Hyperloop : stop ou encore à Toulouse ?

Hyperloop TT va-t-il poursuivre ses activités à Toulouse ? L'avenir du site sera tranché avant l'été. Il y a un an, la Métropole a résilié le bail qui devait permettre à la startup californienne de construire une seconde piste d'essais mais aussi de transformer un ancien bâtiment militaire en un centre de R&D de 2.500 m2. Depuis le début de l'année, les équipes d'Hyperloop TT ont quitté leurs bureaux situés dans la tour de contrôle de Francazal, son directeur est sur le départ et la startup fait face à des accusations d'impayés de salaires.
L'avenir du site d'Hyperloop TT à Toulouse sera tranché d'ici le mois de juin.
L'avenir du site d'Hyperloop TT à Toulouse sera tranché d'ici le mois de juin. (Crédits : Rémi Benoit)

Hyperloop TT a continué de faire le show cette semaine depuis le Mobile World Congress de Barcelone. La startup californienne a présenté sous le feu des projecteurs son deuxième fuselage de capsule grandeur nature imaginé avec des étudiants d'une école de design barcelonaise et a même reçu la visite sur son stand du roi Felipe VI.

À Toulouse, pourtant, l'heure n'est plus à l'effervescence autour du projet. Pour rappel, en janvier 2017, Hyperloop Transportation Technologies avait annoncé en grande pompe l'implantation de son centre européen de R&D à Toulouse avec la promesse d'investir 40 millions de dollars d'ici 2022. L'objectif étant de tester un moyen de transport futuriste qui consiste à projeter par lévitation magnétique des capsules de 50 passagers dans un tube sous vide à très haute vitesse (au moins 600 km/h et jusqu'à 1.200 km/h). En avril 2018, Toulouse Métropole avait accordé un permis de construire sur l'ancienne base militaire de Francazal pour reconvertir le mess des sous-officiers (un bâtiment de 2.560 m2) en un centre de recherche et développement. Il était aussi prévu la construction de deux pistes d'essais : une piste d'essais provisoire au sol de 300 mètres de long et une seconde piste d'un kilomètre de long, cette fois hissée à cinq mètres du sol par 25 pylônes.

Hyperloop TT quitte ses bureaux de Francazal

Six ans plus tard, le soufflet est sérieusement retombé. Une piste au sol de 300 mètres a bien été assemblée sur le site mais pour le reste, la startup californienne a revu sa copie. À tel point qu'en décembre 2021, Toulouse Métropole a acté la résiliation anticipée du bail à construction pour la seconde piste et la transformation du mess des sous-officiers. La startup affiche alors la volonté de garder les « 10 à 15 collaborateurs » qui travaillent dans des bureaux situés au sein de la tour de contrôle de l'aéroport de Francazal.

Mais ce n'est plus le cas. Les équipes d'Hyperloop TT, « moins de dix personnes » actuellement d'après la startup, ont récemment quitté la tour de contrôle.

« Le contrat de bail arrivait à terme au 31 décembre 2022 et la société n'a pas souhaité le reconduire. Les équipes d'Hyperloop TT ne sont plus sur l'enceinte aéroportuaire au sens de délégation de service public gérée par la société d'exploitation de Toulouse Francazal Aéroport (Setfa) », confirme à La Tribune Sabine Monties, directrice d'exploitation de l'aéroport.

Par ailleurs, d'après nos informations, Alexandre Zisa, le directeur des programmes d'Hyperloop TT qui était chargé de développer le site à Toulouse va prochainement quitter la société et est déjà engagé depuis le mois de février sur deux autres missions. Le nom de son remplaçant n'est pas connu.

