L'homme est en mouvement permanent. Toujours entre deux avions. Pour développer son entreprise Myfox, leader français de la maison connectée, Jean-Marc Prunet partage son temps entre Paris, où il vit avec son épouse et ses enfants, et Labège, où est implantée la société. Sans compter ses déplacements professionnels réguliers à l'étranger. "Ma famille est solide et compréhensive", reconnaît-il. D'autant que pour le chef d'entreprise de 37 ans, le travail, c'est du sept jours sur sept. "Pas de week-end et pas de vacances", résume-t-il.

Stéphane Bacou, directeur programme stratégique de Myfox, qui travaille avec lui depuis six ans, confirme : "Il n'arrête pas. Il n'y aucune limite à sa capacité de travail." Cet engagement, le chef d'entreprise ne le perçoit pas comme un sacrifice, mais plutôt comme l'accomplissement d'une passion.

"C'est ma première motivation : pouvoir changer le petit bout de monde qui est à la portée de mes mains. Et aller tous les matins au combat, heureux."

Prendre des risques

Aujourd'hui à la tête d'une PME de 45 salariés qui ambitionne de devenir numéro un mondial sur son marché dans les cinq prochaines années, Jean-Marc Prunet a su prendre des risques. Rien ne le prédestinait en effet à diriger une start-up. L'homme a débuté sa carrière dans le secteur de la fusion-acquisition chez Rothschild & Cie, à Paris, avant d'intégrer la société d'investissement Eurazeo. "Je me suis régalé, se souvient-il. Nous étions dans l'action, au cœur des visions stratégiques des entreprises." De cette collaboration, Fabrice de Gaudemar, ancien membre du directoire d'Eurazeo et actuel membre du board de Myfox, garde un excellent souvenir : "Bien que très jeune à l'époque, Jean-Marc avait, outre une capacité de travail et une énergie débordante, une grande maturité. Il cherchait en permanence à développer une vision d'ensemble. Et il songeait déjà à créer quelque chose." Ce sera chose faite en 2007, lorsque le Toulousain cofonde le fonds d'investissement indépendant Fondations Capital. Une première aventure entrepreneuriale qui durera deux ans, avant qu'il ne décide de reprendre les rênes de Myfox, société fondée par son père quatre ans plus tôt.

L'entrepreneuriat, "une guerre"

"À l'époque, c'était une start-up de cinq personnes, rappelle-t-il. C'était pour moi une très grosse prise de risque, à bien des égards. On ne devient pas entrepreneur par appât du gain : j'ai moi-même divisé mon salaire par trois ou quatre." Pas de regret, cependant, loin de là. En quelques années, Myfox est devenue une référence dans son secteur, enregistrant une croissance record de 2 523 % en cinq ans ! Et, après avoir reçu un trophée de l'innovation lors du dernier CES de Las Vegas, l'entreprise se rêve aujourd'hui un destin international. Une ambition revendiquée par Jean-Marc Prunet, pour qui, si les valeurs d'honnêteté et de loyauté doivent primer, l'entrepreneuriat reste "une guerre, une activité violente". D'ailleurs, l'homme ne s'en cache pas, être un dirigeant efficace requiert selon lui une certaine dose de fermeté.

"Je ne pense pas être perçu comme quelqu'un de facile, glisse-t-il. Je peux même parfois être brutal. Mais je crois que je ne suis pas injuste."

Son collaborateur Stéphane Bacou acquiesce : "Il dit ce qu'il pense, il est assez 'cash' parfois, mais il prend toujours en compte la personnalité des gens qu'il a en face de lui." Alain Costes, ancien directeur du Laas-CNRS, dont la société Mapping Consulting accompagne la stratégie de Myfox, vante surtout les qualités d'un "visionnaire pragmatique" : "Jean-Marc Prunet est un homme d'interconnexion, qui a la capacité de faire de sa PME une ETI. Pour moi, c'est l'un des grands patrons de demain."