Avion "vert" : Limatech reçoit deux millions d'euros de l'Europe pour ses batteries au lithium

Après une levée de fonds de plus de deux millions d'euros en 2020, Limatech vient d'obtenir une subvention d'un montant similaire de la Commission européenne. La jeune entreprise toulousaine, qui développe des batteries en lithium pour l'aviation bien moins polluantes que les modèles actuels, compte ainsi lancer l'industrialisation de ses innovations en 2022. Sans perdre de temps, elle a déjà engagé les réflexions pour une nouvelle levée de fonds en 2021 afin d'accélérer la production à la chaîne et l'émergence d'une gamme complète de batteries.
Luc Pouyadou, Florence Robin, Marc Beranger et Maxime Di Meglio, les cofondateurs de Limatech, comptent être acteur de l'avion vert, avec leurs batteries au lithium.
Luc Pouyadou, Florence Robin, Marc Beranger et Maxime Di Meglio, les cofondateurs de Limatech, comptent être acteur de l'avion "vert", avec leurs batteries au lithium. (Crédits : Michel Battaglia)

C'est un coup de pouce bienvenu en ces temps troubles, sur le plan économique ! Installée à Toulouse, la startup Limatech vient de recevoir une subvention de deux millions d'euros, de la part de l'Union européenne. Cette dernière a débloqué ces fonds dans le cadre du E.I.C. Accelerator Green New Deal, une volonté de la "nouvelle" présidente de la Commission européenne, l'Allemande Ursula von der Leyen.

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"Nous avons rempli le dossier pendant le premier confinement, où nous avons mis à profit cette période d'arrêt brutal de notre activité. Mais nous avons aussi été accompagnés par FV Conseil en Innovation, un cabinet basé à Nantes et spécialisé dans le montage de dossiers européens", raconte Florence Robin, la présidente de l'entreprise Limatech.

Pas moins de 2.071 sociétés ont ainsi candidaté sur cet appel à subventions dans toute l'Europe et seulement 60 ont été retenus, dont 11 en France. Limatech a été la seule a être sélectionnée sur l'Occitanie. Ce "succès", malgré le contexte économique, fait de l'année 2020 une année charnière pour la jeune entreprise, après avoir bouclé une  levée de fonds de 2,2 millions d'euros quelques mois plus tôt.

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Deux batteries développées en parallèle

Ce second tour de table, auquel il faut ajouter la subvention européenne qui "demande beaucoup de reporting (communication de données, ndlr) voire un temps plein en interne" souligne avec sarcasme la dirigeante, est une preuve de l'intérêt de la technologie développée depuis quatre ans par Limatech : des batteries au lithium pour l'aviation, pour remplacer celles au plomb et au nickel cadmium.

"Nos batteries sont trois fois plus légères et surtout moins polluantes. Le lithium est un élément chimique moins polluant puisque son extraction des sous-sols a une empreinte carbone moindre que celles du nickel cadmium et du plomb. Par ailleurs, la durée de vie de nos batteries est évaluée entre huit et dix ans, contre trois ans en moyenne pour les solutions actuellement sur le marché", rappelle Florence Robin.

Actuellement, Limatech et ses équipes travaillent sur une batterie de 24 volts et 17,5 ampère-heure, pensée au départ spécialement pour la division Airbus Helicopters, mais que la jeune pousse veut rendre adaptable à d'autres opérateurs. Avec cette innovation, c'est l'émission de 3.000 tonnes de CO2 qui sera évitée d'ici 2028.

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"Cela reste encore très faible comme part et c'est comme ça que nous avons présenté notre dossier à l'Europe. Leur subvention va nous permettre d'aller beaucoup plus vite en évitant le rejet d'un million de tonnes de CO2 d'ici 2028. Pour cela, grâce à leur soutien financier, nous allons développer en parallèle une seconde batterie, toujours de 24 volts mais avec une capacité de 30 à 40 ampère-heure, qui s'adressera elle aux avions comme les A320, les A350 ou même les hélicoptères Tigre", s'enthousiasme la présidente.

Une réflexion ouvertement entamée pour une nouvelle levée de fonds

Si à terme l'idée reste de proposer une gamme complète de batteries en lithium pour s'adresser à tous les segments de marché, les plus de quatre millions d'euros débloqués en 2020 vont permettre à Limatech de finaliser la certification de ses deux innovations et de poursuivre la R&D, avant de pouvoir lancer officiellement leur commercialisation. Pour y parvenir, l'entreprise basée à Toulouse compte doubler ses effectifs en 2021, en passant à 20 salariés, avec principalement le recrutement d'ingénieurs.

Mais si les sections recherche et développement, et production, vont poursuivre leur croissance à Grenoble, en revanche, la commercialisation va être effectuée depuis la région toulousaine. Une dualité chère à Limatech.

"Pour le moment, nous disposons d'une ligne de production pilote dans une pépinière de Toulouse Métropole sur 130 m2, ce qui est impossible à conserver pour assurer une bonne production. Nous recherchons donc des locaux pour lancer l'industrialisation de nos batteries dès l'année 2022", explique Florence Robin.

Pour mener à bien cette autre étape charnière, la jeune pousse ne le cache pas et réfléchit ouvertement à la concrétisation d'une nouvelle levée de fonds en 2021, "soit auprès d'un fonds d'investissement ou bien un acteur industriel", précise la dirigeante.

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