"Nous sommes installés à Labège mais personne ne sait qui on est ici. Nous vivions jusqu'ici heureux et cachés", s'amuse Guillaume Martin. Et pourtant cet entrepreneur est à la tête d'une startup qui a réalisé en 2019 un volume d'affaire de 20 millions de dollars aux Etats-Unis.

Un succès inattendu

L'histoire de Pictarine commence en 2009 à Paris au moment où Instagram vient juste de naître. Guillaume Martin et Maxime Rafalimanana s'attardent dans un premier temps sur "des trucs cools qui ne rapportaient pas d'argent" autour de l'univers de la photo avant d'intégrer le célèbre programme d'incubation Techstars à Chicago en 2012. Un an plus tard, la société signe un premier partenariat avec Walgreens, leader de la pharmacie de détail aux Etats-Unis avec 8 000 points de vente. Pictarine développe pour le réseau de magasin, l'application Photo print.

"Nous sommes parmi les pionniers sur le marché de l'impression sur mobile. Nous faisons de l''instant printing : l'utilisateur sélectionne ses photos et en 20 minutes en moyenne il peut les récupérer en magasin", explique Guillaume Martin.

Malgré ce gros contrat, "l'aventure entrepreneuriale reste chaotique". A son retour en France, le chef d'entreprise choisit de s'installer à Toulouse plutôt que de retourner vivre en région parisienne. Il accompagne des entrepreneurs en résidence au sein du Camping (l'accélérateur de startups de l'IOT Valley à Labège devenu aujourd'hui Connected camp). Son associé lui décide de partir voyager pendant un an. "Nous avons un peu laissé tomber la boîte. Nous prenions un jour par semaine pour gérer la société", se remémore Guillaume Martin.

10 millions de téléchargements

Mais alors que les deux cofondateurs avaient décidé de changer de voie, les volumes d'impressions photo réalisées via l'application de Pictarine grossissent au fil des mois aux Etats-Unis. "A un moment donné, les ventes sont devenues vraiment conséquentes. Nous avions trouvé une vraie accroche marché. Nous avons décidé de remonter la société et commencé à recruter. Entre 2015 et 2020, nous sommes passés de 2 à 20 collaborateurs", se réjouit Guillaume Martin.

En 2019, la jeune pousse a également signé un partenariat avec CVS, l'autre mastodonte des pharmacies aux Etats-Unis via l'application Minute photo print. Entre Walgreens et CVS, Pictarine travaille désormais avec près de 20 000 points de vente et les deux applications ont été téléchargées 10 millions de fois depuis leur création. Le business n'est pas près de s'éteindre. "

Depuis le confinement, nous avons vu une accélération phénoménale des ventes, la société a changé de dimension. Les utilisateurs préfèrent utiliser nos applications plutôt que d'aller en magasin toucher un écran. La livraison à domicile des impressions a également explosé. Alors que nous enregistrons habituellement une croissance de 50% par an de l'activité, nous sommes à 100% de croissance depuis le début du confinement", remarque Guillaume Martin.

Des recrutements et une implantation à venir en Europe

Le volume d'affaires de la société devrait passer de 20 millions de dollars en 2019 à 35 millions en 2020. Face à ce surcroît d'activité, Pictarine va beaucoup recruter. La société installée dans 700 m2 de bureaux à Labège, compte actuellement 20 salariés et recherche six nouveaux collaborateurs : une "RH manager", des développeurs web et mobile, un "growth traffic manager".

Par ailleurs, Pictarine compte désormais conquérir le marché européen.

"Nous sommes en contact avec de grands réseaux d'imprimeurs tels que Kodak ou Fujifilm qui sont présents chez Carrefour ou la Fnac. C'est une industrie vieillissante peu digitalisée. Nous aidons les magasins à combattre Amazon car les utilisateurs de nos applications impriment tous les 20 jours en moyenne en magasin et en profitent pour faire des courses en même temps. C'est là notre vraie valeur ajoutée", indique Guillaume Martin.

Pictarine teste également en Europe de nouvelles applications telles que Feutre (coloriage de photos) ou Sticker Studio qui permet de transformer des selfies en stickers.