À quoi ressemblera le technocampus hydrogène de Toulouse-Francazal ?

Les contours du futur technocampus hydrogène de Francazal viennent d'être dévoilés. Le plus grand centre d'essais européen consacré à l'hydrogène vert s'étendra sur 10.000 m2 avec des bâtiments permettant aux laboratoires et aux industriels de mener des tests à faible et forte puissance, une capacité de stockage de deux tonnes d'hydrogène et une aire d'essais extérieurs. Un projet gigantesque qui va demander 35 millions pour les infrastructures et 20 millions d'euros d'équipements pour faire de l'Occitanie une région à la pointe de la filière.
Le technocampus de Toulouse-Francazal occupera pratiquement deux hectares.
Le technocampus de Toulouse-Francazal occupera pratiquement deux hectares. (Crédits : Rémi Benoit)

« Ce technocampus, je ne l'aurais jamais rêvé », glisse Christophe Turpin, directeur de recherche CNRS et responsable des activités hydrogène au laboratoire Laplace à Toulouse. Ce chercheur qui travaille sur l'hydrogène depuis 1999 a commencé ses travaux alors que peu de personnes misaient sur cette technologie. Il coordonne désormais le projet du futur technocampus hydrogène de Francazal en passe de devenir le plus grand centre d'essais européen consacré à l'hydrogène vert.

« Avec 10.000 mètres carrés, nous aurons dix fois plus d'espace disponible que sur la plateforme hydrogène actuelle à Toulouse avec une très grande originalité en cassant les frontières aussi bien entre la formation, la recherche universitaire et la recherche industrielle », a salué Christophe Turpin le 30 novembre à l'occasion d'une présentation du projet lors des journées Maele organisées au salon Aeromart à Toulouse.

Le technocampus doit commencer à sortir de terre début 2024 avec une livraison des  bâtiments entre fin 2024 et l'été 2025. Un projet gigantesque qui va demander 35 millions pour les infrastructures et 20 millions d'euros d'équipements financés par la puissance publique (l'Etat, la Région qui porte la construction du projet et Toulouse Métropole) avec un fort soutien des industriels (Airbus, Safran, Liebherr, Vitesco, H2 Pulse). Bien que l'ADN du technocampus sera très orienté vers le secteur aéronautique, qui s'est lancé dans une course à l'hydrogène, le nouveau lieu pourra être utilisé pour des recherches dans d'autres secteurs.

Lire aussiToulouse au coeur de la bataille pour l'aviation à hydrogène

Toulouse bénéficie déjà d'une forte expertise de recherche en matière d'hydrogène. « Cela fait 20 ans que nous menons des travaux sur l'hydrogène. Au total, plus de 130 thèses ont été soutenues sur le sujet. La plateforme hydrogène actuelle est composée de quatre laboratoires (Laplace, LGC, Cirimat et IMFT) dispersés dans Toulouse. L'idée est que ces laboratoires déménagent progressivement sur le technocampus hydrogène au moins 25 personnes opérationnelles pour faire essais et monter jusqu'en 2030 à un noyau dur d'une cinquantaine d'experts universitaires », indique Christophe Turpin.

« Aller aux limites des matériaux »

D'après les premières esquisses imaginées par l'architecte sélectionné sur le projet, le technocampus va occuper pratiquement deux hectares avec une zone de stockage de deux tonnes d'hydrogène, quatre bâtiments permettant aux laboratoires et aux industriels de mener des tests à faible et forte puissance et une aire d'essais extérieurs de 1.000 m2.

Dans le détail, trois bâtiments seront construits en rez-de-chaussée, des espaces sécurisés avec un certain niveau de résistance pour mener des essais forte et très forte puissance jusqu'à un mégawatt. Le quatrième bâtiment s'élèvera sur deux étages. « C'est là où seront menés les essais basse puissance. Le bâtiment accueillera aussi la plateforme pédagogique avec des étudiants de formation initiale, mais aussi on espère énormément de personnel industriel en formation continue », précise Christophe Turpin.

Le technocampus abritera aussi deux bunkers de 60 et 40 mètres carrés « pour pouvoir aller aux limites des matériaux». « Malheureusement, cela peut arriver que des têtes de bouteilles de réservoir sautent avec la pression donc quand on a un doute, c'est bien de pouvoir faire des pré-tests en bunker », commente le chercheur. Les industriels pourront louer ces bunkers, des équipements ou des espaces au sein des bâtiments et même des conteneurs sur l'aire extérieure pour mener des tests.

200 personnes en 2030

Le technocampus aura la capacité d'accueillir 400 personnes. « Dès 2030, nous devrions réunir 200 personnes dont d'un noyau dur de 50 chercheurs et puis aussi, on espère beaucoup d'industriels. C'est un centre d'essais donc les entreprises viendront pour mener des tests mais ne pourront pas y implanter leur centre R&D mais des réflexions sont menées pour installer certaines entreprises à côté », informe Christophe Turpin.

L'installation d'un électrolyseur de 3 à 5 MW est également en réflexion sachant que le technocampus devrait consommer entre 600 et 700 kilos par jour d'hydrogène en exploitant seulement la moitié du centre. Le technocampus sera une zone à régime restrictif (ZRR) et pour y accéder il faudra avoir l'aval d'un haut fonctionnaire de défense. Par ailleurs, l'installation de la zone de stockage d'hydrogène va demander une enquête publique.

Lire aussiEn visite à ATR, Carole Delga dévoile un plan "avion vert" de 100 millions d'euros

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 05/12/2022 à 23:15
Signaler
Remember AZF.....

à écrit le 05/12/2022 à 17:52
Signaler
Ben j'attend la première grosse explosion qui a fait abandonner ce gaz au 19 ème siècle et des morts en série. Qui aurait pu dire il y a 50 ans que le siècle suivant sous une nouvelle science appelée écologie, on jouerait aux apprentis sorciers!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.