Avec ses "supers" matériaux, le Toulousain Norimat veut séduire l'industrie

Fondée à Labège en 2016, Norimat est une startup toulousaine spécialisée dans la fabrication de matériaux haute performance par le procédé de frittage flash. Destinée à l'aéronautique, au luxe et à l'industrie, la technologie élaborée par Norimat réduit le temps de production et la perte de matière. En 2019, la société souhaite commencer l'industrialisation de son procédé grâce notamment à une levée de fonds de 2 millions d'euros.
Grâce à sa technologie, l'entreprise Norimat façonne des matériaux plus rapidement, moins chers et plus résistants.
Grâce à sa technologie, l'entreprise Norimat façonne des matériaux plus rapidement, moins chers et plus résistants. (Crédits : Norimat)

"À la base, je n'étais pas du tout formé pour gérer une entreprise". Et pourtant aujourd'hui, Romain Epherre est le co-fondateur et président de Norimat, une startup toulousaine spécialisée dans la fabrication de matériaux haute performance par le procédé de frittage flash (ou frittage Spark Plasma Sintering).

"J'ai fait une thèse en matériaux à Bordeaux, puis j'ai travaillé dans la recherche pendant six ans dont les trois dernières années au laboratoire de matériaux à Toulouse (le Cirimat, Centre Inter-universitaire de Recherche et d'Ingénierie des Matériaux, à l'université Paul Sabatier ) où ont été développées les technologies que nous valorisons maintenant dans le cadre de la société", raconte Romain Epherre.

Pour lancer leur startup, Romain Epherre et l'autre co-dirigeant, Yannick Beynet, ont intégré l'incubateur Nubbo (anciennement incubateur Midi-Pyrénées) en 2015 avant de fonder la société en 2016. Au cours de la même année, l'équipe suit la formation Challenge + de HEC, qui aide les détenteurs de brevets (actuellement, l'entreprise en exploite cinq) à la création au développement et à la gestion de startup.

En janvier 2017, la société s'installe dans les locaux du CEA Tech Occitanie pour accélérer sa R&D et son développement industriel avant de remporter en 2019 le Grand Prix de l'innovation de la Région Occitanie, grâce auquel elle a remporté 45 000 euros.

Chauffage rapide pour des pièces compactes

Des accompagnements divers qui ont permis à la jeune société de développer leur technologie du frittage flash. Un procédé inventé au Japon il y a trente ans, mais optimisé dans le laboratoire du Cirimat, important dans l'élaboration de matériaux de haute performance. Il consiste à chauffer plus rapidement (plus de 100°C par minute contre 5°C/minute pour les procédés classiques) une poudre (céramique, métallique, composite ou polymère) par des impulsions électriques de très fortes intensités, jusqu'à obtention d'une pièce compacte.

"La technologie consiste à l'utilisation d'un four qui a certaines spécificités et notamment celle de monter très vite en température. Elle nous permet de fabriquer directement des pièces aux cotes semi-fines en moins d'une heure, contre plusieurs jours d'habitude. Ces ébauches demandent très peu d'étapes de finition et cela donne un véritable avantage concurrentiel à nos clients", explique le dirigeant.

Dès lors, la technologie de frittage flash fait de l'ombre à des procédés tels que la fonderie. En effet, le temps total de conception et de production est désormais diminué par 4 et la perte de matière par 10. Des avantages qui attirent notamment les secteurs de l'aéronautique et du spatial, principaux clients de la société.

Clients issus de secteurs variés

En plus de séduire ces deux domaines phares, la startup compte parmi ses clients les secteurs de la défense, du luxe (horlogerie/joaillerie) et de l'industrie (la société ne souhaite pas communiquer le nom de ses acheteurs).

"À l'origine, nous sommes vraiment des spécialistes des matériaux et nous savions que notre procédé pouvait répondre à des problématiques qui étaient rencontrées dans d'autres secteurs. Si nous prenons l'exemple du luxe, ce sont des problématiques de création de nouveaux matériaux, notamment de céramiques colorées. Pour d'autres, comme l'industrie, ce sera la possibilité d'augmenter la résistance des matériaux".

Concernant le domaine de la défense, le procédé permet la construction d'éléments de blindage léger ou d'alléger les équipements sans faire défaut à la protection qu'ils procurent.

Grâce à une levée de fonds de 2 millions d'euros que le co-dirigeant espère "pouvoir boucler cette année", la société (qui comptabilise sept collaborateurs) devrait pouvoir industrialiser son process et investir sur des machines avant de mettre en production ses premiers produits. "Ils seront prêts et vendus dès la fin de l'année. Les premiers clients livrés seront dans le secteur du luxe", ajoute Romain Epherre. Pour ce faire, l'entreprise toulousaine devrait recruter "3 à 4 personnes sur des postes techniques, en production et qualité" pour atteindre ses objectifs.

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