Donecle prépare une levée de 3 à 5 millions d'euros pour étoffer son offre d'inspection par drone

Pionnier dans l'inspection des avions par drone, le Toulousain Donecle diversifie son offre. Après le rachat de Dronetix pour scanner les moteurs d'avion, la startup veut dupliquer son modèle vers les éoliennes en mer et réfléchit à des applications pour les navires. En pleine croissance, la jeune société prépare une levée de fonds de plusieurs millions d'euros et prévoit une dizaine de recrutements d'ici début 2023.
Donecle a racheté au printemps dernier Dronetix, spécialisé dans l'inspection par drone de moteurs d'avion.
Donecle a racheté au printemps dernier Dronetix, spécialisé dans l'inspection par drone de moteurs d'avion. (Crédits : Donecle)

C'est une activité chronophage et très peu rentable pour les compagnies aériennes. La startup toulousaine Donecle développe depuis 2015 l'automatisation de l'inspection visuelle des avions en utilisant des drones et est devenue l'an passé la première société au monde à recevoir la qualification d'Airbus pour réaliser ce type d'opérations. Un ou plusieurs drones équipés de caméras photographient la surface de l'appareil. Des algorithmes de traitement d'images effectuent la détection de zones d'intérêt sur le fuselage et les classifient en défauts ou non. Un inspecteur qualifié peut alors valider les rapports d'analyse. Le tout en moins de deux heures, de quoi générer des économies importantes pour les compagnies aériennes sachant que le coût de l'immobilisation d'un appareil est d'environ 10 000 dollars de l'heure. Au fil des années, la startup a élargi sa gamme avec un autre modèle adapté à l'inspection visuelle en extérieur et une version 3D pour repérer les dommages et les enfoncements sur les aéronefs.

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Aujourd'hui, une vingtaine de drones Donecle sont en service auprès de compagnies aériennes (Air France, Air Austria, Latam), de l'armée de l'air ou encore à l'aéroport Charles-de-Gaulle. Et deux aéroports régionaux français s'apprêtent à déployer leur premier système.

L'inspection des moteurs devenue stratégique

Mais la startup installée à l'IOT Valley, à Labège, ne compte pas en rester là. Au printemps dernier, elle a annoncé le rachat de Dronetix, une jeune pousse qui a développé une solution d'inspection pour les moteurs et les trains d'atterrissage d'avion.

« Il faut savoir qu'un moteur, c'est à peu près un tiers du prix de l'avion, c'est aussi à peu près un tiers des coûts de maintenance, il s'agit donc d'une pièce à très forte valeur ajoutée. Or, les moteurs sont suffisamment gros pour qu'utiliser les bras robotiques devienne excessivement cher et c'est la raison pour laquelle les petits drones font sens pour réaliser l'inspection. Nous pouvons aller voir les mêmes clients pour leur proposer ce service supplémentaire », fait valoir Matthieu Claybrough, cofondateur de Donecle.

Les drones sont utilisés pour réaliser l'inspection en entrée et en sortie de l'atelier de maintenance. « Cela permet de vérifier que les moteurs sont restitués exactement dans le même état ou alors que les modifications demandées ont bien été réalisées. L'autre atout est de se prémunir contre les recours en garantie. Les pièces sont transportées entre plusieurs aéroports avant d'être livrées et le client final peut s'appuyer sur la moindre rayure pour demander un rabais sur la facture. Le drone permet de garantir la conformité des pièces. Nous avons aussi mis au point une brique d'intelligence artificielle programmée pour détecter les problèmes de qualité les plus fréquents », détaille l'entrepreneur.

Une diversification vers les éoliennes offshore et les navires

Outre ce service supplémentaire, Donecle a commencé à réfléchir durant le Covid à une diversification vers d'autres secteurs industriels pour ne pas dépendre uniquement de  l'aéronautique. C'est ainsi qu'est né le projet Inemar (INspections d'Eoliennes en Mer par drones Automatiques Robustes). Porté avec notamment le Toulousain Diodon et l'Isae-Supaero, ce programme vise à automatiser l'inspection des éoliennes en mer à l'aide d'un drone et d'un robot sous-marin. La solution, qui sera testée au large de la Méditerranée courant 2023, doit permettre d'importants gains de temps et de sécurité sur ce type d'opérations.

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« Une pale d'éolienne et une aile d'avion font appel aux mêmes méthodes de fabrication et essentiellement aux mêmes problématiques : grêle, impacts de foudre ou d'oiseaux, corrosion, etc. Les éoliennes en mer coûtent de plus en plus cher et il est de plus en plus compliqué d'y accéder d'où la nécessité de trouver des solutions d'inspection très fiables. Nous ne voulions pas aller vers les éoliennes terrestres où il existe déjà une compétition très rude avec beaucoup d'opérateurs de drones qui proposent déjà ce service. Et comme elles sont plus faciles d'accès, il est possible d'utiliser des drones low-cost et notre solution serait probablement trop chère », décrypte Matthieu Claybrough.

Le cofondateur de Donecle réfléchit à d'autres cas d'usage vers le maritime. « Nous réalisons déjà l'inspection du Rafale à bord du porte-avions donc nous sommes déjà quelque part en contact avec ce milieu. Nous pourrsons réaliser l'inspection extérieure des navires ou des sous-marins sachant qu'il s'agit là encore de structures très coûteuses à très forte valeur ajoutée », ajoute-t-il. À plus long-terme, Donecle perçoit avec l'arrivée des lanceurs réutilisables un débouché pour l'inspection des fusées. 

Pour mener tous ces projets, la startup de 21 salariés prévoit un plan de recrutement de douze collaborateurs supplémentaires dès le début de l'année 2023. En parallèle, elle est en train de boucler une levée de fonds de trois à cinq millions d'euros pour accompagner cette croissance.

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