LGV Toulouse-Bordeaux : l'État débloque 28 millions d'euros, pour quoi faire ?

Dans une interview, le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a fait savoir que l'État allait débloquer des fonds pour la LGV Toulouse-Bordeaux et la réalisation d'études associées. Néanmoins, cette annonce ne provoque pas une joie immense dans les rangs des collectivités locales. En cause ? Des négociations avec les ministères, autour du financement, qui patinent et qui se répercutent sur un potentiel calendrier. Les détails.
La LGV Bordeaux-Toulouse fait l'objet encore d'un financement incertain et d'un calendrier indéterminé.

Pas de déplacement ministériel sur place, pas de communiqué officiel, pas de prise de parole publique, et pourtant cette annonce s'apparente à une petite avancée (ou pas ?) à propos de ce serpent de mer qu'est la LGV Toulouse-Bordeaux. Dans une interview publié dimanche 31 janvier par le quotidien régional La Dépêche Du Midi, le ministre délégué chargé des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a annoncé le déblocage de fonds dès 2021 dans le cadre de France Relance, le plan de relance économique du gouvernement français doté de 100 milliards d'euros.

Lire aussi : Comment la région Occitanie va profiter des 100 milliards de France Relance

"En Occitanie, l'État apportera 42 millions d'euros pour les projets routiers et 50 millions pour les projets ferroviaires, dont quatre millions d'euros pour le RER toulousain et 28 millions pour le GPSO (le Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest, dont la ligne LGV Toulouse-Bordeaux, ndlr)", a-t-il notamment déclaré sans donner plus de détails.

Un peu plus loin dans son entretien, le membre du gouvernement évoque le financement d'"études" et "travaux". Selon Jean-Louis Chauzy, le président d'EuroSud Team, l'association qui milite en faveur du projet ferroviaire, "ce sont des études complémentaires pour affiner l'approche des travaux sur les noeuds ferroviaires Toulouse Nord et Bordeaux Sud, qui sont des situations complexes".

Une société de financement dédiée qui se fait attendre

De là, faut-il parler d'une avancée concrète dans un chantier évalué à plus de neuf milliards d'euros ou d'un simple effet d'annonce ? "Tout ce qui permet d'avancer va dans le bons sens", affirme sans détour à La Tribune Jean-Louis Chauzy, aussi président du Conseil Économique, Social et Environnemental Régional (CESER) Occitanie. Malgré nos sollicitations, du côté du conseil régional d'Occitanie, aucun commentaire n'a filtre après cette sortie médiatique, contrairement à Toulouse Métropole.

"Je ne peux que saluer les moyens mis par le gouvernement sur les études concernant les aménagements ferroviaires du nord toulousain (AFNT), même si la Métropole, le conseil départemental de Haute-Garonne et le conseil régional d'Occitanie vont également contribuer", réagit auprès de La Tribune Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole.

Si l'enthousiasme débordant n'est pas au rendez-vous après les propos du ministre délégué aux Transports, c'est bien en raison d'une impatience montante au sein des collectivités locales concernées à propos de la création d'une société de financement dédiée à ce projet.

"Nous avons eu trois réunions de travail avec les ministres concernés et leurs cabinets au dernier trimestre 2020. Maintenant, une nouvelle réunion doit être fixée courant premier trimestre 2021 pour avancer à ce propos. Mais ce sont les derniers étages de Bercy qui bloquent. Nous espérons toujours la création de la société de financement courant 2021", a déclaré récemment la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, interrogée par La Tribune.

Lire aussi : LGV Toulouse-Bordeaux : "l'État doit clarifier rapidement ses intentions"

Un chantier en plusieurs phase ?

Néanmoins du côté de l'exécutif, et le ministre Jean-Baptiste Djebbari l'a rappelé dans son entretien accordé à la presse locale, on espère mener ce chantier juridique à son terme d'ici la fin du quinquennat. Pour y parvenir, cela signifie que des ressources fiscales auront été nouvellement créées au niveau local voire inter-régional. Pour mémoire, les élus locaux veulent s'inspirer du modèle du Grand Paris Express, chantier qui bénéficie d'une structure similaire avec des recettes créées spécialement pour son financement, afin de boucler le budget de la LGV Toulouse-Bordeaux. Ainsi, pour cette dernière, une taxe sur les bureaux d'entreprises a notamment été proposée par les collectivités locales.