Mais alors où sont désormais implantés les quelques collaborateurs restants d'Hyperloop TT à Toulouse ? Une source interne évoque un déménagement vers des bureaux provisoires à proximité de la piste de 300 mètres. Interrogée par La Tribune, la startup indique : « Après le début de la pandémie, comme beaucoup d'autres, nous avons opté pour une approche hybride entièrement à distance. Cependant, comme il était essentiel que nos ingénieurs, tant à Toulouse que dans le reste du monde, aient accès au site, nous avons construit sur place un centre d'opérations et de contrôle (OCC) accessible à distance et nous avons quitté notre résidence temporaire dans la tour de contrôle. Nos plans futurs prévoient l'expansion de l'OCC au fur et à mesure que notre équipe et nos activités se développent ». Hyperloop TT avance l'objectif de porter son effectif à 25 personnes à terme et assure avoir investi « environ 10 millions de dollars à Toulouse » depuis son arrivée.

Difficile de vérifier la crédibilité des dires de la startup qui en six ans d'implantation à Toulouse a toujours refusé aux journalistes d'approcher la piste d'essais et de rencontrer son équipe locale.

Prestations impayées

En plus des recrutements internes, HyperloopTT avait annoncé fin 2020 un accord avec le groupe d'ingénierie Altran qui devait mettre à disposition jusqu'à 100 ingénieurs toulousains pendant près de deux ans pour accélérer le projet de train du futur. Comme le révélait La Tribune, dès l'été 2021 la société d'ingénierie avait décidé de mettre fin à sa collaboration avec HyperloopTT, en raison de prestations impayées.

« Au début, ça s'est bien passé. Il y a eu une montée en cadence progressive des effectifs Altran mobilisés sur le projet jusqu'en mars 2021. Jusqu'à 80 équivalents temps plein (ETP) ont travaillé sur des études très en amont du projet. Tout s'est arrêté brutalement au 31 juillet dernier puisque HyperloopTT n'a pas honoré ses factures. Du jour au lendemain, tous les ingénieurs mobilisés ont été débarqués du projet », confiait fin 2021 une source souhaitant rester anonyme.

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D'après La Dépêche du Midi, la société Hyperloop TT devait répondre le 24 février devant le Conseil des Prud'hommes de Toulouse à la procédure engagée par un salarié lui reprochant de ne plus être payé depuis le mois d'août dernier. La procédure avait été annulée in extremis à la suite de la régularisation par l'entreprise des impayés la veille de l'audience.

L'avenir du site tranché d'ici le mois de juin

L'avenir de la startup à Toulouse sera en tout cas bientôt tranché. La Métropole qui a acheté 38 hectares autour de l'aéroport de Francazal souhaite faire de cette zone « un campus des mobilités innovantes et décarbonées » est en négociations avec la société pour décider du devenir de la piste d'essais dans la perspective de ce nouveau projet.

« Nous sommes dans une phase de discussions avec eux et nous nous laissons jusqu'à juin pour décider ensemble de la suite. Ils sont dans une période de levée de fonds et donc tout dépendra de l'issue de cette opération. Ils sont à un moment charnière », confie Agnès Plagneux-Bertrand, vice-présidente de Toulouse Métropole chargée de l'industrie et de l'économie productive.

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Huit sociétés dans le monde portent actuellement un projet d'Hyperloop. « Les plans d'architecte ont été dessinés, il y a un client prêt à financer. Maintenant, il faudrait un chef de chantier pour réaliser ce projet », conclut un proche de la société.

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Commentaires 4
à écrit le 04/03/2023 à 20:17
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On peut le dire le projet technologique et économique est hyperloupé... mais pas totalement car celui-ci a permis de remplir les poches de ses promoteurs qui ont fait le buzz.

à écrit le 02/03/2023 à 15:51
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Bonjour, les tubes sont en train d'être démontés. Je pense qu'on peut dire que le projet est fini.

à écrit le 01/03/2023 à 18:46
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L'hyperloop n'est qu'une fumisterie. Qui accepterait de voir construire des milliers de km de tuyaux au milieu des villes et campagnes ? A quel coût exorbitant ? Et le tout pour transporter de petites quantités de voyageurs.

le 02/03/2023 à 9:59
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Fumisterie voire fantasme récurrent (certains y ont pensé y a des lustres, déjà). Y a eu des calculs pour savoir comment les virages peuvent être supportés par les voyageurs qui ne sont pas pilotes d'avions donc ne sont pas entraînés à supporter des ...

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