Ce sera enfin le grand jour, samedi 4 septembre, celui du coupage de ruban. Six ans après le discours de Jean-Luc Moudenc, au Airbus Delivery Center. Un jour de juin 2015, celui qui était maire de Toulouse depuis un an au détriment du socialiste Pierre Cohen, maire sortant, avait ainsi présenté aux entrepreneurs locaux et régionaux le Schéma de développement économique d'innovation et de rayonnement métropolitain. Un nom rébarbatif qui cache quatre grands programmes et vingt projets définis de façon concertée avec les acteurs économiques.
Parmi eux, pas des moindres avec notamment la création de l'agence de développement économique métropolitaine et le lancement des travaux du futur parc des expositions de Toulouse très rapidement. C'est bel et bien ce dernier qui sera inauguré dans quelques heures en présence de l'édile, le président de la Haute-Garonne Georges Méric, la présidente de l'Occitanie Carole Delga et notamment Olivier Ginon, le président directeur général de GL Events. En résumé, les trois collectivités locales qui ont financé cette infrastructure et le patron de l'exploitant désigné.
Un moment très attendu par ce quatuor, après plus d'un an de décalages successifs pour cette traditionnelle cérémonie. Prévue initialement au début de l'été 2020, avec notamment la tenue du Global Space (une sorte de Bourget du spatial), cet événement d'envergure nationale n'a pas vu le jour en raison d'un retard pris dans la livraison des bâtiments causé par la pandémie de la Covid-19.
Faire passer l'agglomération toulousaine dans une autre division
Finalement, en mettant de côté quelques petites conventions professionnelles, ce n'est qu'au début du mois de juillet...2021 que le nouveau parc des expositions de Toulouse, installé au nord de la ville à cheval sur les communes d'Aussonne et de Beauzelle, a reçu son premier événement de taille - l'Essentiel Festival -, à savoir trois jours de concert avec des stars musicales du moment.
Le nouveau parc des expositions de Toulouse a été renommée le MEETT (Crédits : Rémi Benoit).
Cet événement inaugural a au total réuni près de 11.000 personnes sur trois jours, selon les chiffres communiqués par les organisateurs. Un score honorable face aux restrictions sanitaires de l'époque mais bien loin des événements du standing espéré dans ce complexe. Si ce dernier a été renommé le MEETT quelques temps plus tôt c'est bel et bien pour donner une dimension européenne et internationale à ce lieu, et donc attirer des événements de cette envergure avec la fréquentation qui en découle.
"Avec ce nouvel équipement, Toulouse va passer au troisième rang national hors Paris en terme d'accueil d'événements derrière Lyon et Nice. Actuellement, nous sommes à la septième place. Le parc des expositions actuel sur l'île du Ramier est trop petit et obsolète. On loupe certains événements d'envergure nationale voire internationale car nous n'avons pas l'offre nécessaire pour les accueillir", avait regretté publiquement deux ans en arrière Carole Delga, la présidente de la région Occitanie.
Ainsi, avec le futur PEX, les élus espèrent accueillir pas moins de 80 événements chaque année pour 230 jours d'occupation. Par conséquent, ils attendent au moins un million de visiteurs sur ce site annuellement, à un rythme de croisière. Du côté de la redevance, Toulouse Métropole espère toucher 1,3 million d'euros tous les ans de la part de GL Events. Seulement, c'étaient les objectifs annoncés avant la crise sanitaire et la collectivité s'est attachée à négocier un aménagement du paiement de cette redevance avec son prestataire en attendant des jours meilleurs pour lui.
"Nous savons que les perspectives autour du MEETT sont très bonnes, car il procure une attractivité nouvelle. Notre avenir sera rose. Nous nous sommes positionnés pour accueillir des événements sur la période de 2021 à 2028, des manifestations jamais accueillies par Toulouse. L'infrastructure sera rentabilisée et productive", assure Patrice Vassal, le patron de GL Events à Toulouse.
En temps normal, Toulouse Événements (filiale de GL Events gérée par Patrice Vassal), qui emploie 66 personnes à Toulouse, réalise un chiffre d'affaires annuel de 1,2 million d'euros avec les Espaces Vanel, 4,5 millions par le biais du centre de congrès Pierre Baudis et 11 millions grâce à l'ancien parc des expositions. Avec le nouveau MEETT désormais, l'objectif est de passer ce dernier indicateur à plus de 20 millions d'euros par an en rythme de croisière. Est-ce trop ambitieux dans le contexte sanitaire actuel et pour les années futures ?
Un projet à plus de 300 millions d'euros
Si l'optimisme est au rendez-vous, c'est grâce aux capacités offertes par le MEETT. Officiellement mis en exploitation depuis le 3 septembre 2020, le nouveau parc des expositions de Toulouse est équipé d'un centre de conventions et de congrès de 15.000 m2, d'un hall d'expositions de 40.000 m2 et d'une aire d'exposition extérieure de 25.000 m2. Par ailleurs, la zone sera aussi prochainement dotée d'un village des entreprises de 25.000 m2 et d'un complexe hôtelier comprenant notamment un hôtel Hilton et ses quatre étoiles.
Pour arriver à un tel résultat, ce chantier, considéré comme le plus grand de France géré par des collectivités pendant ses cinq années, aura mobilisé 500 personnes au quotidien pour un coût non négligeable. 311 millions d'euros hors taxe, soit un montant à la hauteur de l'attente suscité par le MEETT dans les rangs politiques. Sur cette facture, Toulouse Métropole en a apporté la majorité avec 199 millions d'euros, la région Occitanie 45 millions d'euros, le département de la Haute-Garonne 45 millions d'euros également et Tisséo 22 millions d'euros.
Le syndicat mixte en charge des transports en commun toulousains a fait partie du pacte financier car celui-ci a participé au cahier des charges du chantier, avec un prolongement de la ligne de tram T1, de l'Aéroconstellation jusqu'au MEETT. Un point qui a agité les dernières élections municipales à Toulouse, à la mi 2020, durant laquelle les opposants à Jean-Luc Moudenc lui ont reproché que cette infrastructure ne soit pas reliée directement à l'aéroport Toulouse-Blagnac sans rupture de charge, ou bien que la future troisième ligne de métro évite cet équipement.
Par ailleurs, ce chantier qui a nécessité de couler 30.000 m3 de béton, 700.000 m3 de mouvements de terre et l'utilisation de 7.000 tonnes soit l'équivalent de la Tour Eiffel, est-il dans l'ère du temps post-Covid ? Première réponse dans les jours à venir avec le retour de la Foire internationale de Toulouse, après deux ans d'absence.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !