Immeubles en péril : le maire de Toulouse va accentuer la surveillance

Après un effondrement total et deux alertes sérieuses sur d'autres immeubles au coeur de Toulouse ces derniers jours, regroupant logements et commerces, le maire de la Ville, Jean-Luc Moudenc, a tenu à faire le point mardi 19 mars. L'élu compte renforcer les moyens de surveillance du bâti ancien dans le centre-ville de la quatrième ville de France.
Après un accident mortel sur le chantier de la future ligne C du métro, le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, a été confronté à l'effondrement total d'un immeuble en plein coeur de la ville.
Après un accident mortel sur le chantier de la future ligne C du métro, le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, a été confronté à l'effondrement total d'un immeuble en plein coeur de la ville. (Crédits : Rémi Benoit)

Après l'effondrement total d'un immeuble rue Saint Rome, en plein coeur de Toulouse, la mairie est dans l'obligation morale de rendre des comptes... Le rapport est tombé pour l'immeuble du 2 bis place Belfort, à Toulouse, évacué le 16 mars dans la soirée. Les travaux devraient être achevés dans les prochains jours, mais le périmètre de sécurité reste maintenu jusqu'à nouvel ordre. Quant à la rue des Puits Clos, l'expertise est toujours en cours, mais devrait s'achever prochainement. Ce sont toujours pas moins de 20 commerces qui sont encore fermés en raison de cet effondrement. « Nous ne sommes pas en capacité de donner des dates de réouverture », regrette Jean-Luc Moudenc, maire de la ville de Toulouse.

Après une recrudescence du nombre d'alertes pour « immeuble en péril » par les habitants auprès de la collectivité, l'édile a tenu à faire le point devant la presse le 19 mars, sur les dossiers chauds du moment.

Pour l'immeuble du quatre rue Saint-Rome et du numéro un rue des Puits Clos, les propriétaires et syndicats affirment ne pas être en possession des moyens financiers pour sécuriser, agir et héberger.

« Nous avons alors immédiatement débloqué la somme de 50.000 euros, puis avec l'ampleur du problème, nous avons bien vu qu'il fallait mobiliser plus, nous avons aujourd'hui engagé 265.000 euros pour des interventions sur ces bâtiments », précise le maire de la Ville rose.

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Pour mémoire, un immeuble s'est effondré rue Saint-Rome dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 mars à Toulouse, il avait été évacué quelques jours plus tôt. Cela a entraîné l'évacuation de l'immeuble mitoyen, rue des Puits-clos.

« Les propriétaires ont une responsabilité »

Une réunion s'est tenue sur le cas particulier du 1 rue des Puits Clos, dont la collectivité affirme connaître les complexités depuis des années, et qui concerne aussi les immeubles mitoyens. « Nous y avons convié les propriétaires, les syndicats, les locataires du numéro un et trois de cette rue, ainsi que le cinq de la rue Peyras, puisque cet immeuble a une entrée rue des Puits Clos. Nous voulions réunir toutes les parties prenantes pour identifier les difficultés de chacun et accompagner les démarches », soutient Jean-Luc Moudenc. Pour autant, l'élu ne veut pas combler l'inaction de certains propriétaires.

« Les propriétaires ont une responsabilité sur la solidité des bâtiments ainsi que leur entretien. Il existe un devoir de précaution, sur tout ce qui touche à la structure des bâtiments. Les occupants commerciaux et les locataires ont eux aussi une responsabilité d'alerte. La mairie peut être mobilisée, mais elle n'agit que si elle est alertée », prévient le maire de Toulouse.

Une étude de repérage avait été déjà réalisée en 2011 et 2012 sur la métropole, avec 301 immeubles jugés 'en mauvais état' ou 'insalubres', mais aucun des trois immeubles effondrés ou à risque ne figurait dans ce listing. « Ces dix dernières années, il y a eu quatre effondrements partiels d'immeubles et un total, qui n'ont fait aucune victime, et un seul était dans l'étude », constate l'élu.

128 immeubles rénovés depuis 2014

Un programme d'intérêt général (PIG) avait dès lors été mis en place à l'échelle métropolitaine, en partenariat avec l'ANAH. Ce programme permet les opérations de rénovation pour les bâtis en état de forte précarité avec un co-pilotage des collectivités. Depuis, 39 bâtiments ont été rénovés en 2013 et 2014. 128 immeubles rénovés s'ajoutent au calcul depuis cette période.

« Ce PIG a donné des résultats limités. Simplement parce que c'est une simple incitation que la collectivité peut formuler vis-à-vis des propriétaires et non une obligation. Très peu de retours ont été communiqués, par le caractère facultatif de nos sollicitations, 75 propriétaires seulement ont accepté les visites et modalités sur 421 contactés », déplore le maire.

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Aussi, depuis 2015, un périmètre sauvegardé de mise en valeur (PSMV) est initié, il aboutira en 2025. « Nous sommes très volontaristes puisque ce sera le plus grand PSMV de France, avec 256 hectares et 12.700 immeubles concernés », avance Jean-Luc Moudenc. Par ailleurs, depuis 2021, la ville de Toulouse a reçu 438 signalements, dont 28 d'urgence pour risque d'effondrement imminent.

Le quartier d'Arnaud Bernard-Saint-Sernin est une zone particulièrement phare dans cette surveillance de l'urbanisme. « Il y a en effet eu l'idée d'une opération spécifique sur ce quartier. L'idée est de réhabiliter au total 46 bâtiments avec une volonté de développer des logements sociaux. Nous sommes intervenus dans ce quartier, car il y avait une très forte présence de marchands de sommeil parmi les propriétaires des immeubles concernés, très dégradés par ailleurs. Nous avons mobilisé au total 3.100.000 euros », conclut le maire de la Ville Rose.

Acquérir un logiciel de surveillance satellite

Mais Jean-Luc Moudenc ambitionne d'aller plus loin pour sécuriser le bâti ancien et sécuriser les Toulousains. Au programme, la cartographie des immeubles menaçants avec particulièrement l'acquisition d'un logiciel de surveillance satellite, ainsi que la formation des agents municipaux aux signaux faibles de dégradation extérieure d'un immeuble pour qu'ils deviennent eux-aussi des lanceurs d'alerte.

La mairie veut aussi créer un observatoire pour surveiller efficacement le problème et solliciter le centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). « Un bureau sera créé en juin, avec pour mission une étude. L'étude ne sera pas composée de simples photographies, mais dotée de préconisations poussées, en identifiant les îlots concernés et les moyens à mettre en place », précise l'élu dans l'attente de l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur l'habitat indigne.

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