Spatial : porté par Pléiades Neo, Erems va quasiment tripler ses locaux

Le PME toulousaine Erems vient de lancer un chantier à 7 millions d'euros pour agrandir ses locaux et se doter d'une salle blanche avec une ligne automatisée de câblage de cartes électroniques. Une extension nécessaire pour l'acteur du spatial qui a multiplié les contrats ces dernières années : Pléiades Néo, Copernicus, Swot, Mars Sample Return...
Erems est porté notamment par des contrats d'observation de la Terre.
Erems est porté notamment par des contrats d'observation de la Terre. (Crédits : Florine Galéron)

Le 20 décembre prochain, les deux derniers satellites de la constellation Pléiades Neo  doivent être envoyés en orbite depuis le lanceur Vega-C. Ces satellites produits par Airbus Defence and Space sont capables de fournir des images d'une résolution de 30 cm en quasi temps réel. Ce que l'on sait moins, c'est que l'essentiel de l'électronique de l'instrument optique a été réalisé par la PME toulousaine Erems. « Pléiades Néo, cela représente pour Erems plus de 150.000 heures de travail entre les ingénieurs, les techniciens, mais aussi les opérateurs de fabrication. Nous avons fourni une trentaine d'équipements pour les quatre satellites de cette constellation. C'est un très grand contrat dont nous voyons désormais l'aboutissement», se réjouit Gérard Dejonghe, président d'Erems.

Une expertise historique dans le vol habité

Fondée en 1979, cette PME implantée à Flourens dans l'agglomération toulousaine s'est à l'origine positionnée sur le développement d'instruments électroniques pour les vols habités. La société a équipé tous les astronautes français depuis la mission de Patrick Baudry en 1985 et est devenue au fil des décennies un gros pourvoyeur d'éléments pour la station spatiale internationale (ISS). Pour Proxima, la première mission de Thomas Pesquet dans l'espace, Erems avait développé l'instrument de l'expérience Echo, un dispositif d'échographies réalisées à distance par un robot. Pour la dernière mission de l'astronaute français, la PME a réalisé le boîtier électronique et les câbles de l'instrument Télémaque qui vise à faire bouger des objets sans contact.

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Lors de la dernière mission de Thomas Pesquet dans l'ISS, Erems a réalisé le boîtier électronique et les câbles de l'instrument Télémaque (Crédits : DR).

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Mais au-delà de cette activité historique, Erems a fortement développé depuis les années 2000 son activité à destination des satellites d'observation de la Terre et des autres astres. Le 15 décembre prochain, le satellite franco-américain SWOT sera envoyé en orbite par le lanceur Falcon 9 de SpaceX avec pour mission de sonder 90 % des eaux de surface de la Terre.

Pour ce satellite, Thales a fait appel à Erems pour développer le RTU (remote terminal unit), un équipement qui vient contrôler l'ensemble des sous-systèmes du satellite. La PME participe également à la constellation optique CO3D pour le Cnes qui doit livrer des images en trois dimensions de la surface de la Terre. C'est aussi Erems qui fournira à Airbus un équipement en charge du contrôle des interfaces avioniques du vaisseau chargé de ramener les échantillons de Mars sur Terre dans le cadre de la mission Mars Sample Return.

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Se préparer aux nouvelles générations de composants

Avec cette multiplication de contrats, la société est à l'étroit dans ses locaux actuels et vient de lancer début décembre un vaste chantier d'agrandissement de 7 millions d'euros (5,5 millions pour les bâtiments et 1,5 million pour les équipements) pour passer de 1.500 m2 de bâtiments historiques à une surface de 4.200 m2 d'ici fin 2023. « Aujourd'hui, l'effectif plafonne à 170 salariés car nous n'avons pas la place pour accueillir plus de collaborateurs. Nous sommes actuellement répartis sur six bâtiments en comptant les préfabriqués et les trois voisins chez qui nous louons des locaux. L'objectif est de regrouper tous les salariés et nos moyens de fabrication et de tests dans un même lieu », explique Gérard Dejonghe.

Au-delà de l'agrandissement, Erems va en profiter pour se doter d'une nouvelle salle blanche avec une ligne automatisée de câblage de cartes électroniques. Un équipement pour lequel la PME a été lauréate du plan France Relance à hauteur de 574.000 euros et qui va lui permettre de s'adapter à la fabrication des futures constellations de satellites.

« La première vocation de cette ligne est de pouvoir continuer à être autonome sur la fabrication d'équipements électroniques pour le spatial. Aujourd'hui, nous câblons encore beaucoup de cartes de manière manuelle avec le fer à souder mais nous avons de plus en plus besoin de machines pour les composants de nouvelle génération. Pour la constellation Kinéis, nous fournissons 25 équipements de distribution d'énergie qui sont câblés avec des composants automobiles qualifiés pour le spatial. Il en est de même pour la future constellation CO3D. Ce type de composants ne peuvent pas se câbler à la main », décrit le dirigeant.

Avant d'ajouter : « Le câblage en machine devient rentable dès qu'il faut produire une série de plusieurs exemplaires de composants électroniques. Dans le spatial, il y a ces dernières années, une évolution vers plus de récurrence sur un certain nombre de marchés. En complément de nos marchés du spatial traditionnel, cette ligne répondra donc aussi au besoin des projets de plusieurs dizaines voire centaines d'équipements.» La nouvelle salle blanche devrait être livrée dès cet été, même s'il faudra un an de qualification avant de pouvoir y fabriquer des modèles de vol. Erems compte aussi profiter de l'extension pour installer des ombrières photovoltaïques sur ses parkings pour produire une partie de son énergie et vendre le cas échéant le surplus non consommé.

Les nouveaux locaux pourront accueillir jusqu'à 200 collaborateurs. Erems a ouvert des postes d'électroniciens et souhaite passer la barre des 180 salariés d'ici un an. La société toulousaine devrait à nouveau réaliser un chiffre d'affaires annuel de 17 millions d'euros sur l'exercice 2022-2023.

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