Hyperloop TT à Francazal, c'est fini et Toulouse imagine déjà la suite

Six ans et demi après l'annonce de l'arrivée d'un centre européen de R&D à Toulouse pour tester un moyen de transport futuriste, Hyperloop TT va quitter Francazal par la petite porte. La startup califonienne est priée de démonter sa piste d'essais, son activité s'étant réduite à peau de chagrin ces derniers mois et alors que la Métropole est en train d'imaginer son futur « campus des mobilités innovantes et décarbonées ».
(Crédits : Archipel Citoyen)

Cette fois, c'est bel et bien fini. Six ans et demi après avoir annoncé en grande pompe l'implantation de son centre européen de R&D à Toulouse avec la promesse d'investir 40 millions de dollars, Hyperloop TT va quitter la Ville rose par la petite porte. Toulouse Métropole a résilié le bail avec la société californienne qui est priée de démonter la piste d'essai construite près de l'aéroport Toulouse-Francazal. Officiellement, Hyperlopp TT doit évacuer d'ici fin septembre mais comme le démontage du tube pourrait prendre un peu plus de temps, la collectivité aimerait que la société soit partie pour début 2024.

La startup comptait à l'origine sur ce site pour tester un moyen de transport futuriste qui consiste à projeter par lévitation magnétique des capsules de 50 passagers dans un tube sous vide à très haute vitesse (au moins 600 km/h et jusqu'à 1.200 km/h). En avril 2018, Toulouse Métropole avait accordé un permis de construire sur l'ancienne base militaire de Francazal pour reconvertir le mess des sous-officiers (un bâtiment de 2.560 m2) en un centre de recherche et développement. Il était aussi prévu la construction de deux pistes d'essais : une piste d'essais provisoire au sol de 300 mètres de long et une seconde piste d'un kilomètre de long, cette fois hissée à cinq mètres du sol par 25 pylônes.

Un projet réduit à peau de chagrin

Mais au fil des années, le soufflet est sérieusement retombé. Une piste au sol de 300 mètres a bien été assemblée sur le site mais pour le reste, la startup californienne a revu sa copie. À tel point qu'en décembre 2021, Toulouse Métropole a acté la résiliation anticipée du bail à construction pour la seconde piste et la transformation du mess des sous-officiers. La startup affiche alors la volonté de garder les « 10 à 15 collaborateurs » qui travaillent dans des bureaux situés au sein de la tour de contrôle de l'aéroport de Francazal.

Finalement, les équipes d'Hyperloop TT, « moins de dix personnes » d'après la startup, ont quitté la tour de contrôle fin 2022, la société d'exploitation de Toulouse Francazal Aéroport (Setfa) ne souhaitant pas reconduire le bail. La société avait alors migré vers un conteneur à proximité de la piste. Par ailleurs, Alexandre Zisa, le directeur des programmes d'Hyperloop TT qui était chargé de développer le site à Toulouse avait quitté en début d'année l'entreprise.

En plus des recrutements internes, HyperloopTT avait annoncé fin 2020 un accord avec le groupe d'ingénierie Altran qui devait mettre à disposition jusqu'à 100 ingénieurs toulousains pendant près de deux ans pour accélérer le projet de train du futur. Comme le révélait La Tribune, dès l'été 2021 la société d'ingénierie avait décidé de mettre fin à sa collaboration avec HyperloopTT, en raison de prestations impayées. Et puis, la société Hyperloop TT a été attaquée devant les Prud'hommes par un salarié lui reprochant de ne plus être payé depuis plusieurs mois, une procédure annulée in extremis à la suite de la régularisation par l'entreprise des impayés.

Malgré ces nuages qui s'amoncelaient, Hyperloop TT maintenait début mars un discours optimiste sur son implantation toulousaine : « Nos plans futurs prévoient l'expansion du centre d'opérations et de contrôle à Francazal au fur et à mesure que notre équipe et nos activités se développent ». La startup avançait l'objectif de porter son effectif à 25 personnes à terme et assure avoir investi « environ 10 millions de dollars à Toulouse » depuis son arrivée.

La Métropole se laissait alors jusqu'à l'été pour prendre une décision puisque la société avait laissé entendre être dans « une période charnière de levée de fonds ».

Faire place pour le futur campus des mobilités décarbonées

Mais aucune éclaircie n'est arrivée au cours des derniers mois.

« L'ambition du projet s'est avérée beaucoup plus modeste que ce qui avait été annoncé et depuis quelque temps on voyait plus trop d'activité. L'ampleur du projet se réduisait de jour en jour. Il y avait un projet de construction d'une piste beaucoup plus grande qui s'est avéré plus du tout d'actualité. Ils nous ont dit aussi qu'ils avaient un contrat avec un organisme italien et donc qu'ils voyaient plutôt là-bas leur développement.

Nous ne voyions pas bien l'intérêt de conserver une emprise un peu bloquante dans la mesure où nous allons faire des aménagements sur cette zone et que nous avions besoin de pouvoir travailler sur un schéma un peu clarifié », explique Agnès Plagneux-Bertrand, vice-présidente de Toulouse Métropole chargée de l'industrie et de l'économie productive.

 La Métropole a en effet acheté 38 hectares autour de l'aéroport de Francazal pour en faire « un campus des mobilités innovantes et décarbonées » qui devrait sortir de terre à partir de 2025 dans le sillage de la construction d'un Technocampus hydrogène.

Lire aussiÀ quoi ressemblera le technocampus hydrogène de Toulouse-Francazal ?

Une dépollution qui fait grincer dans l'opposition

De son côté, l'opposition municipale par la voix d'Archipel Citoyen s'indigne qu' « Hyperloop puisse échapper à ses obligations et filer dans le silence » après « plus de 3 ans de location presque gratuite du site, une dépollution/démolition entièrement assurée par la Métropole alors que le coût aurait dû être partagé avec l'Etat et un mess des sous-officiers qui a continué à se dégrader sans être rénové comme signé, et qui oblige la Métropole à mettre 6.5 millions de rénovation dans ce bâtiment ».

« On nous reproche d'avoir dépollué certains terrains pour Hyperloop TT mais il fallait les dépolluer quoiqu'il arrive, rétorque Agnès Plagneux-Bertrand. Le coût total de dépollution de la zone est estimé à 5 millions d'euros et pour le moment 700.000 euros ont été engagés pour des dépollutions ciblées qui ne concernent pas uniquement Hyperloop TT. L'Etat nous a vendu ces terrains et nous avions enlevé du prix de vente le coût de la dépollution. »

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