Depuis Toulouse, VorteX.io anticipe les inondations et les crues en temps réel

Créée en 2019, la société toulousaine VorteX.io propose un système de surveillance des zones hydrologiques grâce à un outil compact de télédétection dérivé de l’altimétrie satellitaire, une technologie spatiale dédiée à la mesure précise de la hauteur de la surface de la mer. Cette micro-station, connectée et autonome, permet de mesurer en temps réel les paramètres des cours d’eau et d’alerter les populations en cas de risque d’inondation.
La startup souhaite boucler sa première levée de fonds en 2022.
La startup souhaite boucler sa première levée de fonds en 2022. (Crédits : DR)

Les changements climatiques entraînent des crises hydrologiques telles que des inondations, des crues ou des submersions côtières et les populations y sont de plus en plus exposées. Ces crises sont principalement liées au manque de connaissances, de surveillance et de suivi des plans d'eau environnants. Depuis Toulouse, VorteX.io a mis au point une solution inspirée de la technologie spatiale, compacte, connectée, et autonome qui permet de surveiller les cours d'eau, d'anticiper les occurrences de crues et d'inondations et d'alerter en amont les population à risque.

"L'idée de la société est d'utiliser notre expertise et notre savoir-faire dans le domaine spatial pour s'adresser aux populations et à tous les enjeux majeurs autour de l'eau avec des impacts sociétaux sur la gestion des ressources en eau d'un point de vue quantitatif, sur son suivi qualitatif, sur la prévention, l'étude des risques extrêmes, les inondations, les sécheresses, etc", explique Guillaume Valladeau cofondateur de VorteX.io avec Jean-Christophe Poisson en avril 2019.

Un boîtier intelligent

Ces deux anciens employés du CNES à Toulouse ont ainsi imaginé une micro-station, un instrument intelligent et innovant basé sur le principe d'un satellite miniaturisé, qui mesure tous les systèmes hydrologiques (cours d'eau, lacs, réservoirs, etc.) et fournit en temps réel un ensemble de paramètres tels que la hauteur d'eau avec une précision centimétrique, les vitesses de surface, des images et vidéos.

D'un poids de 400g, cette micro-station, se présente sous la forme d'un boîtier, de 10 centimètres de côté, qui embarque à bord tout un ensemble de capteurs qui mesurent les cours d'eau. Elle est également dotée d'une caméra d'observation.

"Vortex s'appuie sur des miniaturisations d'altimètres spatiaux. Il s'agit d'un instrument qui n'a pas de capteurs, radar, laser ou caméra, immergés dans l'eau. La micro-station est équipée d'un capteur lidar, un capteur laser qui est spécifique à la mesure d'observation hydrologique. Il fonctionne jour et nuit et consomme très peu. Il est silencieux, non invasif pour l'environnement et stable dans le temps, contrairement aux systèmes traditionnels. Une fois installé, notre capteur ne nécessite pas de maintenance", précise l'ingénieur de profession, spécialisé en océanographie.

Une seconde solution embarquée sur drone

Une fois collectées par la micro-station, les données hydrologiques sont envoyées en temps réel dans le cloud et peuvent être consultées en temps réel via une plateforme développée par la société. "L'application fournit à la fois les paramètres mesurés par Vortex.io mais également ceux de tous les systèmes de mesure complémentaires, au sol, des réseaux de mesures publiques, aéroportées et satellitaires", ajoute le CEO de l'entreprise.

vortex.io

Les clients ont accès via une plateforme à toutes les données récoltées par le boîtier. (Crédits : VorteX.io)

"Notre boîtier est équipé d'un système intelligent de gestion d'énergie, composé d'un panneau solaire et d'une batterie qui nous permet d'assurer une redondance sur le système énergétique. Pour la transmission des données, nous les transférons par 4G, mais nous allons hybrider le système de connectivité avec un système d'IoT spatial fourni par la boîte toulousaine, Kinéis. Nous envoyons les données en 4G, mais lorsque le réseau n'est pas disponible, les données sont envoyées par satellite."

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La jeune startup a également mis au point une seconde solution qu'elle développe à plus petite échelle. Embarquée sur drone volant, cette dernière permet d'observer les cours d'eau, de mesurer la hauteur de l'eau et les surfaces inondées lors d'événements d'inondation.

Pour le public et le privé

Sa solution principale, la micro-station, a initialement été pensée pour les systèmes publics qui nécessitent une surveillance des cours d'eau en temps réel dans un souci de protection de la population. Dorénavant, l'outil peut également convenir à d'autres applications telles que le suivi d'activités économiques comme le transport, l'assurance, l'industrie énergétique, l'agriculture, le domaine côtier ou la submersion marine.

"En France, nous avons environ 8.000 communes qui sont parcourues par des cours d'eau, qui provoquent des inondations et qui ne disposent d'aucun système de surveillance, d'anticipation et de prévention des populations. Pour les marchés privés, il y a tout a un ensemble d'acteurs dont les conséquences des risques climatiques mettent en péril les activités économiques. Par exemple, certaines sociétés de transport sont impactées par les événements climatiques lorsqu'elles doivent passer par certaines routes et axes qui vont être coupés ou obstrués", illustre-t-il.

VorteX.io propose un service SaaS sous forme d'abonnement sans engagement. Le prix de l'abonnement est variable selon les fonctionnalités et service choisis. Il démarre à un prix de 100 euros par mois et par capteur. La petite société détient un portefeuille d'une dizaine de clients. Parmi eux, elle compte tout autant des agences spatiales européennes que des petites communes de quelques milliers d'habitants.

Aujourd'hui, une cinquantaine de micro-stations VorteX.io sont installées en France. Une trentaine sont sur le point de l'être près de cours d'eau en Europe, notamment en Italie et en Allemagne. La startup a pour objectif de "doubler le parc existant français" de 3.000 points de mesure des cours d'eau. Pour ce faire, elle envisage de produire 1.000 micro-stations en 2022 et 2.500 en 2023. D'ici cinq ans, son but est de répondre au besoin de 13.000 points d'observation hydrologiques supplémentaires dans l'Hexagone.

Un tour de table en 2022

Fondée en 2019 mais opérationnelle depuis avril 2020, VorteX.io compte neuf salariés à ce jour. Pour fin 2022, elle envisage d'avoir une équipe de 17 personnes. L'objectif est d'être 35 employés "d'ici trois ans" à l'échelle régionale et nationale notamment à travers l'ouverture de bureaux commerciaux dans d'autres grandes villes de France, pas définies pour l'instant.

Sponsorisée par l'Agence spatiale européenne et le CNES qui a testé la technologie durant deux ans avant sa mise sur le marché, la société devrait boucler une levée de fonds, dont le montant est tenu secret, durant le premier semestre 2022. Ce tour de table devrait entre autres servir "à déployer largement notre constellation à l'échelle de la France" ainsi que "remplir rapidement les besoins qu'il y a à grande échelle". Avec un chiffre d'affaires de 250 000 euros en 2021, elle espère atteindre les 500 000 euros pour l'exercice en cours et passer la barre du million d'euros en 2023.

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