
Airbus est loin d'être le seul à réfléchir à un avion décarboné. L'avionneur européen, qui avait présenté il y a tout juste un an trois concepts d'avions à hydrogène avec l'ambition de faire voler un modèle à l'horizon 2035, a entraîné dans son sillage toute une série de nouveaux acteurs. Le Sud-Ouest, patrie historique de l'aéronautique, concentre cette effervescence. "L'enthousiasme est à la hauteur du challenge immense que représente la décarbonation de l'aviation pour l'ensemble du secteur", salue le nouveau président d'Aerospace Valley, Bruno Darboux.
13 projets en Occitanie et plus de 6 millions d'euros d'aides
Le pôle de compétitivité organisait à Toulouse et Jonzac quelques jours en arrière le premier événement du nouveau cluster Maele dédié au verdissement de l'aviation légère. Lancée il y a moins d'un an, l'initiative a déjà permis d'identifier en Occitanie en Nouvelle-Aquitaine plus de 20 projets d'aéronefs verts et plus de 200 entreprises, représentant plus de 65 compétences et faisant appel à un large panel de technologies motrices (batteries, pile à combustible, hybride, thermique hydrogène), de configurations, de matériaux allégés, pour des capacités allant jusqu'à 19 places.
Plus spécifiquement en Occitanie, les deux premières vagues de l'appel à manifestation d'intérêt (AMI) lancé par le conseil régional ont permis de sélectionner 13 projets de démonstrateurs d'avions verts qui vont se partager plus de six millions d'euros d'aides. Parmi les lauréats, figurent notamment le démonstrateur biplace à hydrogène de la startup toulousaine Beyond Aero qui veut à terme fabriquer un avion d'affaires avec la même source d'énergie, un projet de train d'atterrissage tout-électrique pour l'avion régional électrique du constructeur Aura Aéro et conçu en partenariat avec Soben, ou encore un banc d'essai pour l'avion à décollage vertical d'Ascendance Flight Technologies.
"Nous sommes dans une dynamique absolument remarquable qui est alimentée par l'ensemble des acteurs du secteur aéronautique. D'abord, les entrepreneurs forcent le pas pour proposer des solutions et essayer de les faire aboutir au niveau des aéronefs. Ensuite, nos deux régions bénéficient d'un écosystème de scientifiques et de grands groupes qui nous permettent de savoir ce qui est raisonnable d'espérer, mais ce qu'il est inutile de rêver. Sur certains phénomènes de mode comme l'avion à hydrogène, cet encadrement évite de nous bercer d'illusions", estime Bruno Darboux.
Pour compléter cet écosystème, un nouvel institut de recherche dédié à l'aviation durable (Institute for sustainable aviation) va voir le jour à Toulouse avec l'ambition d'apporter une neutralité scientifique aux débats sur la transformation de la filière.
Trouver aussi des fonds privés
Par ailleurs, la troisième vague de l'AMI de la région Occitanie devrait être lancée fin 2021. "Plusieurs projets collaboratifs sont en effet d'ores et déjà en discussion, notamment pour des hélices silencieuses optimisées pour des aéronefs légers à propulsion électrique, des piles à combustibles de plusieurs dizaines de kW, une chaîne de stockage et distribution hydrogène embarquée à masse, volume et format optimisés, etc", précise le pôle de compétitivité.
Pour autant, les fonds publics ne suffiront pas à porter ces projets très ambitieux. "Il faut aussi arriver à mobiliser des financeurs privés. Quand on a l'ambition d'un avionneur, il faut des moyens industriels qui se chiffrent en centaines de millions d'euros", pointe Bruno Darboux. Cela passera par le soutien de grands groupes aéronautiques ou de fonds d'investissement.
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