Fonderie SAM (Aveyron) : l'ancien PDG prêt à éditer une seconde offre de reprise

L'ancien PDG de la fonderie SAM, aujourd'hui propriétaire d'une fonderie à Orléans, se dit prêt à déposer une offre de reprise pour le site aveyronnais. Avant l'été, Patrick Bellity avait déjà déposé une offre, sans convaincre les organes de la procédure, alors que plus de 350 emplois sont en jeu. Les détails.
Dans l'Aveyron, la fonderie SAM attend toujours son repreneur.
Dans l'Aveyron, la fonderie SAM attend toujours son repreneur. (Crédits : Pierrick Merlet)

C'est une mauvaise période qui prend des allures de feuilleton pour cette commune de 6.000 habitants dans l'Aveyron. À Decazeville, les semaines se suivent et se ressemblent, où les habitants de cette zone rurale suivent chaque nouvelle information concernant la fonderie SAM, l'un si ce n'est LE phare économique du secteur.

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Après une mobilisation fin octobre des salariés, avec le soutien des habitants, les 364 employés de cette fonderie spécialisée dans l'industrie automobile appellent une nouvelle fois au soutien de la population pour un grand rassemblement jeudi 4 novembre en fin de journée.

Néanmoins, malgré la pression population récente ou même de ces derniers, ce site industriel qui n'a que pour seul client le constructeur automobile Renault est toujours dans l'attente d'un repreneur pour éviter la liquidation le 19 novembre de la part du tribunal de commerce de Toulouse.

Mais une lueur d'espoir pourrait venir de la part de Patrick Bellity. Un nom loin d'être nouveau dans ce dossier social de la SAM. En plus d'être l'ancien PDG de ce site industriel jusqu'en 2016, il a surtout tenté de déposer une première offre de reprise avant l'été, rejetée par les instances de la procédure.

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Son attachement à l'usine l'a convaincu

Joint par La Tribune début septembre sur la tournure de ce dossier, il avait émis le souhait de "tourner la page", mais son attachement pour cette usine qu'il a dirigé semble avoir repris le dessus depuis.

"J'ai dû quitter à regret la direction de la SAM en juin 2016 après une très forte divergence de vision stratégique avec différents interlocuteurs dont l'actionnaire de l'époque. Je me suis effacé après plus de 18 ans à sa tête en espérant qu'une situation apaisée permettrait de donner de nouvelles perspectives à cette usine qui me tenait tant à cœur", témoigne Patrick Bellity dans un communiqué du jour.

L'entreprise qui s'appelait auparavant SAM Technologies, alors propriété du groupe français Arche, était déjà en proie à des difficultés au moment de son départ. Placée en redressement judiciaire, elle est alors vendue en décembre 2017 au groupe chinois Jinjiang. Géant de l'aluminium, numéro trois de son secteur en Chine, Jinjiang promettait un beau plan de relance de 18,5 millions d'euros qu'il n'a jamais tenu.

Bien que ces repreneurs aient été aujourd'hui écartés de la direction par les organes de la procédure, les potentiels candidats ne se bousculent pas pour venir à la rescousse de cette usine malgré les discours de femmes et hommes politiques appelant à la relation de l'activité industrielle en France. Pire, le tribunal de commerce qui avait laissé dans un premier temps jusqu'au 10 décembre pour trouver un repreneur, laisse désormais jusqu'à la mi-novembre aux acteurs du dossier pour trouver une solution et éviter ainsi la disparition de la fonderie. Une possibilité qui semble avoir touché Patrick Bellity, le poussant à communiquer sur ses intentions.

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"Un ultimatum est posé pour prononcer prochainement la liquidation de SAM. Je ne peux me résoudre à laisser la SAM disparaître sans l'en empêcher. Aussi, ai-je exprimé à l'Etat, la Région et Renault qui sont les partenaires obligés que j'étais de nouveau disponible afin d'étudier rapidement avec leurs concours la solution la plus adaptée au sauvetage de la SAM. Au moment où les consciences se sont enfin réveillées pour que la France se réindustrialise et reconquière sa souveraineté, le maintien de la SAM sur son territoire et son développement, constituent la meilleure réponse à ces deux piliers érigés en objectifs par le chef de l'État pour France 2030. Le temps n'est plus aux hésitations mais à l'action", déclare le dirigeant dans un communiqué.

Des arguments en sa faveur mais...

Sur le papier, il semble en tout cas cocher de nombreuses cases favorables à l'aboutissement d'une nouvelle offre. En plus de sa connaissance de l'entreprise, l'homme dispose d'une solide expérience dans la fonderie. Après son départ des terres aveyronnaises, Patrick Bellity et son groupe Alty ont pris la main sur la fonderie Sifa basée à Orléans (Loiret). "La fonderie aveyronnaise de la SAM est complémentaire de ma fonderie à Orléans. Je suis bien placé pour connaître son potentiel", avait-il justifié en avril dernier dans les colonnes de La Tribune. Si la première est spécialisée sur la fonderie sous pression, la seconde est quant à elle positionnée sur la fonderie gravité. Par ailleurs, les représentants du personnel sont favorables à l'arrivée de leur ancien patron à la tête de l'usine, lui qui promet la reprise de 260 personnes dans son projet industriel.

Seul bémol à son tableau, le rejet de sa première offre de reprise après audit d'un cabinet indépendant, jugeant son offre fragile sur le plan financier, ce qu'il a toujours contesté et qu'il réfute encore.

"Depuis cinq années déjà, j'ai repris la SIFA à Orléans et les forces conjointes de la SAM et SIFA auraient constitué un dispositif industriel complémentaire et très technique. Ce projet n'a malheureusement pas été financé par les acteurs qui avaient pris des engagements lors des audits préliminaires. Il a été préféré un fondeur espagnol au projet très différent qui n'a pas donné suite à ce jour", ajoute-t-il dans son communiqué.

Ces dernières semaines, Renault a effectivement privilégié des négociations avec le groupe CIE pour trouver une solution, sans que pour le moment cela ne se transforme en une offre concrète du groupe espagnol.

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