Airbus va verser des aides aux petites entreprises de la supply chain pour recréer de l'emploi

Près d'un an après le lancement du plan social Odyssey qui visait 5.000 suppressions de postes en France, Airbus s'est engagé à injecter 3,4 millions d'euros sur le territoire national dont 2,6 millions d'euros uniquement pour la Haute-Garonne pour soutenir des sociétés créatrices d'emploi. L'avionneur compte notamment verser des aides aux petits sous-traitants de la supply chain, des maillons indispensables dans la perspective de la remontée des cadences. Les précisions à La Tribune de Bertrand Gautier, président d'Airbus Développement.
Airbus s'est engagé à soutenir la création d'au moins 677 emplois en Haute-Garonne dans les trois ans.
Airbus s'est engagé à soutenir la création d'au moins 677 emplois en Haute-Garonne dans les trois ans. (Crédits : Rémi Benoit)

L'annonce avait fait l'effet d'un coup de massue. Le 30 juin 2020, Airbus dévoilait le plus lourd plan social de son histoire : 5.000 suppressions de postes en France dont 3.600 emplois menacés rien qu'à Toulouse entre le siège, les usines, la filiale aérostructures Stelia et ATR. Même si le PSE de l'avionneur s'est soldé sans licenciement sec, il n'en a pas été de même chez les sous-traitants. D'après l'Insee, la filière aérospatiale a perdu 4.900 salariés en 2020 rien qu'en Haute-Garonne.

Créer 677 emplois en Haute-Garonne en trois ans

En tant qu'entreprise de plus de 1.000 salariés, Airbus a depuis la loi Pacte l'obligation de signer avec l'État une convention de revitalisation pour atténuer l'impact de son plan de restructuration sur ses bassins d'emploi.

"Airbus et ses filiales vont affecter 3,4 millions d'euros pour soutenir la création de 878 emplois en France dans quatre départements où le groupe est implanté : la Haute-Garonne, la Somme, la Loire-Atlantique et la Gironde. Comme la Haute-Garonne est le département avec le plus d'emplois concernés par le PSE, c'est aussi celui qui bénéficiera le plus de cette convention de revitalisation. Nous allons y apporter 2,6 millions d'euros avec l'objectif de créer 677 emplois dans les trois ans", précise Bertrand Gautier, président d'Airbus Développement.

"Un objectif minimum", précise le cadre d'Airbus, rappelant que lors de la fermeture du site de Suresnes pour le plan Gemini, "les créations d'emplois avaient été deux fois plus importantes que l'engagement initial".

La remontée des cadences en ligne de mire

Ce soutien prendra trois formes.

"Le premier axe est de soutenir les petites entreprises de la supply chain qui ne peuvent pas bénéficier des dispositifs de l'Etat en faveur de la filière aéronautique, comme celui du Corac (le plan de relance a octroyé notamment un soutien à la filière pour accélérer l'aviation décarbonée, ndlr). Ce sont des sous-traitants ou fournisseurs, des entreprises comptant très peu de salariés et qui sont pourtant des maillons importants dans la supply chain pour la reprise des activités. Nous nous sommes adossés à une banque qui octroie des prêts à des taux très faibles (de l'ordre de 0,2%) sans garantie et sans affectation. L'effet levier sera très important. En effet Airbus subventionnera à hauteur de 3.000 euros et la banque fera un prêt de 14.000 euros par emploi créé", détaille le dirigeant.

Ce soutien doit permettre également à la supply chain de soulager ses besoins en fond de roulement (BFR), autrement dit la somme disponible pour faire fonctionner l'activité de l'entreprise. Après plus d'un an de pandémie, beaucoup de sous-traitants risquent de se retrouver avec des finances exsangues au moment de la remontée des cadences. D'autant qu'Airbus prévoit de redémarrer très fort. Le constructeur européen a annoncé fin mai tabler sur une production d'avions jamais observée dans l'histoire de l'aviation d'ici à deux ans seulement, avec des rythmes de production capables de livrer près de 800 avions par an, voire dépasser les 1.000 d'ici à 2025.

