Alsatis, ce champion français des télécoms qui doit pallier la faillite de Scopelec

Puissance toulousaine montante dans l'univers des télécoms et tout particulièrement de la 5G industrielle, Alsatis vient de taper dans l'oeil de l'Union européenne avec un projet d'installation d'un réseau 5G privé à l'échelle d'un territoire pour diverses applications, dont la prochaine Coupe du monde de rugby. Soutenue également par le gouvernement et collaborant avec des entités telles qu'Acome ou le CHU de Toulouse, la PME multiplie les contrats ces derniers mois. Son élan l'a même poussé à se porter candidate à la reprise partielle de sa « grande soeur » Scopelec, avant de revenir à la raison.
Avec la multiplication de ses projets de réseaux privés 5G, le Toulousain Alsatis apparaît comme une société promise à un bel avenir.
Avec la multiplication de ses projets de réseaux privés 5G, le Toulousain Alsatis apparaît comme une société promise à un bel avenir. (Crédits : Reuters)

C'est un nouveau coup de projecteur pour la PME toulousaine Alsatis, et tout particulièrement ses compétences en matière de réseau privé 5G. La société vient d'être retenue dans un nouveau programme de financement de l'Union européenne, le Connecting Europe Facility (CEF) Digital, qui vise à déployer des infrastructures 5G privées, sécurisées et durables de haute performance dans les entreprises ou à l'échelle d'un territoire.

Associée à Toulouse Métropole, Alsatis a donc été retenue avec son projet « Hi5 - High Connectivity » qui vise à déployer une telle technologie dans des zones clés comme l'IUT de Blagnac, les parkings de Tisséo, la zone Francazal, le MEETT, le Stadium, la Prairie des Filtres et le B612.

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« Nous allons apporter des services d'intérêts généraux dans des domaines comme la santé, l'éducation, la culture, l'innovation, la mobilité, etc. L'idée est d'apporter à la collectivité et à ses services un réseau de télécommunications privatif et sécurisé, déconnectés des réseaux mobiles, qui peut fonctionner par exemple en cas de crise », présente le directeur de l'innovation d'Alsatis, Pierre Druart.

L'ambition des deux partenaires est claire : tester cette technologie 5G en conditions réelles à l'occasion de la Coupe du Monde de rugby 2023, dont cinq matchs se dérouleront à Toulouse.

« Hormis ce cas d'usage sur lequel nous allons travailler en priorité, nous nous donnons une année avec la Métropole pour identifier les différents cas d'usage et définir les contours de cette technologie. Nous pouvons envisager une mise en service pour 2024 », détaille Pierre Druart. « Nous, Alsatis, sommes en charge du design de l'infrastructure technologique 5G, son déploiement et son exploitation. Mais l'idée n'est pas d'apporter un service grand public. Nous sommes là pour apporter des services à la collectivité », complète Antoine Roussel, le directeur général de la PME.

Désormais, Toulouse Métropole doit procéder à un marché public afin de se doter des infrastructures nécessaires au projet qui seront prochainement sous la responsabilité d'Alsatis. Au total, ce sont près de 4,5 millions d'euros qui vont être nécessaires à la naissance de ce réseau privé 5G toulousain, dont 400.000 euros seront investis par la PME.

« Constellation de data-centers » au programme ?

Néanmoins, celle-ci n'en est pas à son premier coup d'éclat sur le marché français des télécommunications. Début 2021, elle a fait partie des quatre premiers lauréats d'un appel à projets du gouvernement portant sur les applications industrielles de la 5G aux côtés de grands noms comme Airbus, grâce à un partenariat avec le CHU de Toulouse portant là aussi sur la création et l'installation d'un réseau 5G privé sur l'ensemble de l'établissement hospitalier.