Lire aussi : Quelles recettes fiscales pour financer la LGV Toulouse-Bordeaux ?

"Le chantier du Grand Paris Express, évalué au départ à 22 milliards d'euros, a été lancé sans un budget bouclé et aujourd'hui nous sommes sur une facture à 35 milliards d'euros, malgré une société de financement et des recettes dédiées. Seulement, il n'y a pas deux catégories de Français, avec d'un côté le royaume de l'île-de-France et la Province. Par ailleurs, peu importe par quel bout les travaux commenceront, il doit y avoir une seule et unique société de financement dédiée car la LGV Toulouse-Bordeaux c'est un seul et même projet", martèle Jean-Louis Chauzy.

Une manière diplomatique de s'opposer à toute tentative de "phasage" des travaux, hypothèse qui n'est pas totalement écartée par certains acteurs du dossier. D'ailleurs, la présidente socialiste de l'Occitanie, Carole Delga, milite pour le lancement des travaux en priorité sur le noeud ferroviaire du nord toulousain. "Sans aménagement, l'axe Toulouse-Agen sera totalement saturé dès 2025", assure-t-elle.

"Il y a tellement eu d'effets d'annonce sur ce dossier"

Si cette question de l'étalement des travaux, ou non, est directement liée à celle de leurs financements, les élus espèrent voir cette ligne à grande vitesse mise en service au cours de l'année 2030, après des dizaines d'années d'études, de négociations en tout genre et de démêlés judiciaires face aux opposants. C'est en tout cas l'ambition de Jean-Louis Chauzy et de Carole Delga.

"Je suis prudent sur cette date de 2030. Bien sûr, elle me convient, mais le ministre utilise sur ce point une formulation très générale (dans son interview, ndlr). Car, à ce stade, seule est officielle la loi qui mentionne la date de 2032 pour Toulouse-Agen et 2037 pour Bordeaux-Agen. Pour que ce calendrier soit raccourci, ce que je demande bien sûr, il faut que l'État apporte une contribution significative, que l'Europe intervienne fortement et que les propositions de recettes nouvelles suggérées par les collectivités soient acceptées. Or, à ce jour, tout cela est encore à l'étude.... On ne pourra se réjouir des annonces de l'État que lorsqu'il aura démontré qu'il est bien au rendez-vous de nos attentes sur tous ces points. Il y a tellement eu d'effets d'annonce sur ce dossier par les gouvernements successifs de toutes tendances que je suis douché", témoigne Jean-Luc Moudenc, à La Tribune.

En attendant un engagement financier plus important de l'État que ses 28 millions d'euros, l'Union européenne a d'ailleurs inscrit la LGV Bordeaux-Toulouse dans son Mécanisme pour l'interconnexion en Europe (MIE). Celui va financer un panel de projets, sur la période 2021 à 2027, pour un montant total de 12,5 milliards d'euros. "Le soutien de l'Europe pourrait alors dépasser le millard d'euros", croit le président du Ceser Occitanie.

Lire aussi : LGV Bordeaux-Toulouse : les opposants déboutés par la Cour d'appel de Bordeaux

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Commentaires 4
à écrit le 02/02/2021 à 8:26
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Ah ils aiment pas le train, même quand tous les indicateurs leur affirment qu'il est indispensable à devellopper, ils ont du mal à perdre l'habitude de le démanteler d'ailleurs une de leurs premières initiatives en début de mandat aura été d'augmente...

le 10/02/2021 à 7:59
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Ah oui indispensable à se developper ? Expliquez je ne comprend pas 🤔🤔 Demandé aux Bordelais si ils sont content du TGV les loyers explosent l’achat de bien immobiliers les bordelais fuient la ville aussi l’aéroport vient d’être enterré en grande po...

à écrit le 01/02/2021 à 20:36
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la relance a la francaise des prets de 10.000 euros remboursables ' pour ceux qui en ont les moyens eux', et des lignes de tgv paris gueret le tout avec l'argent de la bce non remboursable et des emplois bien payes finances par des emprunts non rem...

le 02/02/2021 à 7:20
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ont vous parle de Bordeaux Toulouse deux grandes villes Française ca vous agace quand c'est de province a province et que ca ne passe pas par Panam ?

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