ATB, LGV, campus TBS, sa succession... Robardey (CCI Toulouse) se confie avant son départ

À quelques semaines de la fin de son mandat à la tête de la CCI de Toulouse, Philippe Robardey, patron de Sogeclair, a accepté de revenir sur certains dossiers qui ont animé son mandat. Coupes budgétaires à l'égard des CCI, gestion chinoise de l'aéroport, LGV, ou encore projet immobilier de TBS, sans oublier d'avoir un mot sur son présumé successeur. Voici ses dernières confidences avant sa révérence.
Philippe Robardey va quitter la présidence de la CCI de Toulouse dans quelques semaines.

"Très rapidement, j'ai su que je ne ferai qu'un seul mandat", confie à La Tribune Philippe Robardey, le président de la CCI de Toulouse, pour encore quelques semaines. En cause ? La nécessité d'un engagement à plein temps et le sentiment du devoir accompli presque cinq années après son arrivée à la tête de la chambre consulaire.

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Surtout, bien qu'il n'aura eu qu'un seul mandat à ce poste, celui qui est aussi le dirigeant et fondateur de la société Sogeclair aura eu un quinquennat non de tout repos, avec tout d'abord la transformation (contrainte) de "sa" CCI face aux coupes budgétaires ordonnées par l'État.

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"Nous avons perdu 41,18% de nos ressources fiscales, ce qui représente 4,6 millions d'euros chaque année. Surtout, nous avons très vite compris que cette contraction des budgets ne pourrait pas passer sans une compression de nos effectifs. Nous sommes passés de 133 collaborateurs en début de mandature, à 93 aujourd'hui. J'ai tendance à dire que c'est l'un des plus beaux plans sociaux français qui s'est fait en silence", lâche-t-il non sans amertume.

Parallèlement à cela, la CCI de Toulouse a mené un vaste plan de rénovation et d'optimisation de ses locaux en plein centre de la Ville rose afin de développer une activité de location et dégager ainsi de nouvelles sources de revenus. Une obligation alors que l'aéroport de Toulouse-Blagnac (ATB), dont la CCI est actionnaire à hauteur de 25% du capital, ne rapporte plus rien depuis deux ans en matière de dividendes après deux exercices bousculés par la crise sanitaire.

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Les transports au coeur de son mandat

D'ailleurs, 18 mois après la vente des 49,99% du capital d'ATB du Chinois Casil Europe envers le groupe français Eiffage, le président sortant de la CCI de Toulouse se montre soulagé : "comment aurions-nous traversé la crise sanitaire avec Casil ?", se demande-t-il non sans inquiétude.

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"C'était extrêmement tendu avec eux... Ils se comportaient comme un actionnaire qui détenait 100% du capital, en voulant dominer et être présent absolument partout", confesse Philippe Robardey.

Rassuré par la venue du groupe français en fin d'année 2019, le représentant des entreprises qualifie Eiffage de "bon gestionnaire" et salue la relation de qualité nouée avec les collectivités actionnaires (conseils régional, départemental et métropolitain) et la CCI. Le dirigeant se réjouit également, à l'aube de laisser son fauteuil, que les quatre actionnaires locaux sont parvenus à parler d'une seule voix ces cinq dernières années sur la gestion de l'aéroport sauf sur un point, qui concerne en particulier Toulouse Métropole.

"Ne pas faire passer la troisième ligne de métro par l'aéroport est une erreur que Toulouse paiera pendant les 50 prochaines années. Je ne pense pas qu'il y ait une ville au monde qui fasse passer aussi près un métro son aéroport, sans le desservir. Mais sur les villes autour chacun voulait sa petite station, son petit coupage de ruban... Je croyais que la politique c'était pour l'intérêt collectif. La question du surcoût éventuel généré par cette opération ? Ce n'est pas sérieux, c'est une posture politique", lâche-t-il.

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Pour mémoire, Tisséo, l'autorité régulatrice des transports à Toulouse, et la Métropole, ont fait le choix d'une "navette express" pour relier la station Jean Maga de Blagnac à l'aéroport, en supprimant la ligne T2 du tramway. Un choix que regrette tout le tissu économique local.

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Toujours sur la question des transports, bien que pas consulté sur le projet sous sa mandature, Philippe Robardey suit attentivement les derniers rebondissements sur le dossier de la LGV Toulouse-Bordeaux. Pour ce projet estimé à plus de 10 milliards d'euros, le co-financement collectivités locales-État-Union européenne devrait inclure tout de même une nouvelle taxe sur les entreprises. Si ce point sera arrêté d'ici avril 2022, une taxe sur l'immobilier professionnel pourrait venir se mêler à la partie, à l'image de ce qui se fait pour le Grand Paris Express.

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"Les taxes ne doivent pas augmenter. Les infrastructures doivent trouver leur équilibre financier par elles-mêmes et c'est d'ailleurs le travail des collectivités locales. Puis c'est l'opérateur qui doit trouver comment la rentabiliser. Pour ces projets, on doit être dans la recherche d'optimisation des dépenses pour dégager de la marge d'investissement, comme font les chefs d'entreprise", met en garde Philippe Robardey.

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"Nous avons perdu deux ans (sur le futur campus de TBS)"

Enfin, au bilan de son mandat, le président de la CCI de Toulouse depuis 2017 met en avant les avancées concernant le futur campus de la Toulouse Business School (la CCI est actionnaire à 99% de l'établissement), lauréat du concours d'architecture "Dessine Moi Toulouse". Néanmoins, après avoir désigné l'architecte pour cet édifice de 30.000 m2, les choses n'avancent guère vite constate avec regret Philippe Robardey.

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"Je suis arrivé à un rendez-vous avec la Métropole sur le sujet avec un plan de financement complet et on m'a répondu 'doucement, il faut discuter avant avec tels voisins, tels commerces et étudier le déménagement des clubs de sport présents sur la zone'. Tout le monde ne le prend pas comme un projet majeur pour la collectivité, on perd du temps. Je pense même que nous avons perdu deux ans depuis le début du projet et ce n'est peut-être pas fini. Nous n'avons toujours pas signé l'acte d'achat du foncier en question. On visait la rentrée 2023 pour ce nouveau campus, je pense qu'on sera même au-delà de la rentrée 2025", concède le dirigeant de Sogeclair.

Si tout se passe bien donc, c'est bel et bien son successeur qui verra l'aboutissement d'un projet à 100 millions d'euros. Selon des informations de La Tribune, c'est Patrick Piedrafita, le patron de la filiale Airbus Opérations SAS, qui doit prendre la relève après un accord entre la CPME 31 et le Medef 31. "Je me félicite qu'il y ait eu un accord. C'est important d'avoir un dirigeant reconnu, disponible, attaché au territoire, engagé et surtout indépendant vis-à-vis des collectivités. L'indépendance c'est essentiel dans ce job. Je souhaite le meilleur à la prochaine mandature", commente-t-il. Les deux syndicats patronaux doivent tenir une conférence de presse le 21 octobre pour officialiser les contours de cette alliance à la veille du début des élections consulaires, bien qu'il n'y aura qu'une seule liste pour briguer la CCI de Toulouse.

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