Toujours sans repreneur, les salariés de la fonderie SAM vont débrayer

Le tribunal de commerce de Toulouse ne laisse désormais plus que jusqu'au 19 novembre aux acteurs du dossier (Renault en particulier) pour trouver un repreneur à la fonderie SAM, basée dans l'Aveyron. Devant l'urgence de la situation, syndicats et salariés appellent la population locale à se mobiliser mardi 26 octobre.
Installée dans l'Aveyron, la fonderie SAM vit-elle ses dernières semaines ?
Installée dans l'Aveyron, la fonderie SAM vit-elle ses dernières semaines ? (Crédits : Pierrick Merlet)

Certains diront peut-être que c'est la mobilisation de la dernière chance pour la fonderie SAM... À l'appel de la CGT notamment, habitants et élus locaux sont invités à se rassembler à proximité de ce site industriel, mardi 26 octobre, avant une opération "usine morte" en fin de journée au cours de laquelle les 350 salariés doivent bloquer l'usine, en plus de ralentir la circulation sur certains axes routiers du secteur Viviez-Decazeville (Aveyron).

Cette mobilisation soudaine a été motivée suite à la dernière audience du tribunal de commerce de Toulouse, vendredi 19 octobre. En redressement puis en liquidation judiciaire avec poursuite d'activité depuis bientôt deux ans, le site industriel spécialisé dans la production de pièces en aluminium pour l'industrie automobile est dans l'attente d'un repreneur.

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Mais faute de potentiels repreneurs officiels, l'audience a été écourtée. Pire, le tribunal de commerce laisse désormais jusqu'au 19 novembre pour recevoir au moins une lettre d'intention ferme de reprise du site industriel et non plus jusqu'au 10 décembre comme initialement prévu, sans quoi il prononcera la liquidation pure et simple du site.

"On ne comprend pas cette date du 19 novembre, trois semaines avant l'échéance du 10 décembre. Car cela prive de trois semaines de plus pour trouver un repreneur. Cette date ne s'explique que parce que ces trois semaines correspondent au délai de procédure de liquidation", réagit Sébastien Lallier, le délégué syndical CGT au sein de la fonderie SAM, basée dans l'Aveyron.

Une lettre mordante

Bien que pour le moments les représentants du personnel, joints par La Tribune, ne souhaitent pas davantage s'exprimer, en coulisses la donne est différente. Pas plus tard que mi-octobre, les ministres de l'Économie - Bruno Le Maire - et déléguée à l'Industrie, - Agnès Pannier-Runacher - ont ordonné à Renault (par courrier) de trouver un repreneur rapidement.

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Bien que cordial, le ton de ce courrier - que La Tribune a pu consulter - se révèle surtout assez offensif à l'égard des dirigeants du constructeur français, dont l'État est d'ailleurs au capital à hauteur d'environ 15%. Le lien entre le constructeur au losange et la fonderie aveyronnaise ? Le premier est l'unique client du second et c'est grâce au premier que le second a obtenu la poursuite d'activité auprès du tribunal de commerce de Toulouse, un mois plus tôt. Le constructeur français finance chaque mois les pertes d'exploitation du site estimées à un million d'euros mensuel. De plus, Renault s'est engagé à aider le prochain repreneur de son fournisseur en apportant plusieurs millions d'euros de commandes supplémentaires pour le site aveyronnais. Si le gouvernement salue ces efforts de l'industriel automobile, le duo de ministres ne manque pas de rappeler le groupe à ses engagements.

"Renault s'est engagé, dans le cadre du plan de soutien à la filière automobile en 2020, comme dans le comité stratégique de filière en 2021, à conforter sa production industrielle en France, ainsi qu'à être exemplaire dans la relation donneur d'ordre - sous-traitants", écrivent notamment les deux ministres.

Trois candidats ces derniers mois mais toujours rien

À l'occasion d'un déplacement à Toulouse, mardi 19 octobre, le président du conseil d'administration de Renault, Jean-Dominique Senard, s'est permis de répondre à cette initiative.

"Nous n'avions pas besoin d'une lettre pour nous soucier de l'avenir de SAM. Cette entreprise a durement subi les conséquences du changement de marché sur le diesel (...) Nous avons aidé massivement cette société à hauteur de 47 millions d'euros ces derniers années afin de leur apporter une activité suffisante. Bien sûr, nous ferons tout ce que nous pourrons pour ramener les repreneurs potentiels à la table des négociations et mobiliserons nos meilleurs efforts", a-t-il confié dans une interview accordée à La Dépêche du Midi lors de sa visite en région Occitanie.

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Aux dernières nouvelles, le constructeur au losange négociait avec le groupe espagnol CIE, malgré une première offre en début d'année 2021 qui avait causé la colère des salariés de par ses caractéristiques (seulement 150 emplois sauvés notamment). Par ailleurs, Sifa Technologies, filiale du groupe Alty, et le groupe lyonnais Trinquier, deux fonderies spécialistes de l'aluminium ont tenté de déposer des offres à la mi-juillet pour sauver le site industriel. Seulement, ils ont été jugés fragiles sur le plan financier après audit d'un cabinet indépendant mandaté par Bercy et les organes de la procédure. Pourraient-ils revenir dans la partie devant l'urgence de la situation, et avec un soutien financier nouveau de la part des collectivités locales et de l'État ? Il ne reste plus que trois semaines pour le savoir.

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Commentaire 1
à écrit le 26/10/2021 à 16:27
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c'est dommage, il y a encore du boulot dans la fonderie alu, et puis ces moteurs électriques de voitures en utilisent forcément, il faudra penser à relocaliser.

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