C'est un nouveau coup d'accélérateur pour la startup toulousaine Ffly4U. Le fabricant mondial de câble Nexans a annoncé courant juillet que la jeune pousse allait équiper l'ensemble de ses 100 000 tourets de chantier d'ici trois ans.

Fondée en 2016, cette jeune société s'est spécialisée dans l'internet des objets à destination des industriels avec une approche atypique.

"L'internet industriel des objets s'est concentré jusqu'à présent sur la géolocalisation et le suivi de température. Depuis trois ans, nous disons que ce n'est pas suffisant pour créer de la valeur. Nous avons fait le pari de travailler sur des verticales métier très spécifiques. Plus nous approfondissons la compréhension des métiers, plus nous avons de chances de créer des données qui augmentent la rentabilité du service", explique Olivier Pagès, fondateur de Ffly4U.

Un indicateur de suivi des chantiers

En l'occurrence pour Nexans, Fly4U a introduit dans son boîtier connecté, en plus de la géolocalisation, un capteur de mouvement capable grâce à de l'intelligence artificielle et du machine learning d'analyser des données depuis le chantier et de les faire transiter via les réseaux de communication bas débit comme Sigfox ou LoRa.

"Il est possible non seulement de localiser les tourets (ces grosses bobines de bois utilisées sur les chantiers pour enrouler du câble) mais aussi de connaître la longueur du câble utilisé pendant la journée. L'information est directement envoyée sur le bureau de l'opérateur du chantier qui peut s'en servir comme un indicateur de suivi des opérations. S'il voit que seulement 150 mètres de câbles ont été déroulés dans une journée sur un objectif de 1 000 mètres, il peut appeler son sous-traitant pour faire le point. Cette donnée de longueur résiduelle de câble intéresse beaucoup le groupe Nexans mais aussi ses clients pour se différencier de la concurrence", relève le président de Ffly4U.

Le groupe Nexans estime que la technologie imaginée par Ffly4U a permis "de réduire de 90% les cas de vols ou de perte de tourets" grâce à la géolocalisation mais aussi de diminuer les coûts d'immobilisation des bobines de câble (l'opérateur doit payer comme des frais de parking pour pouvoir stationner un touret sur un chantier). L'industriel estime aussi que le boîtier permet "d'augmenter de 50% l'efficacité des chantiers grâce aux informations sur la longueur résiduelle de câble". Après avoir équipé plus de 8 000 tourets en 2018 et 2019, Ffly4U a reçu une nouvelle commande de 10 000 boîtiers à installer d'ici fin 2021. Et Nexans ambitionne d'équiper l'ensemble de ses 100 000 tourets d'ici trois ans.

En plus des tourets, Ffly4U collabore avec des grands comptes sur d'autres verticales métier. "Nous équipons des bennes pour un grand groupe dans le domaine du recyclage, des remorques pour un acteur de la télématique, des supports de manutention (palettes ou conteneurs) et enfin l'aéronautique", indique Olivier Pagès qui ne peut divulguer le nom de ses clients.

Une nouvelle levée de fonds de plusieurs millions d'euros

Après avoir levé 3,2 millions d'euros depuis sa création, Ffly4U prévoit une nouvelle levée de fonds d'un à trois millions d'euros en janvier 2021. La startup qui compte aujourd'hui un effectif de 14 personnes prévoit d'embaucher "10 à 15 personnes d'ici trois ans". Déjà implantée en Allemagne, elle pourrait recruter des commerciaux au Benelux, en Angleterre et au Moyen-Orient. Elle prévoit aussi d'embaucher des experts pour ses cinq verticales métier.