Syselec accélère sur l'électronique made in France avec une nouvelle usine dans le Tarn

Le spécialiste tarnais du câblage de cartes électroniques Syselec a investi près de cinq millions d'euros pour construire une nouvelle usine et doubler sa capacité de production. Face à une forte concurrence étrangère, son dirigeant est un ardent défenseur du made in France. Il mise sur une offre intégrée et des partenariats à taille humaine, notamment avec des startups locales, pour tirer son épingle du jeu.
Fabrice Castes, président de Syselec.
Fabrice Castes, président de Syselec. (Crédits : Rémi Benoit)

"Le prix, à un moment donné, il faut le payer", lâche Fabrice Castes. Fervent défenseur du made in France, le président de Syselec ne parle pas que de son activité de cartes électroniques, durement attaquée par la concurrence étrangère. Quand il a décidé de construire une nouvelle usine, le dirigeant a tenu à faire travailler les artisans locaux. Même esprit quand il a fallu investir dans de nouvelles machines. "J'ai acheté des machines françaises. Si j'avais voulu gagner de l'argent, j'aurais pu choisir une Yamaha. Mais l'intérêt est que que le fabricant de ma machine est nantais. Demain, j'ai un problème, il prend la voiture et vient me dépanner".

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Fabrice Castes a repris en 2013 la petite société fondée en 1981 et l'a grandement développée à tel point que l'entreprise était un peu à l'étroit dans son siège historique de Castres (Tarn).

"La société a été créée avec les deux activités qu'on connaît aujourd'hui : le câblage d'armoires électriques et le câblage de cartes électroniques. Quand j'ai repris l'activité, nous étions 17 personnes pour 3,5 millions de chiffre d'affaires. Nous sommes actuellement 46 avec 10 millions d'euros de chiffre d'affaires avant la Covid-19", décrit le président de Syselec.

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Nouveaux locaux de Syselec (Crédits : Rémi Benoit).

La PME a investi 4,8 millions d'euros (dont 3,5 millions pour le volet immobilier) pour faire sortir de terre son nouveau site au coeur de la zone d'activités du Causse. En 2020, une première tranche de travaux a permis de livrer 1.000 m2 de bureaux et 3.000 m2 d'usine. De quoi doubler sa capacité de production et rapatrier l'activité de cartes électroniques. Le chef d'entreprise prévoit de lancer une seconde phase de travaux pour réunir le restant des activités sous le même toit d'ici cinq ans.

Miser sur des productions "à taille humaine"

Chaque année, 250.000 cartes électroniques sortent des lignes de fabrication de Syselec. La PME doit faire face à une concurrence étrangère féroce.

"La problématique dans l'électronique aujourd'hui c'est que pour trois euros d'écart sur un produit qui en vaut 3.000, les sociétés envoient leurs cartes en Tunisie. Sur des séries de plus de 50 000 cartes par an, nous sommes en concurrence directe avec les pays low-cost. Si je ne vends que des cartes, je ne peux pas remporter le marché. Il faut imaginer qu'en Tunisie, les entreprises ont les mêmes machines que nous et produisent avec la même qualité avec un coût de main d'oeuvre beaucoup plus faible (un opérateur tunisien coûte 150 euros par mois).

Quand on voit qu'Airbus délocalise régulièrement sa production à l'étranger, c'est malheureusement à cause de ces grands groupes que l'on désindustrialise le pays", regrette Fabrice Castes.

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Contrôle des cartes électroniques (Crédits : Rémi Benoit).

D'où l'idée de privilégier "des séries plus petites" en nouant des partenariats "à taille humaine".

"Personnellement, je n'aime pas travailler avec les grands donneurs d'ordres, les grands groupes, parce qu'on est considérés comme des sous-traitants. Pour dix centimes, ils ne vous passent pas la commande. Pour tirer notre épingle du jeu, nous visons des séries plus petites en proposant l'intégration, la logistique, des activités à côté de la fabrication qui permettent de nous développer", poursuit Fabrice Castes.

Parmi les clients de Syselec, figure beaucoup de PME et d'ETI dans le domaine industriel mais aussi des startups locales. La société tarnaise travaille depuis plusieurs années avec Ffly4u, jeune pousse toulousaine spécialisée dans l'Internet des objets.

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Intégration des cartes électroniques (Crédits : Rémi Benoit).

"Nous leur faisons les cartes, l'intégration dans le boîtier connecté et même la livraison vers le client final. Pour Ffly4u, l'intérêt est d'utiliser notre atelier pour dire aux potentiels clients que s'ils commandent 10 000 pièces, nous serons en capacité de les produire. Cela apporte de la crédibilité au projet. De notre côté, l'intérêt est de maîtriser toute la chaîne de valeur et de parier sur des projets innovants. Syselec a commencé par des prototypes et de toutes petites séries pour Ffly4u. Aujourd'hui, nous parlons de 20.000 produits. Cette startup devient l'un de nos gros clients", détaille le président de Syselec.

15 recrutements d'ici à 2025

Outre Ffly4u, Syselec collabore à l'heure actuelle avec Sinafis (capteur d'humectation des feuilles pour le secteur viticole), i-Meds HealthcareNaïo Technologies, etc.

Malgré l'impact de la crise de la Covid-19 qui a fait chuter de 20% son chiffre d'affaires (à 8,5 millions d'euros en 2020), Syselec table sur quinze recrutements d'ici à 2025 et  recherche en ce moment notamment des monteurs-câbleurs électroniques.

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