E-santé : le pilulier 2.0 de i-Meds Healthcare séduit en Allemagne

Créée en 2015, l’entreprise ariégeoise i-Meds Healthcare a conçu un distributeur de médicaments connecté. L’idée est de faciliter et sécuriser la prise de médicaments chez les personnes âgées ou atteintes de maladies chroniques afin d’éviter tout oubli ou erreur grave. Elle a obtenu un premier contrat de distribution en Allemagne.
Le distributeur i-Donea est entièrement fabriqué en Occitanie.
Le distributeur i-Donea est entièrement fabriqué en Occitanie. (Crédits : i-Meds Healthcare)

Avec l'âge, les pathologies s'additionnent et les traitements médicamenteux aussi. Pour les personnes âgées, il est donc parfois difficile de suivre les traitements correctement tant ils sont complexes. Afin d'éviter oublis et erreurs et faciliter la prise de médicaments, la startup ariégeoise i-Meds Healthcare a mis au point i-Donea, un distributeur connecté 24h/24 qui facilite et sécurise la prise de médicaments à domicile.

"Aujourd'hui, 50 % des patients traités pour une maladie chronique oublient de prendre leur traitement au moins une fois par semaine. À cause de la non-observance médicamenteuse, neuf milliards d'euros sont gaspillés par an en France. Lorsque nous avons essayé de comprendre les raisons pour lesquelles les personnes arrêtent leur traitement de manière prématurée et sans que le professionnel de santé en soit informé, nous avons constaté que le problème démarre dès que le patient quitte la pharmacie avec une poche remplie de médicaments et livré à lui-même.

"i-Donea est un outil visant à soulager le patient et son entourage qui n'a plus besoin de stresser en raison de cette lourde responsabilité. Nous pouvons contribuer au retardement de la perte d'autonomie et de la dépendance des personnes âgées et ainsi éviter certains accidents de vie", explique Gérard Woudhouse, fondateur d'i-Meds Healthcare.

Un signal sonore pour rappeler l'heure des médicaments

i-Donea pèse de 2,5 kg et a la taille d'une machine à café. Le distributeur est doté d'une interface tactile et d'un seul bouton. Branchée sur secteur, la machine possède une batterie de secours en cas de coupure de courant ou débranchement accidentel. À l'intérieur du distributeur, se trouve une cassette transportable qui contient les médicaments. Celle-ci est remplie au préalable par le pharmacien à l'aide de l'ordonnance. Le professionnel enregistre, via un logiciel, les horaires des prises et imprime une étiquette codée qui sera collée sur le pilulier.

Il suffit à l'aidant ou au patient de réinsérer la cassette dans le distributeur pour programmer automatiquement la distribution. Elle peut contenir jusqu'à 21 doses soit une semaine de traitement à raison de trois pilules par jour. Une fois vide, la cassette est retournée en pharmacie pour un nouveau cycle.

"Toutes les variations sont possibles. Par exemple, on peut s'adapter à une personne qui doit prendre deux médicaments tous les jours sauf le samedi ou qui a trois prises tous les deux jours. On peut loger jusqu'à sept comprimés par alvéole (correspond à une prise, ndlr)", illustre Gérard Woudhouse.

Le patient est averti de l'heure des prises par un signal sonore. Il lui suffit alors d'appuyer sur le bouton pour déclencher la distribution des médicaments qui tombent dans le gobelet placé à l'avant de l'appareil.

En cas d'oubli, un aidant est informé et une intervention est déclenchée chez le patient afin de s'assurer "qu'il s'agit d'une simple erreur d'inattention et pas de quelque chose de plus grave". Toutes les interactions du patient avec le distributeur, la traçabilité et le suivi du traitement peuvent être enregistrés et consultés par le médecin ou l'aidant via une application numérique.

"Le patient n'a rien à faire. Nous avons placé les pharmaciens au cœur de la solution de façon à ce que le patient et son entourage soient totalement déchargés de la tâche. Nous les formons au préalable à l'utilisation du logiciel et du distributeur", poursuit l'entrepreneur.

Service en location

Commercialisé depuis mars 2019, l'équipement est loué aux patients à 1,50 euro par jour. Entièrement fabriqué en Occitanie, i-Donea est protégé par trois brevets. Il a nécessité près de quatre ans de R&D et a été testé par une dizaine de pharmaciens et patients.

Aujourd'hui, la startup ne dispose pas de clients payants en France. Afin d'accélérer sa commercialisation, elle cible donc les pharmacies, les structures d'aide à domicile, les structures de résidences seniors et les mutuelles et assureurs qui disposent de réseaux clients déjà développés auxquels elle peut proposer i-Donea. Son premier succès commercial, l'entreprise l'a obtenu à l'étranger. En effet, elle vient de conclure, cet été, un contrat avec un distributeur allemand afin de s'adresser aux marchés autrichien, allemand et suisse. Selon le pays, et le marché, la jeune pousse adopte une stratégie B2B ou B2C.

 "Nous avons une première distribution en cours en Allemagne où nous allons équiper 100 pharmacies qui proposeront i-Donea aux patients. Nous sommes en cours de discussion avec des partenaires en Norvège, en Irlande et au Royaume-Uni", annonce le concepteur de la machine.

Un million de chiffre d'affaires

Hébergée dans la pépinière d'entreprises Cap Bellissen, au sein de l'Ehpad de Foix, i-Meds Healthcare a deux actions de financement en cours. La première est un prêt d'innovation auprès de la Banque Populaire et la BPI qui peut s'élever jusqu'à 350 000 euros. La seconde est une ouverture de capital par laquelle l'entreprise souhaite obtenir entre 400 000 et 500 000 euros. Créée en 2015, la société fuxéenne vise un chiffre d'affaires de 400 000 euros pour l'année en cours. En 2020, elle a pour objectif d'atteindre la barre du million d'euros.

 "En terme d'utilisateurs, nous avons un objectif de 15 patients par pharmacie en sachant qu'il y a 19 000 à 20 000 pharmacies en France. Si l'on arrive à travailler avec 500 d'entre elles d'ici trois ans, ce serait idéal", confie Gérard Woudhouse.

Afin d'atteindre ses objectifs, la startup qui emploie pour l'instant quatre personnes souhaite renforcer ses effectifs avant la fin d'année avec six recrutements au sein des services : commercial, développement logiciel, communication et marketing, support logistique, administration des ventes et service après-vente.

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