Coup de frein sur le projet Hyperloop à Toulouse

Cinq ans après son arrivée à Toulouse, HyperloopTT revoit ses ambitions à la baisse. Toulouse Métropole doit acter en conseil métropolitain ce jeudi la résiliation anticipée du bail qui devait permettre à la startup californienne de construire une seconde piste d'essais mais aussi de transformer un ancien bâtiment militaire en un centre de R&D de 2.500 m2. D'après nos informations, les effectifs stagnent autour d'une dizaine de collaborateurs internes et Altran, qui devait mobiliser jusqu'à 100 ingénieurs sur le projet, a rompu fin juillet sa collaboration avec la startup. De son côté, HyperloppTT maintient pourtant que "Toulouse reste au centre de sa R&D " et que la société pourrait recruter dès l'année prochaine.
HyperloopTT ne construira pas de seconde piste d'essais à Francazal.
HyperloopTT ne construira pas de seconde piste d'essais à Francazal. (Crédits : Rémi Benoit)

C'était il y a près de cinq ans. En janvier 2017, la startup californienne Hyperloop Transportation Technologies créait la sensation en annonçant l'implantation de son centre européen de R&D à Toulouse avec la promesse d'investir 40 millions de dollars d'ici 2022. L'objectif étant de tester un moyen de transport futuriste qui consiste à projeter par lévitation magnétique des capsules de 50 passagers dans un tube sous vide à très haute vitesse (au moins 600 km/h et jusqu'à 1.200 km/h). En avril 2018, Toulouse Métropole avait accordé un permis de construire sur l'ancienne base militaire de Francazal pour reconvertir le mess des sous-officiers (un bâtiment de 2.560 m2) en un centre de recherche et développement. Il était aussi prévu la construction de deux pistes d'essais : une piste d'essais provisoire au sol de 300 mètres de long et une seconde piste d'un kilomètre de long, cette fois hissée à cinq mètres du sol par 25 pylônes.

"Il y a de la lenteur dans l'avancée du projet"

Depuis, la startup californienne a sérieusement revu sa copie. Le plan d'investissement de 40 millions d'euros n'a pas encore été déployé. La première piste d'essais a bien vu le jour. En revanche, Toulouse Métropole a acté  jeudi 16 décembre la résiliation anticipée du bail à construction pour la seconde piste et la transformation du mess des sous-officiers.

"Cette décision est partie de notre initiative, fait savoir Dominique Faure, vice-présidente de Toulouse Métropole chargée de l'Économie et de l'Innovation. Nous avons avancé dans notre projet d'aménagement des 38 hectares acquis par la Métropole à Francazal. Nous venons de nommer un urbaniste-conseil et la dépollution des sols vient de démarrer. De son côté, HyperloopTT n'avançait pas dans les travaux. Il y a de la lenteur dans l'avancée du projet, liée probablement à des levées de fonds encore insuffisantes pour une telle technologie en rupture. Nous voulions pouvoir libérer l'engagement que nous avions vis-à-vis d'HyperloopTT sur la piste d'un kilomètre et des bâtiments qui lui étaient réservé dans le mess des sous-officiers. Le bail va être transformé en bail précaire de trois ans en réservant uniquement un espace avec la piste existante de 300 mètres."

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HYPERLOOP capsule

Entourée d'une bâche depuis des mois dans un hangar de la base militaire, la capsule d'HyperloopTT va être déplacée à proximité de la piste d'essais (Crédits : Rémi Benoit).

"Toulouse reste au centre de la R&D d'HyperloopTT"

HyperloopTT va conserver ses bureaux actuels dans la tour de contrôle de l'aéroport de Francazal où travaillent d'après la startup "entre 10 et 15 collaborateurs". La capsule, premier prototype du moyen de transport futuriste, qui était stockée depuis des mois entourée d'une bâche dans un hangar de la base militaire où se développe le constructeur Aura Aero, va être déplacée sur la piste de 300 mètres au sol.

Pour autant, HyperloppTT dément tout coup de frein à son développement dans la Ville rose.

