
C'est une activité chronophage et très peu rentable pour les compagnies aériennes. La startup toulousaine Donecle s'est imposée en quelques années comme un pionnier de l'automatisation de l'inspection visuelle des avions en utilisant des drones en devenant la première société au monde à recevoir la qualification d'Airbus pour réaliser ce type d'opérations. Un ou plusieurs drones équipés de caméras photographient la surface de l'appareil. Des algorithmes de traitement d'images effectuent la détection de zones d'intérêt sur le fuselage et les classifient en défauts ou non. Un inspecteur qualifié peut alors valider les rapports d'analyse. Le tout en moins de deux heures, de quoi générer des économies importantes pour les compagnies aériennes sachant que le coût de l'immobilisation d'un appareil est d'environ 10 000 dollars de l'heure.
Huit ans après sa création, la société vient de passer un nouveau cap en bouclant une levée de 5,6 millions d'euros. L'un des deux investisseurs est le fabricant mondial de peintures aéronautiques AkzoNobel qui a mis la main en 2019 sur l'Ariégeois Mapaero.
« AkzoNobel veut passer progressivement d'un modèle de vente de peinture au litre aux compagnies aériennes à un modèle d'abonnement avec la garantie d'un certain niveau de qualité peinture sur l'ensemble de la flotte. Le drone permet d'inspecter l'avion pour réaliser des petites retouches locales régulières plutôt que d'attendre que les dégâts ne soient trop étendus et demandent de repeindre entièrement l'avion.
En faisant des réparations au bon moment, il est possible d'allonger la durée de vie de la peinture et d'aller chercher des économies d'argent et de matières premières. Ce qui est aussi bon pour la planète puisque la peinture est un produit chimique », décrit Matthieu Claybrough, cofondateur de Donecle.
Se rapprocher de Boeing
Le deuxième investisseur de la levée de fonds, une société américaine, ne souhaite pour l'instant pas révéler son identité. Avec cette opération, Donecle entend d'ailleurs ouvrir une filiale aux États-Unis, à Chicago.
« Nos drones ont déjà été approuvés par Airbus mais désormais nous voulons l'autorisation des autres grands constructeurs mondiaux. Notre présence aux États-Unis permettra de nous rapprocher de Boeing à de regarder aussi le marché militaire américain. Mais outre les États-Unis, nous voulons pénétrer de façon plus globale l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud. Nous avons déjà des discussions avec le constructeur brésilien Embraer », ajoute Matthieu Claybrough.
La levée de fonds doit aussi permettre à la startup, jusqu'ici hébergée à l'IoT Valley, d'investir des propres locaux à proximité de la Cité des startups dans le quartier Montaudran. Donecle bénéficiera d'une surface de 2.000 m2 pour accueillir jusqu'à 50 collaborateurs mais aussi de se doter de sa propre volière drones. Le lieu aura la capacité d'accueillir des morceaux d'avions et des maquettes de petits avions pour accélérer les tests avec ses drones. Ces derniers mois, la jeune pousse a recruté 15 collaborateurs pour un effectif total de 35 personnes. De quoi lui permettre à terme sur d'augmenter la capacité de production jusqu'à dix drones par mois.
Un carnet de commandes qui s'étoffe
En huit ans, Donecle a livré une trentaine de petits aéronefs et dispose aujourd'hui d'un carnet de commandes de quinze appareils supplémentaires. Parmi ses clients, l'entreprise compte des compagnies aériennes (Air France, Air Austria, Latam), des armées (l'armée de l'air, la Royal Air Force) ou encore l'aéroport Charles-de-Gaulle.
Dassault est aussi l'un de ses principaux clients après avoir commandé dix drones. Lors d'un contrat annoncé au dernier salon du Bourget, le groupe a expliqué recourir à la solution de Donecle pour simplifier l'inspection visuelle des Rafale de l'Armée de l'Air et de l'Espace et de la Marine Nationale. Au printemps dernier, la société avait aussi dévoilé un contrat avec Tarmac Aerosave pour le développement de solutions d'inspection, fuselage et moteurs, à l'aide de drones.
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