VorteX-io décroche 2,5 M€ pour créer le premier service européen de prévision des inondations et des sécheresses

La startup toulousaine VorteX-io vient de remporter une subvention européenne de 2,5 millions d'euros qui sera bientôt complétée par une levée d'un million pour implanter 3.000 microstations sur les cours d’eau dans les trois ans à venir. La jeune société s'est inspirée de technologies du spatial pour créer des jumeaux numériques des fleuves et rivières afin de proposer à moindre coût un service de surveillance en temps réel et de prédiction des crues ou des sécheresses.
VorteX-io a développé une micro-station pour surveiller en temps réel les cours d'eau.
VorteX-io a développé une micro-station pour surveiller en temps réel les cours d'eau. (Crédits : VorteX-io)

Quelque 1,8 milliard de personnes sur la planète sont menacées par les risques d'inondations, a averti récemment le président de l'Assemblée générale des Nations Unies alors qu'au Pakistan les pluies de mousson diluviennes, à la force accrue par le réchauffement climatique, ont provoqué l'été dernier la mort de plus de 1.600 personnes et le déplacement de plus de millions d'habitants.

La France n'est pas à l'abri de ce type de cette menace avec 17 millions d'habitants, soit un quart de la population hexagonale exposée au risque d'inondation. L'Aude a notamment été profondément marquée par de violentes crues en 2018 ayant entraîné la mort de 15 personnes et endommagé plus de 400 maisons. Le département a subi ce qu'on appelle un phénomène de ruissellement intense : plus de 300 millimètres de pluie qui se sont abattus dans le département en seulement 10 heures, l'équivalent de cinq mois de précipitations. L'été dernier, c'est une sécheresse historique qui a touché le Sud-Ouest avec une Garonne à un niveau extrêmement bas cet été malgré l'utilisation colossale de stocks d'eau issus des lacs pyrénéens. Avec le réchauffement climatique, la Haute-Garonne se prépare à une Garonne à moitié à sec dès 2035.

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 Un mini-boîtier de dix centimètres de côté

Pour mieux comprendre les dynamiques à l'oeuvre dans les cours d'eau, la startup toulousaine a mis au point des micro-stations qui permettent de générer des jumeaux numériques actualisés en temps réel des rivières et d'alerter les populations en cas de risque d'inondation. Guillaume Valladeau et Jean-Christophe Poisson, qui ont fondé la société en 2019, sont tous les deux passés par le CNES à Toulouse. Ils ont tiré profit de cette expérience pour miniaturiser un altimètre spatial au sein d'une micro-station.

Ce boîtier de 10 centimètres de côté et de 500g est composé d'un processeur, d'un système de positionnement, d'un capteur d'attitude, d'une balise de transmission, d'une solution de télédétection LiDAR, ainsi que d'un appareil photo de type smartphone et d'une batterie. La solution est capable de mesurer tous les systèmes hydrologiques (cours d'eau, lacs, réservoirs, etc.) et de fournir en temps réel un ensemble de paramètres tels que la hauteur d'eau avec une précision centimètrique. Une fois collectées par la micro-station, les données hydrologiques sont envoyées dans le cloud et peuvent être consultées instantanément via la plateforme Maelstrom développée par la société.

3.000 stations en trois ans en Europe

En trois ans d'existence, VorteX-io a déployé 150 micro-stations en France mais aussi en Europe (Allemagne, Italie, Royaume-Uni). « L'idée de ce premier jet de constellation était de valider la technologie et montrer la scalabilité du modèle VorteX-io », fait valoir Guillaume Valladeau. Mais la startup s'apprête à passer à une toute autre échelle.

VorteX-io vient d'être sélectionnée par le Conseil européen de l'innovation pour recevoir une subvention de 2,5 millions d'euros. La jeune société veut compléter cette aide publique d'une levée de fonds d'un million d'euros pour implanter 3.000 micro-stations sur les cours d'eau européens dans les trois ans à venir.

« Sur la première étape du projet qui va être accompagné par la Commission européenne, nous allons déployer 1.000 micro-stations en France et en Croatie pour faire la démonstration de ces services de prédiction des c'urs d'eau en temps réel. La Croatie est le pays en Europe pour lequel le ri'que d'inondation est le plus marqué et dispose a'jourd'hui d'un réseau encore insuffi'ant d'observations temps réel. Avec la levée de fonds qui est concomitante, nous allons implanter 2.000 micro-stations supplémentaires pour créer le premier service de prévision des cours d'eau à l'échelle européenne », détaille le cofondateur de VorteX-io.

Une solution jusqu'à dix fois moins chère

Une première étape, même si d'après le créateur de VorteX-io « on est encore loin de pouvoir répondre aux besoins de l'ensemble des territoires » : « La France dispose de près de 2.000 points de mesure opérationnels à travers le service Vigicrues mais pour avoir une très bonne connaissance du risque inondation et pouvoir faire vraiment un service de prévision des cours d'eau en temps réel, il faudrait rajouter 10 .000 points de mesure dans l'Hexagone ». La startup en appelle à l'État, qui a dévoilé récemment son plan eau, pour soutenir à son tour le déploiement de micro-stations à l'échelle nationale.

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« VorteX-io depuis sa création n'a pas eu démarré de collaboration à grande échelle en complément des services de l'État. Il fallait faire la preuve de notre crédibilité technologique. Aujourd'hui, le fait que l'on soit capable de déployer un capteur en quelques minutes en France ou quelques jours ailleurs dans le monde, c'est quelque chose qui n'a jamais été vu. Et c'est là-dessus que nous révolutionnons le domaine de l'hydrologie. D'autant qu'en utilisant des capteurs hérités du spatial, nous pouvons fournir un service qui est entre sept et dix fois moins cher que les services existants. Cela signifie qu'il sera possible d'équiper toutes les cours d'eau français sans que l'Etat dépense plus d'argent », plaide Guillaume Valladeau.

En parallèle, VorteX-io va sortir cette année une nouvelle version de micro-station avec des capteurs supplémentaires qui permettront de fournir de nouveaux paramètres hydro-météorologiques tels que la mesure des précipitations, de la température ou de la turbidité de l'eau. Le transfert de données sera permis par « une hybridation de connectivité entre le réseau cellulaire et la solution d'IoT spatiale Kinéis ».

Actuellement composée de seize personnes, l'effectif de la startup devrait s'étoffer d'une dizaine de collaborateurs supplémentaires en 2023. Après avoir réalisé un chiffre d'affaires de 500.000 euros en 2022, VorteX-io compte dépasser le million d'euros cette année.

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