Aéronautique : À Toulouse, Bruno Le Maire s'engage à de nouvelles mesures pour soutenir la filière

Nouveaux prêts participatifs de l'État pour obtenir des fonds propres, potentiel allongement de la durée de remboursement des PGE et dispositif de subventions du Corac prolongés au-delà de 2022... En visite le 22 janvier à Toulouse, la capitale européenne de l'aéronautique, le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance a tenu, à travers ces annonces, à afficher son "soutien total à la filière", et ce "quoi qu'il en coûte". Un déplacement effectué au sein du sous-traitant Liebherr Aerospace, tout juste lauréat du plan France Relance permettant ainsi de relocaliser certaines productions dans l'Hexagone via un soutien financier. Ce qu'il faut retenir de cette visite.
En visite dans les locaux de Liebherr Aerospace à Toulouse le 22 janvier, le ministre de l'Économie a voulu se montrer rassurant sur l'avenir de la filière aéronautique.
En visite dans les locaux de Liebherr Aerospace à Toulouse le 22 janvier, le ministre de l'Économie a voulu se montrer rassurant sur l'avenir de la filière aéronautique. (Crédits : Pierrick Merlet)

"Nous ferons tout pour sauver notre industrie aéronautique". Tel est le message qu'a souhaité adresser Bruno Le Maire, lors d'une visite à Toulouse, vendredi 22 janvier. Rappelant que c'est "la filière industrielle la plus touchée par la crise", le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance a aussi tenu à souligner la stratégie après la sortie médiatique récente du ministre délégué aux Comptes Publics, Olivier Dussopt, appelant à la fin du "quoi qu'il en coûte" en 2021.

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"Le quoi qu'il en coûte restera la règle tant que la crise sanitaire sera là et tant que la crise économique sera là. C'est le choix que nous avons fait avec le président de la République depuis le 1er jour de la crise. Nous avons fait le choix de protéger les salariés et de protéger les entreprises, c'était le seul choix responsable à faire", a répété à plusieurs reprises le membre du gouvernement, à l'issue d'une table ronde avec des acteurs de la filière aéronautique.

Pendant près de 45 minutes, Bruno Le Maire, dont la venue à Toulouse était attendue plusieurs semaines, a ainsi profité de l'occasion pour tenir un discours rassurant devant ces dirigeants d'entreprises de la filière, mais aussi de vérité. "Honnêtement, aurions-nous mis autant de moyens dans l'avion décarboné sans cette crise sanitaire ? Non !", leur-a-t-il lancé, assis aux côtés de la présidente socialiste du conseil régional d'Occitanie, Carole Delga. Assurance, vérité, mais aussi optimisme pour l'avenir de ce secteur d'activité en annonçant face à eux la création d'un nouveau dispositif de soutien.

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Bruno Le Maire à Toulouse

Une vingtaine d'acteurs de l'aéronautique étaient face à Bruno Le Maire, Carole Delga et le préfet Étienne Guyot, lors de la table ronde (Crédits : Pierrick Merlet).

"Un des enjeux majeurs qui permettra à ce que la relance économique soit une réussite est la disposition de fonds propres dans les entreprises pour investir. Dans les jours à venir, nous allons donc présenter des prêts participatifs sur huit ans, avec un différé de quatre ans pour les premiers remboursements, à des taux très attractifs dont les négociations avec la Commission européenne sont en train de s'achever à ce propos", a dévoilé Bruno Le Maire, sans davantage s'étaler sur les conditions d'attribution de ces nouveaux prêts.

Des PGE qui inquiètent les dirigeants de la filière aéronautique

Bien que réceptifs à cette annonce, les dirigeants du monde aéronautique avaient d'autres préoccupations en tête au moment d'aborder ce temps d'échanges avec le ministre. La majorité de leurs prises de parole successives ont tourné autour d'un seul et même sujet, à savoir les Prêts Garantis par l'État (PGE). Tout d'abord, Gilbert Rosso, le vice-président d'ECA Group, spécialisé dans les équipements embarqués portant sur la communication et la localisation des aéronefs, ainsi que Stéphane Trento, le PDG de ST Composites, lauréate du fonds de modernisation de l'industrie, l'ont interrogé sur la potentielle durée des dispositifs PGE et APLD (activité partielle de longue durée).

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"J'ai prévu des dispositifs solides et de long terme et cela vaut aussi bien pour le PGE, l'APLD, mais aussi notre soutien financier à l'innovation et la recherche (...) Je souhaite qu'aucune entreprise du secteur aéronautique n'ait des problèmes de trésorerie dans cette période de crise", leur a notamment répondu Bruno Le Maire.

