En quelques semaines, le discours a changé. D'un "je ne m'occupe pas de ces trucs-là" en fin d'année 2020, à un "il va falloir que je m'y mette" lundi 18 janvier, voilà la subtile pirouette de Carole Delga à propos des prochaines élections régionales. Cependant, même avant ses propos, il ne faisant guère de doute que la présidente sortante du conseil régional d'Occitanie serait candidate à sa succession. Et celle-ci espère être fixée sur son sort dès le mois de juin, comme le préconise le rapport Debré, du nom de son auteur et ancien président du Conseil constitutionnel.
"Nous avons clairement le temps d'adapter le scrutin et de nous donner les moyens d'organiser à la fois les élections régionales, mais aussi les élections départementales. La démocratie doit s'adapter et être plus forte que le virus", estime l'élue socialiste soutenue par le mouvement Occitanie en Commun.
À l'instar de Jean-Louis Debré, Carole Delga se dit favorable à l'instauration de la double procuration pour favoriser la mobilisation des électeurs, mais aussi à la multiplication des bureaux de votes, avec des horaires d'ouverture plus larges pour éviter tout attroupement trop important. Dans l'espoir de se faire entendre, la socialiste a récemment proposé l'instauration d'un groupe de travail au niveau du ministère de l'Intérieur sur ce sujet.
"Quoi qu'il en soit, ce sera une autre forme de campagne que celles que nous avons connu, avec beaucoup d'actions sur les réseaux sociaux et du boîtage. Mon équipe de campagne s'y prépare déjà activement", admet Carole Delga.
Ouverture d'une plateforme citoyenne en février
Si elle reconnaît (en façade) "ne pas avoir beaucoup travaillé" sur ces prochaines élections régionales jusqu'à présent, elle a tout de même désigné Kamel Chibli comme directeur de campagne (son actuel vice-président en charge de l'Éducation, de la Jeunesse et des Sports), un fidèle qui sans plus attendre s'est entouré d'une équipe pour préparer le scrutin.
"Ce sur quoi nous avons travaillé ensemble principalement porte sur le lancement programmé au début du mois de février d'une plateforme numérique et participative pour l'élaboration du programme", ajoute la candidate socialiste et ancienne secrétaire d'État.
Si des idées nouvelles pourraient ressortir de cette démarche par internet, l'actuelle patronne de l'exécutif régional compte tout d'abord, pour le prochain mandat, poursuivre ses efforts sur la transition énergétique, notamment autour de l'hydrogène et de la rénovation énergétique des logements. Le lancement du chantier des LGV Toulouse-Bordeaux et Perpignan-Montpellier sera également un axe important de son programme, tout comme elle devrait garantir d'importants moyens en faveur de la jeunesse, alors que la crainte d'une génération sacrifiée sur les terres de l'industrie aéronautique se fait forte.
"Notre rôle d'élu est de créer les chemins du rebond et de l'espoir. Il faut démontrer que dans toute crise il y a un aspect positif. C'est pourquoi il est important de créer la conviction du changement", justifie Carole Delga.
Pas trop tard pour un accord avec EELV selon elle
Cette sortie médiatique, couplée à l'ouverture toute proche de sa plateforme, marque le top départ imminent de la campagne électorale de l'élue originaire du Comminges, quelques jours après la publication d'un sondage de Sud Radio la plaçant en tête des intentions de vote avec 25%. Seulement, ce dernier installe l'idée d'un électorat de l'extrême droite partagé entre la liste du Rassemblement National (RN), menée par l'eurodéputé Jean-Paul Garraud (16%) et le duo Robert Ménard-Brigite Barèges (14%).
Or, c'est bien le scénario d'une extrême droite unie qui semble tenir la corde, portée par une liste menée par l'eurodéputé du RN. Dans ce cas, un duel à l'issue qui peut sembler incertaine l'opposerait à Carole Delga, comme le démontre un premier sondage de La Tribune. Une situation qui ne peut que pousser la socialiste à "regretter le désaccord avec Europe Écologie Les Verts", à propos de la stratégie des écologistes pour ce scrutin en Occitanie qui réduit forcément sa marge de manoeuvre.
"J'ai fait part de ma position à Julien Bayou (le secrétaire national d'EELV, ndlr) cet été. En Occitanie, la majorité a toujours été unie et a toujours été dans l'action (Carole Delga a été élue en 2015 avec le soutien des écologistes, ndlr). Je regrette donc cette uniformisation de leur stratégie sur l'ensemble des régions. Travailler ensemble pour les élections régionales aurait permis de faciliter les choses pour l'élection présidentielle en 2022... Mais je pense que cette décision n'est pas irréversible. Jusqu'au bout, j'ai espoir que la gauche écologiste et réformiste avance unie dans cette élection. Je tendrai toujours la main", assure la présidente sortante de la région Occitanie.
Pour mémoire, Europe Écologie Les Verts a désigné le conseiller municipal et métropolitain d'opposition de Toulouse, Antoine Maurice, pour porter leurs couleurs en Occitanie. Et après avoir écarter l'hypothèse d'une alliance avec Manuel Bompard et La France Insoumise, le candidat écologiste a déclaré que son parti se présenter "pour gouverner" et non plus être une force d'appoint dans cette région. Ce qui n'impressionne pas Carole Delga."Je me battrai comme une lionne pour que cette région reste à gauche", promet-elle.
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