Aucun dividende ne sera versé aux actionnaires de l'aéroport Toulouse-Blagnac

D'après les informations de La Tribune, les actionnaires de l'aéroport Toulouse-Blagnac ne se verseront pas de dividende au cours de l'année 2020 en raison de la situation économique liée au Covid-19. Une première depuis de nombreuses années. Les détails.
Les actionnaires d'ATB ne toucheront pas de dividende en 2020.

Selon les informations de La Tribune, les actionnaires de l'Aéroport Toulouse-Blagnac (ATB) ont décidé de ne pas se verser de dividende au cours de l'année 2020 au titre des résultats de 2019. Pour rappel, l'actionnariat est composé de la Région Occitanie (5%), du Département de Haute-Garonne (5%), de Toulouse Métropole (5%), de la Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse (25%), de l'État via l'agence des participations de l'État (10,01%) et du groupe Eiffage (49,99%). Tous ces acteurs ont ainsi tenu un conseil de surveillance vendredi 24 avril, et c'est au cours de celui-ci que la décision a été prise.

"Cette pandémie a provoqué une chute brutale et durable du trafic aérien mondial. Face à cette crise, le management a pris les décisions qui s'imposaient pour vous protéger et pour préserver la stabilité de l'entreprise. Aéroport Toulouse-Blagnac continue de fonctionner et nous venons d'achever une séquence de gouvernance par la tenue du Conseil de Surveillance. Je souhaite en partager les principales conclusions avec vous. Le Conseil a approuvé les comptes 2019. Tenant compte des circonstances exceptionnelles, les actionnaires ont décidé à l'unanimité de soutenir la proposition que fera le Directoire à l'Assemblée Générale de juin de ne pas verser de dividendes au titre du résultat 2019".

Ces justifications ont été apportées par le nouveau président du conseil de surveillance d'ATB depuis la prise de participation d'Eiffage, Marc Legrand, dans un mail envoyé lundi 27 avril aux 300 salariés de l'entreprise gestionnaire de l'aéroport et que La Tribune a pu consulter.

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Un souhait du ministre de l'Économie

C'est une décision loin d'être anodine au regard de l'investissement d'environ 507 millions d'euros réalisé par le groupe français le 30 décembre dernier afin d'acquérir les parts de l'ancien actionnaire chinois Casil Europe. Dès l'arrivée de ce dernier aux commandes de l'infrastructure aéroportuaire en avril 2015, la question des dividendes était devenue un sujet hautement sensible dans l'écosystème toulousain.

En 2016, Casil Europe avait obtenu 17,5 millions d'euros en puisant dans les réserves financières de l'aéroport, puis 7,85 millions d'euros en 2017 (dont 1,5 million d'euros puisé dans les réserves), 14 millions d'euros de dividendes (aucune ponction cette fois dans les réserves) et 16 millions d'euros en novembre 2019 avant d'acter son départ d'ATB. Un comportement jugé "cavalière" par de nombreux acteurs du dossier à l'époque, malgré un accord scellé avec les actionnaires locaux sur le sujet.

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Devant tant de tensions, Eiffage a souhaité engager un dialogue sur le sujet avec les collectivités locales présentes au sein d'ATB afin d'ériger une stratégie à propos de ces dividendes. Désormais, quelles seront les conséquences de la crise économique liée au Covid-19 sur les intentions d'Eiffage à ce propos dans les années à venir, après cette "pause" en 2020 ?

Si cette décision est tout à l'honneur des actionnaires et en particulier d'Eiffage, celle-ci n'est pas pour autant surprenante. Au début de la crise, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a fait savoir publiquement qu'il ne souhaitait pas voir les entreprises verser des dividendes à leurs actionnaires si l'État était présent au capital, et encore plus si l'entreprise en question faisait appel au dispositif de chômage partiel. Ce qui est doublement le cas donc pour l'Aéroport Toulouse-Blagnac.

Une décision saluée par les collectivités locales

Comme le révélait La Tribune début avril, la société gestionnaire de l'aéroport Toulouse-Blagnac Dominique Baudis, ATB, a pris la décision de placer l'ensemble de son personnel au chômage partiel jusqu'au 5 septembre prochain face à la chute drastique du trafic aérien. Dans ce contexte, le choix de ne pas encaisser les dividendes est tout de même apprécié par les collectivités locales, détentrices de 40% du capital.

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"C'est une décision parfaitement logique au regard de la situation et nous apprécions tout particulièrement qu'Eiffage ait pris les devants pour nous l'annoncer. Dans un contexte de fragilité économique, il ne faut pas davantage déstabiliser l'entreprise", commente Bernard Keller, conseiler régional, vice-président de Toulouse Métropole et représentant de celle-ci au conseil de surveillance.

Par ailleurs, ce calme aérien entraîne aussi une baisse des recettes de l'aéroport en raison du non-versement de la redevance payée par les compagnies qui empruntent l'aéroport Toulouse-Blagnac. Ainsi, le conseil de surveillance a également acté "la première révision du budget 2020". Pour rappel, ATB a réalisé un chiffre d'affaires de 160,6 millions d'euros l'année dernière.

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