
Près de quatre ans après avoir annoncé l'implantation de son centre européen de R&D à Toulouse, HyperloopTT dévoile un accord avec Altran pour accélérer ce moyen de transport futuriste qui consiste à projeter par lévitation magnétique des capsules de 50 passagers dans un tube sous vide à très haute vitesse (au moins 600 km/h). Dans un entretien exclusif accordé à La Tribune, Andres de Leon, le CEO d'Hyperloop Transportation Technologies, précise les contours de ce partenariat.
"Altran va investir dans HyperloopTT en nous fournissant les services de 100 ingénieurs qui vont travailler avec nous, pendant 21 mois. Nous sommes la plus grande plateforme de crowdsourcing à travers le monde. Dans notre modèle, les entreprises investissent dans le projet en échange d'equity (d'actions) dans le produit. La plus grande partie de l'accord avec Altran reposera sur ce système de stocks options et par ailleurs nous allons payer Altran en 'cash' pour couvrir certains frais externes que le projet pourrait avoir", précise-t-il.
Avant d'ajouter :
"Ces ingénieurs seront basés dans une zone spécifique dans les bureaux d'Altran (à Blagnac, près de Toulouse, ndlr). Une partie d'entre eux vont travailler sur l'amélioration de la technologie, les autres seront concentrés sur l'implémentation commerciale du système. Nous devons avancer en matière de SME (Search Engine Marketing), d'industrialisation. Ils travailleront en lien avec nos propres ingénieurs sur l'aéroport de Toulouse-Francazal".
En avril 2018, Toulouse Métropole a accordé un permis de construire sur cette ancienne base militaire pour reconvertir le mess des sous-officiers (un bâtiment de 2560 m2) en un centre de recherche et développement. HTT y fait travailler actuellement 15 salariés permanents et d'autres sociétés innovantes s'y sont installées à l'image d'Aura Aéro. Par ailleurs, HyperloopTT a assemblé à Francazal une piste d'essais de 300 mètres de long pour faire des premiers tests du système de lévitation. Une autre piste d'un kilomètre est en projet.
"Une bonne nouvelle" pour les ingénieurs d'Altran en chômage partiel
Le groupe Altran est, comme toutes les sociétés d'ingénierie, frappé de plein fouet par la chute des cadences dans l'aéronautique. Airbus représentait entre 60 et 70% du chiffre d'affaires d'Altran avant la crise. Avec l'arrêt et la suspension de la plupart des projets, Altran avait annoncé en septembre une réorganisation de ses effectifs dans la Ville rose avec le transfert de 2.000 salariés vers une nouvelle entité baptisée Toulouse Engineering Center (TEC) pour amorcer une diversification de ses effectifs.
"Grâce à son futur centre mondial d'ingénierie de Toulouse (TEC), qui sera opérationnel au 1er janvier, Altran apportera l'ensemble des compétences techniques dont a besoin HyperloopTT, que ce soit en matière d'ingénierie mécanique et physique, d'architecture systèmes, de développement logiciel ou encore de performance. De plus, Altran va assurer la gestion du projet en impliquant des compétences transverses afin de garantir et d'accélérer l'avancement du projet", indique Altran dans un communiqué de presse.
Une nouvelle collaboration plutôt bienvenue aussi du côté des salariés.
"Pour les salariés d'Altran, ce sera un contrat comme un autre qui va concerner les collaborateurs en intercontrat, en chômage partiel ou ceux travaillant sur des projets intra recherche. Les équipes sont en train d'être constituées. L'essentiel des ressources mobilisées seront des ingénieurs de Blagnac. C'est une bonne nouvelle de trouver des missions pour les ingénieurs, cela va les occuper et leur permettre de sortir chômage partiel. L'autre avantage est que le projet est basé à Toulouse donc il n'y a pas besoin de partir en mission à l'autre bout de la France. Même si je ne vois pas forcément le projet aboutir car le système hyperloop demande des infrastructures très importantes", estime Franck Mercier, délégué CFDT Altran.
Pour mémoire, le groupe Altran a déjà investi en juin 2020 dans un autre projet hyperloop en Espagne, porté par la société Zeleros.
Retrouvez ce vendredi sur La Tribune notre enquête sur le projet Hyperloop à Toulouse avec la suite de nos échanges exclusifs avec le CEO d'HyperloopTT et de nombreuses confidences de l'écosystème toulousain.
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