Hydrogène vert : les chiffres (parfois délirants) de la nouvelle station de production à l'aéroport de Toulouse

Après plusieurs années d'attente, l'aéroport de Toulouse-Blagnac a enfin sa station, à la fois de production et de distribution, d'hydrogène vert. Nommé HyPort, ce projet doit déboucher sur une ouverture à terme au grand public, mais certains chiffres autour de ce projet interpellent. En voici trois à retenir.
Depuis le 15 août, l'aéroport de Toulouse dispose de sa propre station de production et de distribution d'hydrogène vert.
Depuis le 15 août, l'aéroport de Toulouse dispose de sa propre station de production et de distribution d'hydrogène vert. (Crédits : Rémi Benoit)

« C'est avec une certaine émotion que nous sommes réunis aujourd'hui pour inaugurer la première station de production et de distribution d'hydrogène vert d'Europe en zone aéroportuaire », a lancé Marion Deridder-Blondel, la présidente d'Hyport. Cette société, détenue quasiment à parts égales entre Engie et l'Agence régionale énergie climat (Arec) d'Occitanie, doit permettre la réalisation d'un maillage de stations, à la fois de distribution et de production d'hydrogène vert, sur les aéroports régionaux. Après des années d'attente, plusieurs dizaines de personnes étaient sur place, lundi 4 décembre, pour assister à l'inauguration de la première station, sur l'aéroport Toulouse-Blagnac. « Le positionnement en zone aéroportuaire n'a eu aucun impact sur la conception de la station de production. Ce qui nous laisse espérer que ce modèle sera facile à dupliquer », estime Guillaume de La Grand'rive, chef de projets hydrogène au sein d'Engie Solutions. Seulement, certains chiffres de cette innovation peuvent interpeller. Voici lesquels.

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  • Neuf tonnes d'eau

La nouvelle station d'hydrogène de Toulouse est à la fois une unité de production et une station de distribution. Cela signifie qu'elle est équipée d'un électrolyseur capable de produire cet hydrogène vert. « On parle d'hydrogène vert car cette énergie est produite à partir d'électricité renouvelable. Dans le cas d'HyPort, l'électricité apportée à la structure provient de barrages hydroélectriques installés dans l'Aude, sous gestion de la SHEM », précise Carole Delga.

Cet apport énergétique propre est une nécessité au regard de la consommation électrique de la structure : un mégawattheure d'électricité consommé par jour. Par ailleurs, l'électrolyseur en route depuis le 15 août dernier consomme jusqu'à neuf tonnes d'eau par jour pour produire cet hydrogène vert.

« L'eau est issue du réseau de la ville. Mais c'est une consommation faible par rapport à d'autres industries. Pour un kilo d'hydrogène vert produit, nous utilisons 22 litres d'eau mais seulement neuf sont réellement consommés. Le reste est rejeté dans le réseau », défend Guillaume de La Grand'rive.

  • 430 kilos

Attendue en 2020, puis 2021, la station de distribution (uniquement) a été mise en service en fin d'année 2022, permettant ainsi à Transdev d'utiliser ses cinq bus à hydrogène pour réaliser les prestations de navette vers l'aérogare à la descente de l'avion ou bien depuis les parkings voitures pour les plus éloignés. En raison de problèmes techniques, ces bus circulaient grâce à de l'hydrogène important jusqu'à la station de Toulouse. Mais depuis le cours de l'été, la donne a changé puisque l'électrolyseur est enfin en fonctionnement.

Hyport

Un peu plus de 7 millions d'euros ont été nécessaires pour faire émerger cette station à hydrogène à Toulouse (Crédits : Rémi Benoit).

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« Il est capable de produire jusqu'à 430 kilos d'hydrogène vert par jour. Ce qui représente la consommation de 20 bus ou bien de 20 véhicules légers», se félicite le responsable d'Engie.

En cas de surplus de production, les acteurs derrière le projet HyPort ont tout prévu. La nouvelle unité de production d'hydrogène vert est capable d'exporter sa production, vers une autre station ou vers un industriel, comme doit le permettre le projet Phare 2 annoncé au dernier salon du Bourget, entre l'aéroport de Toulouse-Blagnac, Airbus et Terèga.

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Celui-ci repose principalement sur la réalisation d'une étude pour envisager l'installation d'un réseau de distribution d'hydrogène vert jusqu'à l'aéroport et au départ de celui-ci, qui est aussi un site stratégique sur le plan industriel car il est utilisé par l'avionneur européen Airbus pour mener à bien certains essais.

  • Six véhicules et bientôt plus ?

Cette capacité d'exporter de l'hydrogène vert semble la bienvenue. Pour le moment, seulement les cinq bus de Transdev, avec un réservoir de 34 kilos d'hydrogène chacun. Autrement dit, il y a, pour le moment, un surdimensionnement de la nouvelle station installée en périphérie de Toulouse. Mais un nouveau véhicule vient d'arriver dans l'écosystème, à savoir un tracteur d'avion à hydrogène de la marque allemande Mulag. Celui-ci va être déployé dans des conditions opérationnelles sur les sites toulousains d'Airbus et ce pendant un mois.

Hyport

Encore peu de véhicules vont utiliser la station à hydrogène de Toulouse (Crédits : Rémi Benoit).

Au-delà du transport de passagers, le projet HyPort doit permettre de décarboner les activités logistiques avec des véhicules légers dans les zones aéroportuaires, mais surtout décarboner les mouvements aéroportuaires au sol. Ce tracteur à hydrogène sera ainsi le sixième véhicule à utiliser la station de Toulouse Blagnac, et certainement celui sur lequel les porteurs du projet en attendent le plus, avant l'ouverture au grand public de la structure. Enfin, HyPort à Toulouse a été pensée avec trois points de charge, offrant chacun de l'hydrogène sous une densité différente, pour les véhicules lourds et légers.

« Pour l'instant, nous sommes en BtoB, mais nous comptons très prochainement ouvrir la station au BtoC également », précise Guillaume de La Grand'rive.

Ce point crucial de la mise à disposition de l'hydrogène dans des quantités importantes pourrait séduire certains transporteurs régionaux. Le conseil régional d'Occitanie a récemment voté une subvention de 6,6 millions d'euros pour sept transporteurs régionaux qui, ensemble, sont prêts à commander 25 camions à hydrogène.

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