Spatial : U-Space veut ouvrir dès 2024 son usine de nanosatellites à Toulouse

Après avoir levé sept millions d'euros en septembre, U-Space accélère l'industrialisation de sa gamme de nanosatellites. La startup a identifié un site de 1.000 m2 à Toulouse qui entrera en service à compter du printemps 2024 avant de produire à pleine capacité un satellite par jour à l'horizon 2025. Des ambitions XXL qui poussent la pépite à recruter encore massivement cette année dans la Ville rose.
U-Space prévoit d'assembler un satellite par jour en 2025.
U-Space prévoit d'assembler un satellite par jour en 2025. (Crédits : U-Space / Prodigima - Frederic Maligne)

U-Space se donne les moyens de ses ambitions. La pépite toulousaine affiche depuis sa création en 2018 l'objectif de devenir un maître d'oeuvre de nanosatellites qualitatifs à prix cassés.

« Dans cette nouvelle gamme des nanosatellites, nos concurrents se positionnent surtout des produits low cost. Notre objectif est de produire des satellites de grande qualité destinés à faire des missions opérationnelles de longue durée. Nous visons cinq à huit ans en orbite basse pour des opérateurs dont le service commercial nécessite des infrastructures spatiales très performantes. Il faut conjuguer cette qualité à un niveau industriel puisque tout l'intérêt des nanosatellites est de pouvoir se déployer en constellation », avance Fabien Apper, président de U-Space.

Près de 14.000 smallsats devraient être lancés dans l'espace d'ici à 2030 d'après une récente étude d'Euroconsult. À lui seul, SpaceX projette à terme une constellation de 42.000 satellites quand Amazon prévoit d'envoyer 3.236 satellites en orbite.

Pour faire face aux besoins XXL du secteur spatial dans les années à venir, U-Space est en train d'accélérer l'industrialisation de sa gamme de nanosatellites grâce notamment à un premier tour de table de sept millions d'euros annoncé au mois de septembre.

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Un satellite par jour en 2025

U-Space a déjà identifié un site de 1.000 m2 à Toulouse pour accueillir sa première usine dont l'entrée en service est programmée à compter du printemps 2024. « Dès l'année prochaine, nous prévoyons d'y assembler entre cinq et dix satellites. Ensuite, progressivement, nous allons mettre en place des lignes de production, des tests automatisés, la logistique... Ce qui nous amènera à augmenter la capacité de production avec toujours l'objectif de produire un satellite par jour donc plus de 300 satellites par an en 2025 », décrit Fabien Apper.

Ce changement d'échelle pose plusieurs défis. « Dès sa conception, le satellite doit être pensé pour la production en série, ce qui tranche avec les méthodes traditionnelles du spatial. Ensuite, notre positionnement est d'être intégrateur donc nous réfléchissons à des partenariats à long terme avec certains fournisseurs critiques en mesure de répondre à des capacités industrielles de production. Le troisième défi tient dans la capacité de l'usine d'assemblage à tenir les cadences de production », ajoute le jeune entrepreneur.

Ces ambitions amènent la startup à recruter massivement dans la Ville rose. U-Space a doublé de taille en 2022 passant de 20 à 40 collaborateurs et vise la cible de près de 70 personnes fin 2023. Au-delà des profils d'ingénieurs, la société recherche de plus en plus des profils expérimentés (avec quinze à vingt ans de carrière) pour du management intermédiaire (chefs d'équipe, de projet, de service... ) mais aussi des fonctions support (RH, commerciaux, communication, marketing). En fin d'année dernière, U-Space a aussi trouvé son directeur industriel actuellement en train de constituer son équipe.

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Des contrats pour le Cnes et l'Onera

La startup a déjà décroché plusieurs contrats avec de grands acteurs. U-Space a livré au Cnes le satellite Ness, un projet de démonstrateur 3U destiné à assurer une surveillance planétaire du spectre radiofréquence et d'analyser les sources de brouillage. Son lancement prévu à l'origine début 2023 sur un lanceur Vega-C est en attente d'une nouvelle date de mise en orbite.

L'entreprise a aussi livré à l'Onera le modèle de qualification du nanosatellite Crème dans le cadre d'une mission scientifique de surveillance des ceintures de radiation. En parallèle, U-Space s'est allié avec quatre acteurs du NewSpace français, Anywaves, Comat et Syrlinks pour fournir une solution complémentaire aux systèmes de navigation (GPS ou Gallileo) afin d'assurer des fonctions de synchronisation lorsque les signaux de navigation GNSS ne sont pas exploitables. Ce programme baptisé Synchrocube est soutenu dans le cadre du plan de relance de la filière spatiale et doit être lancé au premier semestre 2024. La startup a également été sélectionnée dans un consortium avec Airbus Defence and Space sur un programme France 2030 pour une une mission de la surveillance de l'espace.

« La prolifération d'objets dans l'espace augmente le risque de collision. L'objectif est d'avoir un capteur en orbite basse capable de détecter les objets dans l'espace et de mesurer leur trajectoire afin de réaliser un catalogue de ces objets pour mieux anticiper le trafic spatial. Il existe déjà plusieurs types de capteurs positionnés au sol comme les radars ou les télescopes. Mais en étant au sol, ces capteurs ne voient pas forcément les objets tout le temps, l'idée est de venir compléter les données disponibles avec des mesures en orbite », explique Fabien Apper.

Dernier contrat en cours, U-Space va produire pour la startup lilloise Grasp. L'acteur du NewSpace veut déployer une constellation d'une dizaine de satellites, combinée avec des mesures in situ, pour réaliser une surveillance globale des aérosols et visualiser leur propagation dans les villes en fonction notamment des conditions météo. Ce solide carnet de commandes en France servira à U-Space de pied à l'étrier pour étendre dans les années à venir son développement en Europe. La pépite espère aussi dès l'année prochaine vendre des premières constellations.

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