
"Mettre en oeuvre une économie citoyenne", voilà la volonté affichée par Carole Delga pour relancer l'économie et l'industrie de la région Occitanie, fragilisée par une crise sanitaire inédite. Et pour ce faire, la présidente socialiste du conseil régional (en quête d'une réélection en juin prochain) veut s'appuyer sur l'épargne citoyenne.
"Jamais l'épargne populaire n'a aussi été élevée en France, et pourtant, cette épargne n'est pas au service de l'économie réelle. C'est un problème", justifie l'ancienne secrétaire d'État. En visite à Toulouse à la mi-janvier, le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, avait également appelé "les Français à consommer".
Et pourquoi ? Selon la Banque de France, à la fin de l'année 2020, l'épargne des Français a atteint un montant total de 200 milliards d'euros, contre 100 à 130 milliards habituellement. L'enjeu de cette année 2021, pour l'État et les collectivités, est donc de mobiliser ce surplus "d'épargne Covid 19", entre 70 et 100 milliards d'euros, soit autant que le plan de relance national pour l'économie.
"Un taux de rémunération supérieur à celui du Livret A"
Concrètement, les habitants de la région Occitanie, mais aussi de toute la France, vont pouvoir investir leur épargne à travers un porter de financement participatif (ou de crowdfunding), avec des tickets de quelques dizaines à des centaines, voire des milliers d'euros, sur des projets industriels et d'entreprise créateurs d'emplois sur le territoire.
"En tant qu'acteur public, notre rôle est tout d'abord d'assurer une garantie sur les investissements des citoyens. Nous assurerons au moins une rémunération supérieure à celle du Livret A (0,5% actuellement, ndlr). Mais le taux rémunérateur sera variant en fonction du secteur d'activité et de la durée du prêt. Seulement, nous allons être clair : nous ne dépasserons pas les 5%", précise Carole Delga.
Les premiers tickets sur les projets pourront être versés en avril 2021, date d'ouverture annoncée de la plateforme. Pour le moment, la collectivité régionale est plongée dans des négociations avec des acteurs spécialisés sur le sujet pour assurer le bon fonctionnement de cette initiative, pour laquelle le Toulousain Wiseed, acteur reconnu en la matière, pourrait par exemple être sélectionné.
"Sous cinq semaines, je pourrai communiquer le nom de notre associé privé. Quel qu'il soit, cela sera un copilote public-privé et nous serons dans la gouvernance. Nous travaillons avec des plateformes qui sont intéressés par cette idée de l'apport du conseil régional et de la CCI pour sécuriser l'investissement des épargnants", dévoile Carole Delga. "Nous réinventons le besoin des bourses locales ! C'est exactement ce qu'il faut en cette période", réagit le président de la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Occitanie, Alain Di Crescenzo.
Le conseil régional va prendre des parts de capital dans des sociétés
Au-delà du côté citoyen, la mobilisation de cette épargne populaire est surtout un moyen pour les entreprises d'Occitanie d'avoir accès à des solutions de financement, un aspect majeur au regard de la réticence de certains acteurs bancaires classiques à financer des projets d'investissement en ces temps de crise et de fragilité économique. Ainsi, l'objectif est de lever au minimum 20 millions d'euros, sur cinq ans, à travers 200 projets.
Par ailleurs, le conseil régional compte activer un second volet en matière de financement des entreprises, afin de mobiliser 45 millions d'euros sur 33 projets en cinq ans, à travers sa nouvelle agence des investissements stratégiques (ARIS). "Je souhaite que nous soyons actionnaire minoritaire, aux côtés d'acteurs privés, sur des projets de diversification et de relocalisation industrielles. Cela permet une meilleure assise financière pour les porteurs de projet, nous faisons office de garantie auprès des banques et nous serons des investisseurs patients", explique la présidente de région socialiste.
La collectivité vise ainsi des projets industriels sur le numérique, la santé, la transition climatique, les transports intelligents et l'alimentation. En quelques mois déjà, pas moins de six projets industriels ont été accompagnés, dont par exemple l'un dans l'Aveyron du nom de Phénix Batteries, un projet qui consiste à recycler les batteries électriques, mais à produire à partir de ces matériaux recyclés d'autres batteries pour la vente ou la location. Par cet interventionnisme financier, le conseil régional veut "sauvegarder ou créer" environ 4.000 emplois en Occitanie.
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