Agriculture connectée : la startup Sinafis rejoint le groupe Sirea

La startup tarnaise Sinafis, à l'origine d'une sonde pour évaluer l’humectation des feuilles, vient d'être recapitalisée par la PME Sirea également implantée à Castres. Cette dernière compte s'appuyer sur la technologie de Sinafis pour automatiser les systèmes d'irrigation des cultures. Ces outils d'agriculture connectée permettent des économies d'eau et de réduire l'usage des pesticides dans les champs.
Sinafis compte automatiser les systèmes d'irrigation.
Sinafis compte automatiser les systèmes d'irrigation. (Crédits : Sinafis)

Fondée en 2016 à Castres, la startup Sinafis a annoncé fin novembre rejoindre une autre société implantée dans la ville tarnaise, la PME Sirea, spécialisée dans l'optimisation énergétique. "Il s'agit d'une recapitalisation. Le capital social de Sinafis était de 2.000 euros et nous l'avons fait passer à 100.000 euros en diluant les parts des anciens actionnaires", précise Stéphane Cabrol, le nouveau président de Sinafis.

Moins de pesticides et des économies d'eau

La startup développe des capteurs connectés d'humectation pour surveiller l'humidité des feuilles, des sols et de l'air ainsi que la température dont les données sont envoyées par le réseau bas-débit Sigfox. Olivier Plessis-Fraissard est maraîcher près de Montauban. Depuis quatre ans, il a installé sous ses serres de légumes les sondes imaginées par la startup Sinafis.

"Avant, j'arrosais un peu sans savoir. J'ai positionné trois sondes sur ma serre de 6 000 mètres carrés. C'est beaucoup plus efficace, j'ai diminué de 30 % ma consommation d'eau", témoignait-il en 2019.

Lire aussi : Sinafis conçoit des sondes bon marché pour surveiller les récoltes

Au-delà des économies d'eau, ce système de sondes permet de réduire significativement le recours aux pesticides, comme le glyphosate.

"C'est surtout ça l'intérêt puisque finalement, ce n'est pas le coût de l'eau qui est le plus significatif au niveau économique. Les capteurs vont permettre de détecter à quel moment, en fonction de la température et de l'humidité du sol, certaines maladies vont se déclarer ou quand certains ravageurs, certaines larves vont remonter à la surface. Il est alors possible de ne traiter qu'à ce moment-là. L'agriculteur ne perd plus ni de temps ni d'argent à dépenser du produit alors que les maladies ou les ravageurs ne sont pas sur le point d'apparaître.

Les agriculteurs vont pouvoir faire au moins 10 % d'économie sur les produits phytosanitaires et pour eux, 10 % d'économies sur cette charge là, c'est juste énorme", fait remarquer Stéphane Cabrol.

Avec sa technologie, Sinafis a déjà équipé une centaine de parcelles avec notamment les fermes expérimentales d'InVivo, la plus grande coopérative agricole de France, des agriculteurs indépendants mais aussi le fournisseur de produits phytosanitaires Koppert Biological Systems. Des expérimentations sont aussi menées auprès de l'Institut français du vin et de l'Institut technique de recherche sur les plantes médicinales.

Automatiser les systèmes d'irrigation

L'arrivée dans le groupe Sirea doit permettre à la startup de franchir un nouveau cap.

"Le système de Sinafis vient capter de l'information et la fait remonter aux agriculteurs qui prennent la décision d'arroser ou non. L'étape suivante sera d'automatiser un système d'irrigation. Le capteur va informer le système que le végétal a besoin d'être irrigué et l'irrigation va se déclencher, elle s'arrêtera lorsque le végétal sera suffisamment irrigué. Arroser uniquement lorsque c'est nécessaire va permettre de réaliser une économie d'eau proche des 25%. Ce système pourrait être autonome grâce à une alimentation solaire", imagine Stéphane Cabrol.

Avant d'ajouter que ce développement rejoint le coeur d'activité du groupe Sirea qui est de commercialiser des automatismes et des systèmes d'optimisation énergétique. D'ailleurs la PME compte faire profiter Sinafis de son réseau international de grands comptes. Sirea (30 salariés et un chiffre d'affaires proche de six miliions d'euros) travaille pour Airbus, Safran, les laboratoires Pierre Fabre, Enedis mais aussi le CNRS et l'Unicef. "Le groupe est implanté en Afrique, en Asie, en Europe, évidemment avec une filiale en Espagne. En Afrique, par exemple, Sirea réalise du fermage solaire. c'est-à-dire l'installation de panneaux photovoltaïques dans des champs pour produire de l'énergie", précise le dirigeant.

Auparavant installée à la Technopole Castres-Mazamet, Sinafis aura désormais son siège dans les locaux de Sirea. La startup ne comptait que ses deux cofondateurs. Le premier, Ari Kammbouri, reste le directeur du développement commercial et le second, Christophe Beaulieu, a préféré quitter la société.

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