Avec sa Data Valley, l'Occitanie se dote d'un centre d'excellence en cybersécurité à Toulouse

Contre 42 millions d'euros, l'Occitanie vient de faire sortir de terre en périphérie de Toulouse sa Data Valley de 20.000 mètres. Avec l'installation récente de la société Itrust et les équipes du groupe iliad, la collectivité ne cache pas son ambition de faire de ce lieu un pôle d'excellence sur la cybersécurité, et l'usage de la donnée au sens large. Avant une accélération annoncée des moyens vers la cybersécurité industrielle...
La Data Valley, le nouveau vaisseau amiral de l'Occitanie sur la cybersécurité ?
La Data Valley, le nouveau vaisseau amiral de l'Occitanie sur la cybersécurité ? (Crédits : Jean-Paul Viguier & Associés)

La fête a battu son plein. Dans la soirée du lundi 17 juin, plusieurs centaines de convives étaient réunis dans l'agglomération toulousaine, à Labège, pour fêter l'installation de la société toulousaine ITrust dans son nouveau quartier général. 1.000 mètres carrés de surface au rez-de-chaussée de la Data Valley. Spécialisée dans le développement de solutions de cybersécurité, notamment à partir d'intelligence artificielle, ITrust était à la recherche de nouveaux locaux depuis plusieurs années à Toulouse pour faire face à ses ambitions. « Nous avons pour objectif de multiplier notre chiffre d'affaires par dix en cinq ans. Nous sommes bien lancés », commente Jean-Nicolas Piotrowski, le fondateur de l'entreprise, dont il ne détient plus que 40% du capital aujourd'hui.

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Il y a environ un an, l'entrepreneur - qui a fondé sa société en 2007 - a cédé une part majoritaire du capital de son bébé au groupe iliad, « après 18 mois de collaboration industrielle fructueuse », selon le directeur général de Free Pro, Denis Planat. L'objectif est clair pour ce dernier avec sa nouvelle filiale : sensibiliser dans un premier temps les 60.000 clients de Free Pro aux enjeux de cybersécurité et les faire souscrire aux solutions proposées par iTrust.

« Nous voulons bousculer ensemble le marché du BtoB, avec des offres simples, au juste prix et pourquoi pas sans engagement. Il faut démocratiser les offres de cybersécurité pour les entreprises et les rendre accessibles. Dans le même temps, nos clients nous font remonter le besoin, non pas d'un outil supplémentaire, mais plutôt d'un service avec une solution managée en externe », décrit Denis Planat.

Si avant le rachat, la société toulousaine avait bouclé son exercice 2022 avec près de quatre millions d'euros de chiffre d'affaires, elle devrait dépasser les cinq en 2024 et même s'approcher des six millions. Bien que la société toulousaine compte 1.200 clients aujourd'hui, ce sont 650 nouveaux clients qui ont été accueillis depuis l'arrivée d'iliad à son capital. Le tout avec une priorité de déploiement orientée vers les PME et PMI, souvent démunies sur le sujet de la cybersécurité voire pas du tout sensibilisées.

Plusieurs acteurs de la cybersécurité réunis

Mais le rez-de-chaussée de la Data Valley à Toulouse ne sera pas exclusivement réservé aux 75 collaborateurs de iTrust. Le groupe iliad y a installé des équipes pour faire sens et faciliter les synergies avec son nouvel actif. Ainsi, des équipes de Free Pro sont désormais dans les locaux, tout comme des équipes d'une autre filiale d'iliad, à savoir Scaleway qui propose des solutions de cloud, de stockage de données et de calcul à la demande. Au total, plus d'une centaine de collaborateurs du groupe spécialisé dans les télécoms est installée dans ce nouvel actif immobilier de la place toulousaine et « une quarantaine de recrutements » est à prévoir en 2024 souligne Iliad.

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« Pour définir ce que nous faisons ici, je préfère parler d'un hub plutôt que d'un nouveau siège social, c'est plus représentatif », présente Jean-Nicolas Piotrowski, qui se félicite d'avoir déjoué 100% des menaces cyber qui ont concerné ses clients ces cinq dernières années tout en déclenchant à trois reprises une cellule de crise.

Pour renforcer ce travail collectif, les acteurs privés vont être rejoints par la force publique sous peu. L'entité Cyber'Occ, bras armé de la région Occitanie sur ces questions de cybersécurité à destination des collectivités locales et des TPE/PME, va poser ses valises ici, tout comme l'Académie Cyber Occitanie (anciennement l'AN 21), l'école de cybersécurité fondée par l'entrepreneur toulousain.

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« En accord avec la région Occitanie, nous avons changé le nom de l'école et nous en profitons pour nous associer avec l'école CSB de Lyon pour proposer toutes les formations : post bac, bac + 3 et bac + 5, le tout en apprentissage pour alimenter les entreprises de la région », fait savoir le fondateur d'Itrust.

Un renouveau pour un projet qui a eu chaud

Au-delà de la cybersécurité, des entreprises matures et des startups sont attendues dans les 20.000 mètres carrés de la Data Valley, à condition d'être spécialisées dans la data, l'IoT, ou encore l'intelligence artificielle. Pour voir ce bâtiment sortir de terre et fraîchement livré, le conseil régional a investi 42 millions d'euros dans sa construction au travers de son agence régionale Aménagement et Construction (Arac), organisme aussi impliqué dans le rachat de la fonderie SAM dans l'Aveyron.

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C'est surtout l'épilogue d'un dossier hautement politique enclenché il y a plusieurs années déjà. Au milieu des années 2010, alors que la pépite toulousaine du moment, Sigfox et son réseau de télécommunication 0G sont à leur apogée, leur fondateur, Ludovic Le Moan, exige une Silicon Valley à la toulousaine pour laisser son entreprise sur le territoire. Mais la liquidation judiciaire de l'ancienne star de la French Tech en 2022, criblée de dettes à hauteur de dizaines de millions d'euros, a complètement changé les plans des collectivités pour ce bâtiment, qui devait initialement accueillir les équipes de Sigfox, ses partenaires et des entreprises qui utilisaient sa solution réseau. Preuve de ce changement de braqué, la Data Valley devait s'appeler initialement Campus de l'IoT Valley...

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Place désormais à une connotation très cybersécurité puisque la région Occitanie va aussi accueillir dans ce bâtiment son futur « Campus Cyber », filiale directe de la structure éponyme installée à Paris, comme révélé en exclusivité dans les colonnes de La Tribune il y a quelques mois. La signature de la convention de partenariat devait se dérouler en ce début de semaine, mais le contexte politique actuelle a poussé la collectivité a repoussé cette signature. Néanmoins, il est à noter que le Campus Cyber de Toulouse sera spécialisé dans la cybersécurité industrielle. Un choix loin d'être anodin sur un territoire avec des industries aéronautiques, pharmaceutiques et spatiales très présentes...

« L'Occitanie compte aujourd'hui plus de 200 entreprises spécialisées dans les produits ou les services de cybersécurité (...) Pour développer cet écosystème, la région a mis en place son contrat de filière numérique, doté de 150 millions d'euros de 2023 à 2027 », rappelle la région Occitanie qui a mis sur pied l'Institut Cybersécurité Occitanie regroupant 15 laboratoires dédiés.

Suffisant pour devenir une région leader sur la cybersécurité ?

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Commentaire 1
à écrit le 18/06/2024 à 9:28
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Faut il forcément construire ? Un peu d'originalité en cherchant parmi les millions de bâtiments abandonnés en France et les rénover intelligemment et surtout pour qu’ils soient beaux, pour qu'ils acquièrent de la densité, de la valeur propre, ne ser...

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