"En cinq ans, le projet a mûri et nous jugeons à présent qu'une piste d'un kilomètre serait redondante par rapport à celle de 300 mètres. Nous avons besoin de construire plutôt une piste de cinq kilomètres pour réaliser la certification de notre capsule pouvant accueillir 4 passagers. Or, il n'y avait pas la place à Francazal de construire une telle piste", indique Rob Miller, responsable du marketing chez HyperloopTT.

La startup n'a pas encore acté le lieu d'implantation de cette future piste de cinq kilomètres. Rob Miller suggère l'option Abu Dhabi où il était prévu de lancer sa première ligne commerciale. Le responsable concède que "le processus a pris un peu plus de temps de prévu, depuis notamment la pandémie". Pour autant, il tient à souligner que "Toulouse reste au centre de sa R&D" et que c'est d'ailleurs pour l'instant la seule ville au monde où la startup a construit une piste d'essais. Le dirigeant estime qu'il y a eu "un à deux départs" dans ses effectifs toulousains ses derniers mois, explicables par "le turnover très important dans les startups de la tech" mais que la société pourrait recruter dès l'année prochaine.

Altran jette l'éponge ?

En plus des recrutements internes, HyperloopTT avait annoncé il y a un an un accord avec le groupe d'ingénierie Altran qui devait mettre à disposition jusqu'à 100 ingénieurs toulousains pendant près de deux ans pour accélérer le projet de train du futur. Le groupe d'ingénierie durement touché par la crise y voyait une opportunité pour diversifier ses activités et sortir de sa dépendance aéronautique. Pourtant, d'après les informations de La Tribune, le groupe a décidé l'été dernier de mettre fin à sa collaboration avec HyperloopTT, en raison de prestations impayées.

"Au début, ça s'est bien passé. Il y a eu une montée en cadence progressive des effectifs Altran mobilisés sur le projet jusqu'en mars 2021. Jusqu'à 80 équivalents temps plein (ETP) ont travaillé sur des études très en amont du projet. Tout s'est arrêté brutalement au 31 juillet dernier puisque HyperloopTT n'a pas honoré ses factures. Du jour au lendemain, tous les ingénieurs mobilisés ont été débarqués du projet", confie une source qui préfère rester anonyme.

Lire aussi 4 mn"Altran va investir dans HyperloopTT en nous fournissant les services de 100 ingénieurs"

Contacté par la rédaction de La Tribune, Altran n'a pour le moment pas apporté de commentaire sur ce sujet. De son côté, HyperloopTT dément tout arrêt du projet avec Altran qui "est en pause jusqu'à la fin de la pandémie".

À noter que cinq ans après l'implantation de HyperloopTT à Francazal, les journalistes n'ont toujours pas eu l'autorisation de visiter ses locaux dans la tour de contrôle ou d'approcher de la piste d'essais. Rob Miller précise que "c'est lié à la pandémie et à des raisons de confidentialité". "Peut-être, en tout cas je l'espère, cela pourra être le cas en 2022", conclut-il.

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Commentaires 4
à écrit le 17/12/2021 à 9:02
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Dommage qu'ils ne fassent pas le transport de marchandises, faire seulement le transports de passagers semble déjà dépassés par la nécessité.

à écrit le 16/12/2021 à 21:48
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Les gens n'ont pas besoin de pratiquer autant le bougisme. Aujourd'hui, il y a la téléconférence, ça marche très bien et c'est beaucoup plus écologique

à écrit le 16/12/2021 à 18:20
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La R&D de la grosse entourloupe picore investissements et brevets sur toute la planète. La pompe à fric ne semble pas tenir ses promesses. Pas de meilleur pillage possible qu'au sein du riche écosystème toulousain, tête de série mondiale dans les aé...

le 16/12/2021 à 23:55
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l'interet c'est d'aller vite d'un point à un autre et sans les nombreux arrets comme dans le tgv paris nice 1h nice monaco 10mn etc sans nuisance sonore pour les riverains

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