Spatial : Infinity Space Providers s'engage dans la bataille des mini-lanceurs 100% réutilisables

La startup toulousaine Infinity Space Providers vient de lancer un prototype miniature de son futur mini-lanceur 100% réutilisable attendu sur le marché fin 2028 et planche sur une série de services associés pour réduire les débris spatiaux.
Infinity Space Providers a lancé le mois dernier un prototype échelle réduite de son futur lanceur réutilisable.
Infinity Space Providers a lancé le mois dernier un prototype échelle réduite de son futur lanceur réutilisable. (Crédits : Reuters)

Pour SpaceX, c'est devenu une routine. Depuis sept ans, l'Américain est capable de récupérer le premier étage des lanceurs Falcon 9. SpaceX veut aller plus loin avec Starship dont les étages doivent être entièrement réutilisables mais pour le moment la société n'a pas encore réussi à les faire revenir sur Terre.

Cette révolution de la réutilisation ruisselle aussi désormais vers le monde des mini-lanceurs, ces fusées petit format capables d'envoyer en orbite jusqu'à 500 kg. L'Américain Rocket Lab a déjà récupéré avec succès le premier étage de sa fusée Electron. Contrairement à SpaceX, Rocket Lab a utilisé pour ce vol un système de parachute pour un atterrissage contrôlé sur l'eau avant la récupération par un navire. En France, ArianeGroup a annoncé l'été dernier le « succès » du premier allumage test d'un étage complet de lanceur spatial réutilisable (couple moteur Promotheus et étage réutilisable Themis).

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Un lanceur 100% réutilisable pour limiter les débris

Face à ces acteurs bien établis, une jeune pousse toulousaine entend se frayer une place dans le monde des mini-lanceurs réutilisables. Fondée en 2022, Infinity Space Providers a l'ambition de mettre au point Arcadia, un lanceur 100% réutilisable, où donc non seulement le premier mais aussi le second étage reviennent sur Terre, de manière à limiter au maximum la génération de débris spatiaux.

« Aujourd'hui, il n'existe aucun lanceur qui soit 100 % réutilisable donc le second étage devient un débris. Pour limiter la pollution spatiale, certains projettent d'envoyer des satellites pour retirer ces débris. Mais il ne faudrait pas générer de nouveaux débris, ce serait comme récupérer les poubelles chez un habitant pour en déposer de nouvelles chez le voisin », avance Michel Condé, PDG de la startup. Avec le risque d'un paradoxe : que les apports indispensables au suivi du changement climatique des activités spatiales ne soient menacés par le prolifération de débris. « Le pire serait un syndrome de Kessler où la pollution spatiale devient généralisée et qu'il n'est plus possible de lancer des objets en orbite », ajoute-t-il.

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Michel Condé, PDG de la startup Infinity Space Providers. (Crédits: Infinity Space Providers)

Le lanceur d'Infinity Space Providers est appelé à voler fin 2028. « Il fera 30 mètres de haut, deux mètres de diamètre avec une capacité de lancement standard de 500 kilos puis une mise en orbite de la charge utile aux alentours des 500 kilomètres », décrit Michel Condé. Le lanceur sera réutilisable entre huit et vingt fois. Au-delà de l'aspect réutilisation des étages, la startup entend réduire l'impact environnemental de la solution en limitant la combustion des ergols et pourquoi pas utiliser un parachute pour faire atterrir le lanceur sans allumer les moteurs. Au niveau des choix des matériaux, des études sont menées pour intégrer dans la coiffe par exemple des fibres composites.

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Infinity Space Providers vient d'ailleurs d'être sélectionnée au cours d'un challenge R&T du CNES pour éditer un guide pratique de l'utilisation de l'éco-conception dans le spatial au niveau des moteurs, des moyens au sol et des opérations dans l'espace.

Nouveaux tests et levée de fonds

Le 23 mars dernier, la startup a fait décoller une version miniature de son lanceur sur lequel a été testé un premier moteur. Ce démonstrateur faisait deux mètres de haut et 20 kilos. Un nouvel essai sera mené cet avec ce type de fusées sondes capables d'aller jusqu'à 10 kilomètres d'altitude. L'objectif est de récupérer le parachute du lanceur, de le reconditionner pour le lancer à nouveau. D'ici fin 2025, la startup projette d'envoyer un nouveau démonstrateur de cinq mètres capable d'emporter vingt kilos jusqu'à 100 kilomètres.

Infinity Space Providers vise des solutions pour les écoles notamment d'ingénieur, pour des activités surborbitales afin de tester des composants ou des expériences ou enfin l'envoi de charges utiles pour réaliser des opérations dans l'espace. Incubée à l'accélérateur de TBS à Toulouse depuis un an, la jeune société, qui faisait partie de la sélection occitane du concours Tech for Future organisé par La Tribune, entend lever cinq millions d'euros (dont la moitié en capital) d'ici la fin de l'année.

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Commentaires 2
à écrit le 11/04/2024 à 16:39
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On n'a pas besoin de ça.On a besoin des gros propulsseurs avec beacoup de la force.Pas ces petit nulls comme des voiturettes françaises de 1.2l 3 cylindres mais les gros Vi eight americains de pick up.

à écrit le 11/04/2024 à 9:18
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Ca respire le sérieux....

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