Lire aussi 2 mnAirbus prévoit de produire un nombre d'avions jamais observé dans l'histoire de l'aéronautique

Des aides également pour les entreprises innovantes

Outre le soutien à la supply chain, le groupe veut continuer à financer les entreprises innovantes, comme le faisait déjà Airbus Développement (1.400 sociétés ont bénéficié de 8,5 millions d'euros de subventions depuis la création du dispositif en 1996).

"L'aide sera portée à 3.500 euros par emploi créé. Nous ciblons des entreprises innovantes, qui prônent la diversité, favorisant l'inclusion, qui agissent en faveur de la transition énergétique ou de la sécurité des salariés. Il ne s'agit pas nécessairement de sociétés aéronautiques. L'idée est que si dans un territoire où Airbus s'est implanté, nous aidons ce type d'entreprises, cela dynamise nos territoires et attire des profils qui pourraient ensuite travailler un jour pour Airbus", indique Bertrand Gautier.

Dernièrement, Airbus Développement a ainsi aidé Christelle Monnier, cofondatrice de Covirtua qui utilise la réalité virtuelle dans la rééducation des patients victimes d'AVC ou encore les surpantalons airbag de la société CX Air Dynamics. Dans les prochains mois, des ex-salariés d'Airbus ayant quitté le groupe au moment du plan social pour créer leur entreprise (ils sont plus de 300 dans ce cas) pourraient également être éligibles à un soutien de leur ancien employeur.

Le troisième axe prioritaire du plan de revitalisation d'Airbus vise à créer une plateforme territoriale pour les transitions collectives d'emploi en Haute-Garonne pour préparer les salariés de l'aéronautique aux métiers du futur. Airbus aura la responsabilité de l'ingénierie de cette plateforme. De son côté, l'Etat prendra en charge les coûts de formation et les salaires des collaborateurs le temps de cette formation. 

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Commentaires 9
à écrit le 06/06/2021 à 17:08
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N'y voyons bien sûr aucune philanthropie. En gestionnaire avisé et en prévision d'une forte remontée des cadences sur l'A320/321 ds les 2 ans qui viennent et la nvelle chaîne de montage créé à Toulouse, A. a tt intérêt à soutenir sa supply chain loca...

le 08/06/2021 à 7:39
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@Fred06, vous avez bien raison. A la base Airbus exploite à fond ses sous-traitants, les vire quand ça va mal et dès qu'il voit que les cadences doivent remonter...il fait revenir toutes ses petites mais sans quoi Airbus ne serait rien

à écrit le 05/06/2021 à 10:42
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En terme d image peut mieux faire mais bon comme c est un des rares fleurons franco- européen - à la diff de tantôt d autres -qui ne ss traite pas en chine... on va fermer les yeux....

à écrit le 05/06/2021 à 9:04
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Qu'est-ce qu'ils sont généreux tout ces gens avec notre argent quand même hein, on ne le dit pas assez souvent.

le 06/06/2021 à 6:56
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Vous êtes propriétaire d'Airbus hein? Félicitations!

le 06/06/2021 à 16:32
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D'un autre côté, Airbus et ses partenaires /sous-traitants font partie des deniers secteurs industriels français qui exportent massivement, rémunèrent correctement leurs salariés très majoritairement en CDI, et paient de ce fait une grande partie de...

le 07/06/2021 à 8:56
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"Vous êtes propriétaire d'Airbus hein? Félicitations! " Ben non justement c'est bien ça le problème avec la nationalisation des pertes et l'individualisation des gains on est perdant à tous les coups, les dés sont pipés. "font partie des deni...

à écrit le 04/06/2021 à 19:33
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3 millions, ah ah ah, monseignor est trop bon... CA : 50 milliards Il en manque une !

le 06/06/2021 à 10:35
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Le commentaire du gars qui n'a toujours pas compris la différence entre CA et bénéfices...

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