Thales Alenia Space réindustrialise à Toulouse la production de puces électroniques pour le spatial

Thales Alenia Space s'est allié avec la PME Synergie Cad pour créer à Toulouse une ligne de référence en Europe de petites séries de puces électroniques complexes pour répondre aux nouveaux besoins du NewSpace mais aussi alimenter l'automobile, le médical et la téléphonie. 40 ans après la création de son site toulousain, le géant européen veut plus que jamais rester à la pointe de l'innovation spatiale.
40 ans après la création de son site toulousain, Thales Alenia Space veut plus que jamais rester à la pointe de l'innovation spatiale.
40 ans après la création de son site toulousain, Thales Alenia Space veut plus que jamais rester à la pointe de l'innovation spatiale. (Crédits : Rémi Benoit)

La pénurie de semi-conducteurs et le quasi monopole de leur production en Asie ont lourdement ébranlé ces dernières années l'industrie automobile avec des conséquences sur de larges pans de l'économie mondiale. Pour regagner en souveraineté en matière d'électronique, Thales Alenia Space a ouvert depuis un an sur son site de Toulouse une ligne de production de petites séries de circuits intégrés.

Le géant européen du spatial s'est allié avec la PME Synergie CAD PSC, spécialisée dans l'industrialisation et la production de puces électroniques et qui fait partie du groupe Synergie CAD, leader international dans le développement et la fabrication de cartes électroniques pour les gros fabricants mondiaux de la microélectronique. « Ce partenariat entre notre petite société et un grand groupe comme Thales Alenia Space a vocation à favoriser la réindustrialisation en bâtissant à Toulouse une ligne européenne de référence dans le domaine de l'assemblage des puces électroniques complexes appelées communément System-in-package (Sip)», avance Philippe Laban, directeur de Synergie CAD.

Produire jusqu'à 100.000 cartes par an à Toulouse

Actuellement, la ligne de production commence à produire les premières cartes électroniques du nouveau best-seller de Thales Alenia, le satellite flexible Space Inspire qui lui a permis l'an passé de rafler la majeure partie du marché mondial des satellites de télécoms. « Thales Alenia Space dispose de la seule entité industrielle française capable de produire tous les équipements et sous-systèmes de charges utiles pour les satellites. Même nos compétiteurs d'Airbus Defence and Space n'ont pas un tel équipement », souligne Philippe Bondeau, directeur industriel électronique de TAS.

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La ligne n'a pas vocation à concurrencer la production asiatique puisqu'elle se positionne sur une offre qualitative pour de petites séries. Le géant du spatial s'est fixé pour objectif de produire à terme jusqu'à 100.000 cartes électroniques par an à Toulouse. L'équipement pourrait être utilisé pour la future constellation européenne Iris2 qui demandera à elle seule 5.000 pièces par an pendant cinq ans. La ligne pourrait aussi servir les besoins des acteurs du NewSpace pour équiper leurs futurs nanosatellites. Mais au-delà du spatial, la ligne fournira des équipements pour l'automobile, le médical, la téléphonie... D'ailleurs en un an, sur 3.000 circuits imprimés produits, seuls 500 étaient destinés au spatial.

Rester à la pointe et s'ouvrir aux acteurs du NewSpace

Ce nouvel équipement a été dévoilé à l'occasion des 40 ans du site de Thales Alenia Space à Toulouse. La filiale de Thales (67%) et du groupe italien Leonardo (33%) souhaite plus que jamais rester à la pointe de l'innovation. « Le spatial, c'est une industrie de pointe avec des cycles d'innovation très rapides et des gap technologiques très importants d'une génération de satellites à la suivante », rappelle Hervé Derrey, PDG de Thales Alenia Space.

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Hervé Derrey, PDG de Thales Alenia Space. (Crédits : Rémi Benoit)

À Toulouse, siège social pour la France et plus grand site de la filiale avec 2.800 salariés (sur un effectif global de 8.000 personnes dans neuf pays), depuis les labos de recherche et les 10.000 m2 de salles blanches on imagine déjà « des développements dans des domaines de pointe que sont les communications optiques, le quantique et les composants électroniques complexes », ajoute le PDG.

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Le site toulousain dispose aussi d'importants moyens de tests pour simuler l'environnement spatial, que ce soit les vibrations thermiques ou thermiques aussi et compatibilité électromagnétique. « Ce qui est nouveau », remarque Denis Allard, le directeur du site toulousain, « c'est que nous commençons à ouvrir nos moyens de tests au milieu des startups. Deux d'entre elles, U-Space et Kinéis, ont ainsi réalisé des essais de vide thermique pour leurs satellites.

Thales Alenia Space a aussi annoncé en juillet dernier la création du Space Business Catalyst, un accélérateur de startups et de projets internes, hébergé à la fois sur ses sites de Toulouse et Turin autour de la nouvelle économie spatiale : modèles économiques disruptifs, logistique dans l'espace, économie lunaire, apport du spatial à la finance durable... Trois startups sont déjà accueillies sur le site toulousain : SpaceLocker qui veut participer à la révolution du satellite réutilisable, le Slovaque 3IPK qui veut lutter contre le deepfake d'images satellite et depuis la rentrée l'Allemand Orbital Matter positionné sur une technologie d'impression 3D dans l'espace.

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Nathalie Font pressentie pour succéder à Denis Allard

Pour ses 40 ans, le site de Thales Alenia Space en a également profité pour inaugurer un parc d'ombrières photovoltaïques de 13 400 m2 sur deux des principaux parkings de l'établissement qui produiront 10 % de l'énergie totale du site de Toulouse. Ce dernier s'apprête à tourner une nouvelle page avec le départ à la retraite le mois prochain de Denis Allard. Nathalie Font devrait le remplacer à la tête du site toulousain de TAS.

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Le parc photovoltaïque produira 10% des besoins du site toulousain de Thales Alenia Space (Crédits : Rémi Benoit).

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