C'est dans ce sens, et en réponse à l'appel de plusieurs secteurs d'activité dont l'aéronautique, que l'hôte de Bercy a annoncé quelques jours plus tôt la possibilité de rembourser la première échéance du PGE non pas un an après son octroi, mais désormais deux ans après. "C'est un droit, quelle que soit la taille de votre entreprise, et si des banques rechignent à vous accorder ce report, il faut nous le signaler", a-t-il lancé, ne voulant pas laisser la place au doute sur ce sujet. Cependant, ce report dans le remboursement ne modifie pas la durée du prêt qui, elle, reste fixée à six ans. Un point qui interpelle des patrons de société.

"Pour les entreprises qui ont consenti à de très lourds investissements ces dernières années afin de répondre à la hausse constante des cadences de production des avions, comme notamment sur l'A350, aurons-nous des possibilités d'obtenir des étalements de PGE plus longs que ceux actuellement prévus ?", demande alors Gregory Mayer, le directeur général de Satys Services. "Je propose que nous mettions cette hypothèse à l'étude avec mes équipes. Nous ne pourrons pas renégocier les 672 000 PGE, mais sur des cas très spécifiques comme dans l'aéronautique et qui concerneraient des PGE importants, cela pourrait valoir le coup. Il faudra négocier avec la Commission européenne et encadrer ce dispositif s'il voit le jour", a rétorqué Bruno Le Maire, plutôt favorable à la demande.

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Le ministre de l'Économie a également pris note de la demande des dirigeants locaux de l'aéronautique de pouvoir prolonger les soutiens financiers du Corac (Conseil pour la Recherche Aéronautique Civile). L'organisme public "supervise" les projets d'innovation de la filière et les acteurs aimeraient donc son accompagnement au-delà de 2022, ce à quoi Bruno Le Maire s'est dit favorable.

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"Nous financerons vos projets et cela n'arrivera pas tous les 50 ans"

Cet échange, avec les bonnes nouvelles aux yeux des dirigeants qui en ont découlé, ne s'est pas déroulé dans un endroit anodin. Le locataire de Bercy a tenu à effectuer ce déplacement et cette table-ronde sur le site toulousain de Liebherr Aerospace, un sous-traitant de rang 1 qui emploie 1.500 personnes dans l'agglomération. Et pour cause, le groupe a été retenu en novembre dernier pour bénéficier des fonds de France Relance dans le cadre d'un projet industriel déterminant dans la quête à l'avion français décarboné.

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Bruno Le Maire à Toulouse

Le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance est resté près de deux heures dans les locaux de l'entreprise, avant de rejoindre Guillaume Faury, le CEO d'Airbus, pour un déjeuner à huis clos (Crédits : Pierrick Merlet).

Le lauréat se prépare à concevoir et produire à Toulouse des pompes liquides permettant le refroidissement des circuits électriques qui composent un aéronef, autrefois importées des États-Unis. Liebherr Aerospace va ainsi bénéficier d'une aide de 2,4 millions d'euros sur une facture totale proche des cinq millions. De plus, la société vient d'apprendre qu'un second projet industriel allait bénéficier du soutien financier de France Relance, à hauteur cette fois-ci de 1,29 million d'euros sur un coût total de 4,9 millions. Cet autre projet, qui consiste à produire des compresseurs à air grande vitesse pour la propulsion à base de piles à combustibles, va permettre à la société d'accentuer sa diversification vers le domaine du ferroviaire.

"Comme Liebherr, avancez, proposez et déposez des dossiers ! J'appelle tous les acteurs de la filière, toutes les PME, et tous les sous-traitants de rang 1 à 4 à sortir de leurs cartons des projets d'innovation et de diversification. Nous vous les financerons et cela n'arrivera pas tous les 50 ans. C'est maintenant qu'il faut investir pour préparer le rebond", a insisté Bruno Le Maire en clôture de sa visite dans la capitale européenne de l'aéronautique qui regroupe plus de 70.000 emplois dédiés.

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Commentaires 6
à écrit le 25/01/2021 à 9:19
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' quoi qu'il en coute' ' quoi qu'il en coute' ' quoi qu'il en coute' les impots pour rembourser, ca sera apres 2022, faut refiler la patate chaude; hollande n'aurait pas fait mieux le pb c'est que la france est championne du monde d'impots et de ...

à écrit le 25/01/2021 à 8:27
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"quoi qu'il en coute" ils nous emmeneront en enfer !

à écrit le 24/01/2021 à 17:34
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Bruno Le Maire, notre sauveur, l'homme aux milliards et aux milliards.................

à écrit le 24/01/2021 à 10:53
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lemaire ment comme il respire, c'est a cela qu'il a ete formate. Tant pis pour ceux qui gobent ses balivernes a repetition.

à écrit le 23/01/2021 à 10:41
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Ce n"est pas Bruno Le Maire mais l'Etat qui s"engage avec nos impots.

à écrit le 23/01/2021 à 9:19
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"Oui nous vous promettons que les avions voleront quasiment vides." Promettre quoi d'autre !? -_-

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