La crise des composants fait perdre à Actia près de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires

Le fabricant toulousain d'équipements électroniques Actia affiche un carnet de commandes plein. Mais sa croissance est freinée par la crise des composants qui lui ampute 20% de chiffre d'affaires. Cette pénurie a poussé le groupe à accélérer sur l'innovation pour trouver des designs alternatifs et être moins dépendant d'un seul type de pièce.
Actia vise 800 millions d'euros de chiffre d'affaires à l'horizon 2025.
Actia vise 800 millions d'euros de chiffre d'affaires à l'horizon 2025. (Crédits : Actia)

« Le pire est derrière nous. Mais j'ai le sentiment que la résorption de cette crise des composants ressemble à une asymptote, qui est par définition une courbe dont on ne voit pas la fin », confie Jean-Louis Pech, PDG d'Actia. Ce fabricant toulousain d'équipements électroniques pour les transports, l'aéronautique et le spatial (près de 3.500 collaborateurs dans le monde dont un millier en France) est frappé de plein fouet par la pénurie mondiale de composants, alors même que son carnet de commandes est plein.

« Si nous avions eu des approvisionnements normaux, nous aurions fait 20% de chiffre d'affaires en plus. À fin 2022, nous devrions approcher de notre niveau d'avant-crise qui était de 520 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2019. Mais sans cette crise des composants, nous aurions dépassé les 600 millions. Cela représente sur une année un impact de près de 100 millions. Aujourd'hui, le problème n'est pas d'avoir le carnet de commandes, puisque le nôtre est plein, mais d'avoir les composants qui nous permettent de livrer nos clients », complète le dirigeant.

À tel point qu'au printemps 2021, Actia a envisagé de fermer quelques jours par semaine son usine implantée dans la Ville rose puis de renoncer à cette option. « L'impact client est tellement fort que dès que nous recevons le composant, il faut produire. Malgré la crise des composants, nous avons augmenté les temps d'ouverture de nos usines pour pouvoir être réactif », fait savoir Jean-Louis Pech.

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War room et redesign des équipements

Très vite, le groupe a mis en place une war room (cellule de crise) qui mobilise une dizaine de salariés du service des achats, de la production, du commerce, de la R&D et du juridique. Au fil des mois, la cellule a développé des outils permettant de mesurer les risques de pénurie associés à chaque type de composant. Actia a également lourdement investi dans la R&D (cette dernière représente 16% de son chiffre d'affaires) pour que la production ne repose pas sur un seul type de pièce.

« Cela s'est traduit par des nouveaux designs de produits pour être sûr de trouver des composants mais aussi une recherche de nouveaux fournisseurs. Il faut savoir qu'un calculateur valant 200 à 300 euros peut bloquer la production d'un équipement qui en vaut 60.000, 100.000 voire 200 000 euros dans le cas d'une moissonneuse-batteuse. La crise des composants accélère finalement l'innovation en matière d'électronique et de semi-conducteurs », met en avant le chef d'entreprise.

Dans cette course à l'innovation, le fabricant toulousain évolue dans un secteur où les investissements atteignent des plafonds stratosphériques à l'instar du géant coréen Samsung qui a annoncé un plan de 350 milliards de dollars ou plus modestement l'Isérois STMicroelectronics qui va mettre près de 6 milliards d'euros pour l'extension d'une usine.

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Malgré ce contexte international complexe auquel il faut ajouter l'effondrement de l'euro face au dollar et l'inflation, Actia a publié le 20 septembre un chiffre d'affaires en progression de près de 15% sur le premier semestre 2021 à 248,5 millions d'euros. En revanche le groupe affiche une perte nette de 8,1 millions d'euros (cette dernière avait atteint 1,5 million au premier semestre 2021).

Pour se désendetter, Actia a réalisé deux cessions sur le premier semestre. Son activité de fabrication d'équipements de garage a été vendue au groupe allemand Base, et sa division Power dédiée notamment à l'électrification des bus et des trains est passée dans le giron de Plastic Omnium.

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Camions connectés et ferroviaire

Ces deux cessions avaient aussi pour but de préparer le groupe à la forte croissance attendue à la sortie de la crise des composants. « Nous visons un chiffre d'affaires de 800 millions d'euros à l'horizon 2025 », affirme Jean-Louis Pech. Une croissance qui sera portée notamment par l'essor de son activité sur les poids-lourds. « Nous sommes sommes l'un des leaders mondiaux du camion connecté. Cette activité regroupe tout ce qui est pilotage de la puissance électrique au sein des camions avec des calculateurs dédiés. C'est devenu le premier marché d'Actia puisque cette activité pèse 20% du chiffre d'affaires », commente le dirigeant.

Actia mise aussi sur l'essor du ferroviaire et vient d'être choisi par Alstom pour équiper deux rames de métro à Sao Paulo au Brésil. Pour suivre cette dynamique, le groupe recrute actuellement près de 200 collaborateurs en France dont une cinquantaine à Toulouse.

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