Toulouse sera-t-elle à trois heures de Paris au cours de l'année 2029 ? Après la promulgation de la loi LOM le 24 décembre dernier, c'est possible selon Jean-Louis Chauzy, le président du Ceser Occitanie et d'Eurosud Team, qui milite pour la réalisation des LGV Toulouse-Bordeaux et Montpellier-Perpignan. Pour rappel, à son article 4, la loi LOM permet au gouvernement de créer par ordonnance une société de financement dédiée à un projet d'infrastructures d'un montant supérieur à un milliard d'euros, et ce dans un délai de 24 mois. Soit un modèle similaire à celui du Grand Paris Express d'un montant de 35 milliards d'euros.
"La loi nous donne deux ans pour installer cette société de projet par ordonnance, c'est-à-dire au plus tard en décembre 2021, mais on peut le faire plus tôt. Une fois créée, nous pourrons alors démarrer les travaux en 2022 et il y a environ sept années incompressibles. Ainsi, on peut tenir les délais d'une mise en service à l'horizon 2029, d'après nos échanges avec ceux qui ont réalisé des chantiers similaires par le passé", explique Jean-Louis Chauzy, qui espère par ailleurs le lancement de l'enquête publique en 2020 pour Montpellier-Perpignan.
La nécessité d'une solidarité territoriale
Pour parvenir à respecter ce délai, les quatre collectivités locales concernées (les Régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, ainsi que les Métropoles de Bordeaux et Toulouse) doivent avancer groupées. C'est en tout cas la demande du dirigeant toulousain qui appelle à la solidarité des collectivités aquitaines, après que les collectivités d'Occitanie ont financé à hauteur de 308 millions d'euros la liaison LGV Bordeaux-Tours avec la promesse d'obtenir par la suite la LGV jusqu'à Toulouse.
"Il ne faut pas faire seulement Agen-Toulouse, il faut faire Bordeaux-Agen-Toulouse. Et pour ça, les collectivités doivent monter à quatre et non à deux pour porter cette société de projet et définir les nouvelles taxes aux entreprises en coopération avec l'État. Aujourd'hui, tout le monde a payé sa contribution pour l'acquisition du foncier, tout le monde est donc prêt à engager cette négociation lors d'une réunion interministérielle qui doit se tenir prochainement, après que celle du 17 décembre a été reportée en raison des grèves contre la réforme des retraites", explique-t-il.
Le Conseil régional de Nouvelle Aquitaine a effectivement approuvé, en assemblée plénière fin novembre 2019, sa contribution pour l'acquisition du foncier et pour le financement de certaines études approfondies à hauteur de 32 millions d'euros. Car, pour créer cette liaison Toulouse-Bordeaux en LGV, un aménagement au sud de Bordeaux est nécessaire.
L'Union Européenne financera en partie le chantier
Mais dans son ensemble, la LGV Toulouse-Bordeaux est estimée à sept milliards d'euros, "voire 7,5 milliards" pour Jean-Louis Chauzy. Si les collectivités concernées vont contribuer à la facture, 50 à 60 % du financement sera apporté par des taxes nouvelles aux entreprises (taxe sur les bureaux par exemple) afin de rembourser l'emprunt qui va être contracté sur 50 ans environ. L'État promet également d'apporter sa contribution, comme l'a assuré le ministre de l'Action et des Comptes Publics, Gérald Darmanin, lors d'une récente visite à Toulouse. Mais à hauteur de quel montant ?
"Si l'Europe met un milliard, l'État devra mettre autant. Dans le cadre du nouveau Fonds de mécanisme d'interconnexion européen (MIE, d'un montant de 41 milliards d'euros entre 2021 et 2027, ndlr), nous avons fait du lobbying en montant une mission à Bruxelles pour que la ligne LGV Toulouse-Bordeaux soit éligible à partir de janvier 2021 au MIE. Désormais, nous avons l'assurance que nous bénéficierons de ces fonds, cela a été approuvé par toutes les instances nécessaires à Bruxelles. Résultat, nous pourrions obtenir de la part de ce fonds jusqu'à 20% du montant total des travaux", annonce Valérie Cormier, la directrice générale Eurosud Team.
L'organisme est reparti de Bruxelles avec le même engagement pour la LGV Montpellier-Perpignan, qui elle, est estimée à 5,5 milliards d'euros.
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