des lunes de Mars
Toulouse finalise Idéfix, le premier rover franco-allemand à la conquête des lunes de Mars (Crédits : Rémi Benoit)

Il n'y a pas que les Américains à savoir faire atterrir des rovers dans une atmosphère martienne. Après les succès de Curiosity et Perseverance développés par la Nasa, la France a développé pour la première fois en collaboration avec l'agence spatiale allemande son propre rover, destiné à la mission japonaise MMX (Martian Moons Exploration). Comme son nom l'indique, cette dernière vise à explorer les lunes martiennes.

Idéfix, un éclaireur pour la mission japonaise

Baptisée Idéfix, la petite astromobile franco-allemande d'à peine 25 kg et 40 centimètres de côté (loin de la tonne des rovers américains) aura un rôle-clé dans cette mission. En cas de succès, le rover sera le premier au monde à se poser dès début 2027 sur Phobos, l'une des deux lunes martiennes avec Deimos, sur laquelle la communauté scientifique a pour le moment peu de connaissances.

« Idéfix aura un rôle d'éclaireur. Le rover va rouler en premier sur la surface de Phobos pour sécuriser l'atterrissage par la suite de la sonde japonaise qui sera chargée de collecter des échantillons et de les renvoyer vers la Terre. En analysant la progression d'Idéfix, on pourra savoir si le sol de la lune martienne est plutôt mou ou dur et limiter un risque de basculement ou d'enlisement de la sonde », explique Stéphane Mary, chef de projet MMX au sein du CNES.

rover idefix

Le rover Idéfix d'à peine 25 kg et 40 centimètres de côté aura un rôle-clé dans la mission MMX. (Crédits : Rémi Benoit)

Lire aussiCuriosity : les équipes du Cnes à Toulouse prêtes à jouer les prolongations sur Mars

En ouvrant la voie à la sonde japonaise, le rover Idéfix contribuera à percer les mystères qui persistent autour de l'origine de l'apparition de ces lunes martiennes.

« Il existe actuellement deux scénarios pour expliquer l'origine des deux lunes martiennes Phobos et Deimos. La première c'est la capture d'astéroïdes par la Planète rouge et la seconde c'est un impact géant sur Mars comme celui qui a formé la lune de la Terre. À partir des échantillons collectés sur Phobos, nous allons pouvoir en principe discriminer entre ces deux scénarios puisque dans un scénario, on s'attend à avoir de la matière astéroïdale et dans l'autre scénario une sorte de mélange entre du matériau de Mars précoce et d'autres éléments », avance Patrick Michel, responsable scientifique français du rover MMX au sein du CNRS et de l'Observatoire de la Côte d'Azur.

Un coup d'essai pour lancer d'autres rovers d'exploration ?

Au-delà de ces forts enjeux scientifiques autour de la mission japonaise, le rover Idéfix représente un enjeu industriel de taille pour la France et l'Allemagne. En cas de succès, le rover pourrait servir de base pour contribuer à d'autres missions d'exploration du système solaire.

« Sur cette mission, il s'est passé cinq ans entre la signature du partenariat et la livraison du rover. C'est très court à l'échelle d'une mission spatiale. Pour répondre très rapidement aux appels d'offres et ne pas mettre 20 ans à monter une mission, l'idée est de se servir de technologies déjà utilisées sur les cubesats (tous petits satellites, NDLR) dans d'autres missions et de les réutiliser pour des missions d'exploration du système solaire », relève Stéphane Mary, chef de projet MMX au sein du CNES.

Pour la fabrication du rover Idéfix, le CNES a fait appel à des composants sur étagère fournis par un tissu de PME hexagonales et notamment toulousaines entre Steel Électronique qui a livré le calculateur de bord, le système de puissance d'Erems, les antennes d'Anywaves, le générateur solaire d'Hemeria et des éléments de la constellation de Kinéis. Idéfix sera-t-il le premier d'une longue série de rovers fabriqués en partie en France ? Réponse dans les prochaines années. Le rover, actuellement en cours de finalisation à Toulouse, sera livré au mois de novembre pour décoller courant 2024 et atterrir à partir de 2027 sur Phobos.

Lire aussiSpatial : porté par Pléiades Neo, Erems va quasiment tripler ses locaux

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.