Spatial : le Toulousain SpaceLocker veut participer à la révolution du satellite réutilisable

Dans un segment des services en orbite en pleine ébullition, la startup SpaceLocker développe depuis le nouvel accélérateur de Thales Alenia Space à Toulouse une interface modulaire pour faire voler d'ici 2025 un démonstrateur de satellite partagé. Plus besoin d'acquérir un satellite pour prendre des images vues du ciel dans ce modèle économique dans lequel les clients sont facturés à la consommation des ressources dans l'espace. La jeune société veut aller plus loin et opérer à l'horizon 2030 des plateformes amenées à rester durablement en orbite en hébergeant des flux de charges utiles acheminées par des véhicules spatiaux d'un nouveau genre.
SpaceLocker veut faire voler d'ici 2025 un démonstrateur de satellite partagé
SpaceLocker veut faire voler d'ici 2025 un démonstrateur de satellite partagé (Crédits : SpaceLocker)

« Avec les services en orbite, nous allons passer d'un modèle du satellite jetable au satellite réutilisable. La logique économique change. Après les lanceurs réutilisables, c'est le prochain virage majeur qu'il ne faut pas rater dans le spatial », assure Théophile Lagraulet. Ce jeune ingénieur a fait ses premières armes dans le monde des lanceurs chez ArianeGroup, Latitude et Maia Space avant de créer fin 2022 avec Baptiste Fournier la startup SpaceLocker.

« J'ai vraiment vu à quel point la réutilisation des lanceurs a changé énormément de choses et à quel point nous avons raté ce virage en Europe. Nous avons toutes les armes via les grands groupes et l'institutionnel pour répondre à de grands projets mais nous avons aussi besoin de cette capacité d'innovation rapide des startups pour faire émerger des sujets d'avant-garde », ajoute-t-il.

Intégrer les charges utiles comme des Lego

Depuis le Space Business Catalyst, nouvel accélérateur de startups de Thales Alenia Space à Toulouse, SpaceLocker compte apporter sa pierre à l'édifice de ces futurs satellites réutilisables.

« Nous avons développé une technologie d'interface modulaire pour héberger des charges utiles. C'est comme un système de Lego où l'on intègre sur un satellite du petit capteur d'un kilo à la grande charge utile de 200 kilos. Nous envoyons au client un châssis qui accueille cette interface. Depuis son laboratoire, le client construit son capteur, nous le renvoie et nous l'intégrons sur le satellite. C'est un procédé qui permet d'accélérer le temps de déploiement en orbite », avance Théophile Lagraulet, CEO de SpaceLocker.

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La startup compte lancer en orbite d'ici début 2025 son premier démonstrateur de satellite partagé, un modèle 12U capable d'accueillir quatre clients pour une capacité d'emport de 8 kilos de charges utiles. Plus besoin d'acquérir un onéreux satellite pour prendre des images vues du ciel dans ce modèle économique dans lequel les clients sont facturés à la consommation des ressources dans l'espace.

Sur ce segment du satellite partagé, plusieurs acteurs ont pris une longueur d'avance à l'image de la startup franco-américaine Loft Orbital qui prévoit de lancer lancer plus de vingt satellites de services partagés d'ici fin 2024. Face à ces acteurs, SpaceLocker estime que sa valeur ajoutée repose sur la conception modulaire de son interface. « Aujourd'hui ce qui existe dans le satellite partagé, c'est plutôt de la co-conception de satellites. Si l'un des clients manque à l'appel le jour du lancement, il est très compliqué de le remplacer. Il n'y a pas de flexibilité avec des satellites conçus encore sur-mesure. Avec notre interface, nous voulons créer une offre universelle où les charges utiles deviennent toutes interchangeables. »

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Envoyer des infrastructures durables dans l'espace

La jeune société considère que ce modèle de satellite partagé n'est qu'une première phase à l'essor des services en orbite. « SpaceLocker fait du satellite partagé une étape vers de l'infrastructure durable dans l'espace qui permettrait d'envoyer moins de satellites en orbite », mentionne Baptiste Fournier, cofondateur de SpaceLocker.

Théophile Lagraulet abonde :

« Pourquoi quand je dois envoyer un capteur en orbite, il faut absolument que j'envoie des panneaux solaires, un ordinateur de bord... C'est extrêmement peu efficace. C'est comme si aujourd'hui, à chaque fois que je partais en vacances, il fallait que je prenne toute ma cuisine avec moi. Nous sommes dans cette logique de mettre une bonne fois pour toutes de l'infrastructure de qualité en orbite et ensuite d'envoyer uniquement les capteurs qui vont venir se brancher sur cette infrastructure existante. »

SpaceLocker s'imagine à l'horizon 2030 en opérateur de plateformes amenées à rester durablement en orbite en hébergeant des flux de charges utiles acheminées par des véhicules spatiaux d'un nouveau genre. La jeune société profite à Toulouse de la proximité de Thales Alenia Space pour collaborer avec le géant du spatial sur des plateformes de 800 kg à une tonne appelées à demeurer en orbite basse. Pour l'acheminement des charges utiles jusqu'à ces plateformes, SpaceLocker aimerait s'appuyer sur de nouveaux acteurs de la logistique spatiale comme Exotrail, dont le bus spatial a vocation à terme à transporter jusqu'à 400 kilos de petits satellites vers la bonne orbite.

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Une premier tour de table à l'automne

Alors que ce segment de la logistique spatiale est en pleine ébullition, la startup SpaceLocker aimerait à moyen-terme intégrer des consortiums pour des missions de démonstration de services en orbite comme du ravitaillement de carburant ou de l'inspection de satellites.

Actuellement composée de quatre personnes, la société espère passer la barre de la dizaine de collaborateurs d'ici la fin de l'année grâce notamment à un premier tour de table de 400.000 euros attendu à l'automne.

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