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Alsatis doit également inaugurer dans les prochaines semaines un autre réseau 5G privé, dédié cette fois-ci à l'industriel français Acome, un fabricant de câbles et de composants de haute technicité pour les télécoms et l'automobile. La société toulousaine y a installé sa technologie pour couvrir une surface de 46 hectares dont 12 bâtiments couverts, contre un montant total évalué à 2,8 millions d'euros.

En l'espace de 18 mois, la PME qui emploie 80 personnes aujourd'hui dans ses locaux à Toulouse (15 recrutements réalisés en 2022) a cumulé près d'une quinzaine de projets R&D avec des partenaires, mêlant différents cas d'usage, mais tous avec l'apport de la technologie 5G développée par Alsatis.

« Actuellement, nous sommes quasiment au maximum de notre capacité d'investissement. L'idée est désormais de stabiliser et faire aboutir nos projets afin d'en récolter les fruits sur le plan commercial dès la fin de l'année 2023 puis de monter en puissance  », expose son directeur général.

Dans l'esprit d'Alsatis, l'idée est d'arriver avec un catalogue de solutions de télécommunications 5G et autres, matures, au plus tard en 2025. Néanmoins, la PME a encore d'autres projets en tête comme la création d'une « constellation de petits data-centers régionaux », de l'aveu même d'Antoine Roussel, pour héberger elle-même les données de ses clients.

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Focus sur le BtoB

Même avec une pause, de façade, dans la stratégie d'innovation d'Alsatis, 2023 s'annonce comme une année charnière pour la société. Cette dernière, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros en 2022, compte concentrer ses forces dans le BtoB. Un tel virage stratégique va causer à terme la vente de ses activités destinés aux particuliers (apport de solutions de télécommunications dans les zones blanches et mal desservies), auprès d'un partenaire qui sera capable d'assurer une continuité de service.

Pour appuyer cette volonté de se concentrer désormais auprès d'une cible professionnelle, Alsatis s'est également faite remarquer en se portant candidat à la reprise partielle de Scopelec, une Scop installée en Occitanie et sous-traitant d'Orange. « Nous étions intéressés par la division Usages et Services (dédiée à l'apport de solutions en télécommunications aux entreprises, ndlr). On voulait récupérer une partie des salariés (une trentaine sur 80, ndlr) et ses clients prestigieux », se remémore Antoine Roussel. Finalement, c'est son concurrent Foliateam qui a été retenu par le Tribunal de commerce de Lyon sur cette partie du périmètre de l'ancien partenaire d'Orange, aujourd'hui rayé de la carte.

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« Nous voulions sauver ce qu'il peut l'être, mais nous nous sommes retirés la veille de l'audience décisive car c'était finalement une opération trop grosse pour nous et elle nous aurait consommé trop de cash au point de, peut-être, nous fragiliser dans le futur. Puis...nous étions les gentils autour d'une mare dans laquelle se servaient des fauves, qui ne nous voulaient aucun mal », témoigne le directeur général.

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Il a tout de même été entendu le jour de l'audience, début décembre, et pour certains participants présents dans la salle ce jour-là, sa vision a marqué positivement les esprits. Au point que quelques salariés de Scopelec ont envoyé leur candidature à la PME dans l'espoir de l'intégrer à terme. Du côté des pouvoirs publics locaux, orphelins de Scopelec, on regarde également de plus près Alsatis qui apparaît désormais comme le dernier champion régional dans les télécommunications et tout particulièrement sur la 5G industrielle. La PME a même été approchée pour déposer un dossier sur les appels à projets de France 2030 portant sur le développement...de la technologie 6G. Économiquement, Alsatis remplacera difficilement Scopelec et ses 3.000 salariés, mais dans les esprits et sur le plan technologique, elle pourrait donc faire office d'héritier naturel.

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Commentaire 1
à écrit le 24/01/2023 à 16:15
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"palier la faillite de Scopelec " faudrait pas que Alsatis suive le même chemin car les déboires de scopelec sont quand même dus en grande partie au comportement des opérateurs téléphoniques qui s'arrogent tous les succès tout en acculant à la faill...

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